Le Mariage de Figaro, Acte V, scène 7 de Beaumarchais
Commentaire de texte : Le Mariage de Figaro, Acte V, scène 7 de Beaumarchais. Rechercher de 53 000+ Dissertation Gratuites et MémoiresPar apollinead • 3 Juin 2023 • Commentaire de texte • 1 826 Mots (8 Pages) • 1 983 Vues
Beaumarchais est un dramaturge français du XVIII ème siècle. Il est influencé par Diderot, mais aussi par Voltaire pour son entrain dénonciateur. Beaumarchais est l’un des précurseurs du mouvement littéraire des Lumières. Il fait de son théâtre une satire de la société. A travers Le Mariage de Figaro, Beaumarchais dénonce les inégalités sociales et les privilèges ce qui lui vaut d’être censuré plusieurs fois.
Le Mariage de Figaro est une comédie en cinq actes, écrite en 1778. Elle fait partie d’une trilogie théâtrale avec Le Barbier de Séville et La Mère coupable, dont elle est le deuxième volet. Dans l’acte V, scène 7 de cette comédie, il fait nuit et le Comte arrive à un rendez-secret avec Suzanne, qui est en réalité la Comtesse, sa femme qui s’est faite passée pour sa camériste. Le Comte tombe dans le piège. Pendant ce temps, Suzanne et Figaro, cachés, observent la scène dont ils sont spectateurs. Figaro, n’étant pas au courant du stratagème de la Comtesse et de Suzanne, pense avoir été trompé.
Ainsi, en quoi cette scène d’amour illustre-t-elle une comédie d’intrigue mais aussi une comédie satirique de la société de la fin du XVIIIe siècle ?
Tout d’abord, cet extrait est une scène de déclaration d’amour. Ensuite, celle-ci illustre une comédie d’intrigue. Enfin, elle illustre aussi une comédie satyrique de la fin du XVIIIe siècle.
A travers cette scène, Beaumarchais dépeint une déclaration d’amour. Ainsi, l’amour est au centre de l’intrigue et de la scène, avec notamment le champ lexical de l’amour présent tout au long de la scène avec « amour » (l-24, 25, 40 et 55), mais aussi « baiser » (l-1 et 16), « cœur » (l-25 et 39), « plaisir » (l-25), « maîtresse » (l-52), « noce » (l-61) et « bonheur » (l-36), mais aussi avec les nombreuses utilisations et répétitions du verbe « aimer » durant la scène.
D’abord, on discerne l’amour et le plaisir charnel dans cette scène. En effet, le comte désire Suzanne. Le champ lexical du corps de la femme, rond et potelé, utilisé dans les propos du comte nous le confirme, avec « peau fine et douce » (l-20), « main aussi belle » (l-21), « bras ferme et rondelet » et « jolis doigts plein de grâce et d’espièglerie » (l-23). Le comte n’utilise que des adjectifs mélioratifs pour qualifier Suzanne « beauté » (l-30), « jolis » (l-23), « grâce » (l-23), « charme » (l-33) et « belle »(-l-21). Ainsi, le comte comble de compliments la comtesse qu’il prend pour Suzanne afin de la séduire. Cela crée un comique de situation, car en plus demettre en exergue une séduction ridicule, le comte est trompé et compare celle qu’il a devant lui, à elle même. On constate que son amour pour Suzanne est un amour lié au plaisir charnel , puisque le comte décrit « Suzanne » que physiquement. Ce qui l’attire chez elle, c’est son corps et non sa personnalité. Le comte ajoute que les femmes lui doivent tout, que c’est la nature de l’homme aux lignes 42 et 45 : « Changerons-nous […] est de nous retenir : on l’oublie trop.
En outre, face au l’amour-plaisir charnel qu’éprouve le comte pour Suzanne, s’oppose l’amour- raison, long et routinier que le comte ressent à l’égard de la comtesse. A la ligne 25, le comte expose les différences de ces deux amours : « L’amour n’est que le roman du cœur » qui s’oppose à « c’est le plaisir qui en est l’histoire ». De ce fait, on comprend que « l’hymen si respectable » l-28 qu’il mène avec la comtesse, cette « uniformité » l-32 manque de « piquant » l-32. Selon lui, l’amour du coeur, l’amour raison est un amour routinier, long et lent qui doit rester inchangé, contrairement à l’amour charnel, qui est le plaisir, le plaisir d’une histoire au sein d’un roman. L’amour qu’il a envers la comtesse est rassasié, il a « trouver la satiété, où l’on recherchait le bonheur » l-36. L’anaphore à la ligne 34 : « elles nous aiment, nous aiment! (quand elles nous aiment) » illustre la répétition, la routine, la longueur mais aussi la langueur de leur relation. De plus, les assonances en « on » et en « am » soutiennent cette impression de lenteur, de langueur et de routine : « Nos femmes croient tout accomplir en nous aimant : cela dit une fois, elles nous aiment (quand elles nous aiment) et sont si complaisantes, et si constamment obligeantes, et toujours et sans relâche, qu’on est tout surpris ».Par conséquent, on comprend que le comte à l’impression qu’il n’y a plus de spontanéité, de surprise dans leur couple. Il est rassasié de cette amour platonique qu’il entretient avec la comtesse.
Cette scène de déclaration d’amour est l’illustration d’une comédie d’intrigue qui laisse place aux complots et aux stratagèmes.
La récente déclaration d’amour du comte envers Suzanne a donné lieu à un stratagème. La comtesse et Suzanne ont donné rendez-vous au comte en échangeant leurs rôles. La comtesse est donc déguisée en Suzanne et se fait passer pour elle auprès du comte « imitant le parler de Suzanne » (l-13) et « de la voix de Suzanne » (l-24), pendant que Suzanne est témoin de cette scène, cachée. Le nom « croyant » (l-2) et le verbe conjugué « croit » (l-2) montre bien que le comte est dupé. En outre, les didascalies « à la Comtesse, qu’il prend pour Suzanne » (l-8) et « prend la main de sa femme » (l-20 et 50), montre bien que le comte est tombé dans le piège des deux femmes. Cette duperie rend la situation comique car le comte ne pense pas s’adresser à sa propre femme. Il compare les mains de la comtesse, qu’il prend pour celles de Suzanne, à celle de la comtesse : « A-t-elle ce bras ferme et rondelet ? Ces jolis doigts pleins de grâce et d’espièglerie ? (l-23) ce qui rend la situation encore plus comique. Les réactions et les émotions de Suzanne, lors de cette scène, sont alors à l’image de celles des spectateurs, qui trouvent cette scène très comique « riant tout haut de l’autre côté — Ah!ah!ah!ah ! » (l-7). Mais contrairement à Suzanne, Figaro n’y voit rien de comique. En effet, tout comme le comte, Figaro est trompé et est victime du stratagème des deux femmes, puisqu’il croit que la femme qui ce trouve auprès du comte est réellement Suzanne. Cependant, son mécontentement participe aussi au comique de la situation, notamment au moment où il reçoit le soufflet du comte avec l’interjection « Ah ! » (l-4), mais aussi avec « Coquine ! » (l-18) et la succession des « Ni moi. » aux lignes 44 à 49, qui sonne comme un écho. En outre, pour se venger, Figaro met lui aussi en place un stratagème : il décide de séparer et de faire fuir le comte et la comtesse (Suzanne) en prétendant que quelqu’un arrive « Passer! on vient exprès. » (l-67). Au-delà, de ces stratagèmes un autre stratagème est mis en place par Beaumarchais.
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