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Les animaux malades de la peste, Jean de la Fontaine, livre VII, 1678

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Par   •  15 Mars 2017  •  Fiche  •  2 050 Mots (9 Pages)  •  1 463 Vues

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Les Animaux malades de la Peste , Jean de la Fontaine, livre VII, 1678:

Introduction :

Jean de la Fontaine est un grand écrivain Français du XVIIe siècle célèbre pour ses fables inspirées de celles d’auteurs de l’Antiquité. Elles visaient notamment à critiquer la société de son époque en dénonçant les vices des hommes appartenant principalement à la Cour, tout en utilisant des animaux pour éviter la censure mais aussi pour plaire car ses œuvres étaient dédiées au dauphin dont il était le précepteur. Ce principe de plaire et d’instruire est caractéristique du classicisme auquel appartenait La Fontaine. Le texte qui nous est proposé est intitulé « Les animaux malades de la Peste » et a été écrit en 1678. Comme ‘l’indique son titre, ce récit traite des conséquences mortelles de la Peste, une grave maladie qui se propageait en France à cette époque ainsi que des solutions possibles pouvant mettre fin à cette épidémie. Cependant, il serait intéressant d’étudier en quoi le récit animalier sert une violente satire de la cour.                                                                                                Il conviendra pour ce faire d’étudier dans un premier temps les éléments qui font de ce récit une histoire plaisante et habilement menée. Puis nous verrons dans un second temps la dimension satirique et engagée de cette fable.

  1. Une histoire plaisante, habilement menée

  • L’histoire est plaisante, vive et habilement menée
  1. Une écriture rythmée
  1. Une certaine musicalité crée par plusieurs types d’alternances
  • Alternance octosyllabes/alexandrins (V18/19)

-cette alternance dans les vers choisis puis utilisés par le fabuliste crée une certaine musicalité celle ci est renforcée par la présence de rimes qui sont elles aussi alternées. On retrouve aussi bien des rime croisées (ABBA) v 3-4-5-6 que des rimes embrassées (ABAB) v 49-50-51-52. L’ensemble de ces procédés stylistiques propres à la poésie et à la fable permettent de créer un rythme, empêchant lors le lecteur de s’ennuyer.

  1. Un récit vif.

-alternance dialogue/récit visible notamment par la présence de guillemets et de verbes introducteurs: les 15 premiers vers : récits narratif puis paroles rapportées directement V 15 à 43, puis narration à nouveau jusqu’au 49, puis paroles rapportées directement v49 à 54 et enfin discours narratif jusqu’à la fin.

-Une nouvelle forme d’alternance donnant du rythme au récit. Un cadence perpétuelle, répétée jusqu’à la fin. Le lecteur ne s’ennuie pas et reste captivée jusqu’au bout par cette histoire qui est d’autant plus vive que le discours rapporté est très rythmé en lui même. En effet, il présente une ponctuation forte avec des ? et des ! v27-31-32, celle-ci renvoyant aux différents sentiments des personnages. Ce sentiment est renforcé par l’aternance de registre tragique puis comique et enfin ironique.

  1. Le monde représenté est imaginaire
  1. Une société invraisemblable
  • personnification animale v15 « Le lion tint conseil et dit : »
  • Il est impossible dans notre monde qu’un lion ou que n’importe autre animal parle et encore qu’il tienne conseil. Ces fonctions sont attribuées aux hommes. Ces animaux sont donc personnifiés. Ces derniers vivent dans une société dans laquelle ils discutent, débâtent lors de conseils et dans laquelle chaque membre tient une certaine place. En effet, le lion est un roi v34 « sire ». Cette société imaginaire est donc organisée et même hiérarchisée puisque certains occupent des responsabilités plus importantes que d’autres.
  1. références à la mythologie
  • « L’Achéron » V5,
  • -Il s’agit d’un fleuve qui borde les enfers dans les croyances des polythéistes grecs et romains de l’antiquité. Celui-ci fait référence à la mythologie que le lecteur de l’époque connaît bien puisque, faisait partie de la cour, il a reçu une bonne éducation lors de laquelle il a du apprendre les œuvres du poète Homère dans lesquelles la mythologie est largement décrite.  L’auteur se repose donc sur des références connues de tous synonyme de merveilleux et d’imaginaire.
  1. Un monde irréel

-Personnification de la peste v1 à 6 : « un mal qui répand la terreur », « capable d’enrichir en un jour l’Achéron, faisait aux animaux la guerre ».

