EXTRAORDINAIRE ET CREATION

L’extraordinaire ne prend son sens qu’à travers la perception que nous en avons.

L’extraordinaire est donc davantage un singulier qu’un universel : c’est ce que chacun de nous perçoit d’un événement, d’un lieu... Ce qui est extraordinaire, c’est la manière dont le regard que nous portons sur le réel transforme notre conscience du réel pour le rendre extraordinaire

De nombreux scientifiques, artistes ont, eux, choisi d’introduire la banalité de la vie quotidienne dans leurs raisonnements ou encore leurs œuvres artistiques afin de montrer une présence de l’émerveillement au quotidien.

Ce corpus, composé de quatre documents défini cet aspect : un extrait d’article du magazine Sciences Humaines de décembre 2010 « Nous sommes tous des créateurs » de Jean-François Dortier et l’article d’Aurélie Caillard « La part de mystère dans les mathématiques » paru en juillet 2013 mettent principalement en avant l’idée de simulation mentale / pensée créative. Plus brièvement, le texte de Vitruve de 15 av. J.-C., De architectura, partage cette idée de pensée créative prenant place dans une situation banale. Enfin, les architectes polonais Szotynski et Zaleski nous partagent leur avis de casser les habitudes routinières avec leurs choix architecturaux de La Maison tordue.

Par cela, nous pouvons nous demander : en quoi l’extraordinaire est-il capable de création et d’émerveillement ?

Si l’extraordinaire est tout d’abord dissimulé dans le quotidien, nous verrons qu’il nous invite à dépasser les apparences grâce à l’imagination créatrice. Enfin, nous montrerons que ce corpus invite à considérer le banal, grâce à l’extraordinaire, comme solution aux questionnements.

Premièrement, la création et l’émerveillement se trouvent cachés dans le quotidien.

Contrairement à ce que l’on peut penser, ce qui vaut la peine d’être mis en avant ne doit pas forcément être une situation ou un lieu extraordinaire. L’ordinaire demande un travail sur le réel menant à s’ouvrir sur le monde, mais aussi à métamorphoser l’ordinaire afin de retrouver l’extraordinaire des choses. Puiser dans l’ordinaire son contenu extraordinaire, voilà peut-être le but ultime de la création : il habille d’artifices le banal entraînant l’imagination ou l’émerveillement comme l’exprime La Maison tordue de Pologne, construite en 2004 par les architectes Szotynski et Zaleski. Cette structure prend place dans un espace banal, c’est-à-dire une rue passante et se trouve avoir une fonction banale comme abriter un centre commercial et des locaux/bureaux. Son architecture, quant à elle, permet aux passants de casser la routine de leur passage dans cette rue commune.

Aussi, nous avons besoin de l’ordinaire pour fonder notre croyance dans le merveilleux. Il existe ainsi un dialogue entre imagination et expérience. Vitruve, dans son œuvre De architectura, présente le cas du célèbre mathématicien, physicien et ingénieur antique : Archimède. Cherchant une solution au problème de Hiéron, celle-ci s’est manifestée lors d’une scène du quotidien : le bain. L’extraordinaire se projette dans l’environnement.

L’imagination nous réfère au monde fantasmé, rêvé… : il fait surgir des réalités hors du commun aussi bien que des sensations nouvelles. Comme le dit Jean-François Dortier : « Imaginer, c’est s’évader en pensées ». En soi, l’imaginaire est au service de la création. L’exemple des contes nous montre cela dans son ensemble. L‘imaginaire, est, en effet, indissociable de l’ordinaire : en mettant en scène des passions et des fantasmes, ce sont eux qui, paradoxalement, rendent le monde plus pertinent / intéressant. Les contes montrent ainsi les multiples facettes de la nature humaine. Il y a aussi dans l’extraordinaire et la création, une esthétique, un caractère spectaculaire de l’objet qu’il donne à voir. La Maison tordue se trouve dans cette optique. La première impression que donne cette structure est celle d’une peinture, d’une maison sortie tout droit d’un dessin animé ou bien de l’imaginaire de Tim Burton par son côté disproportionné et pousse ainsi à se questionner sur sa nature. L’imaginaire est un mystère à déchiffrer et permet aux hommes de s’ouvrir aux « énigmes » du monde.