- Ainsi, l’auteur attribue à une maladie des fonctions dont seuls les hommes sont habituellement dotés comme faire la guerre. La Peste semble donc être une force incontrôlable, doté d’une intelligence lui permettant d’écraser tout sur son passage.  Cette maladie semble alors plus forte que tout, insurmontable, elle est un personnage à part entière de l’histoire au même titre qu’un animal.

- Cependant, il est passible de lire cette fable différemment et de se rendre alors conte qu’elle est porteuse d’un message didactique. En effet, Au-delà d’une lecture superficielle, La Fontaine va plus loin et cache une critique virulente de la société de son temps

  1. Un témoignage satirique :

- Lors d’une lecture plus approfondie, il semble évident que cette fable n’est pas simplement un récit plaisant mais cache également une satire de la société de l’époque de son auteur.

A) Différentes stratégies argumentatives par statuts sociaux multiples

1.  La figure du roi, le lion

- « mes chers amis » v15, déterminant possessif –mes accompagné d’un adjectif mélioratif.  

- Ainsi, le roi se met au même niveau que ces sujets, les autres animaux. Il montra alors avec un ton familier qu’il fait partie du groupe au même titre qu’un autre il est une victime qui souhaite trouver une solution. Ce sentiment est renforcé par l’utilisation très fréquente du pronom personnel de la première personne du pluriel « nous » v18-21-23 qui reflètent la volonté du roi de persuader ces sujets, en les amadouant et en se servant de leurs sentiments, qu’il existe une certaine égalité. Il se place en victime. Cependant, il est évident qu’il s’agit uniquement d’une stratégie argumentative. En effet, le roi parle beaucoup plus que l’âne qui est donc moins convainquant. Cette notion d’égalité est donc complètement fictive.

2. Le figure du paysan, l’âne

-En réalité la situation présentée est inégalitaire et injuste. Le lion bénéficie d’une formation de la rhétorique et connaît l’art du discours. Il est donc plus apte à rallier les autres animaux à sa cause. L’âne, quant à lui, pauvre paysan, allégorie du tiers état, ne bénéficie pas de la même maîtrise de la rhétorique et tombe dans le piège du roi puisqu’il est honnête. Trop naïf, il porte une confiance aveugle en les propos du lion et ne remet pas en question la justesse de la cour.  Il se dénonce alors immédiatement , en pensant que els autres suivront, ce qui n’arrivera pas. Le plus faible d’esprit est alors le plus faible socialement.

  1. Une fable ironique

  1. La critique d’un roi cruel
  • hyperbole v 34 « Vous êtes trop bon roi » Hyperbole, figure d’exagération visant à déformer la réalité pour en faire ressortir un contraste.
  • Il s’agit ici d’une hyperbole ironique, c’est à dire qui exprime le contraire de ce que souhaite signifier l’auteur. Ainsi, le renard flatte le roi, qu’il représente comme bon alors que celui-ci est cruel et sans pitié. C’est pourquoi l’animal le représentant est un lion, un prédateur par opposition à l’âne crédule et naïf. Cette hyperbole fait donc ressorti la cruauté du roi qui est tout sauf bon. Ce sentiment est renforcé par les adverbes d’intensité « trop » v 34-35 et « beaucoup » V38 répétés à plusieurs reprises. Ces derniers sont en réalité des marqueurs de l’ironie permettant de révéler au lecteur l’hypocrisie du renard. Ce compliment est donc exagéré à un tel point qu’il n’est plus crédible.
  • De plus, bien que le roi semble courageux étant donnée qu’il se dénonce en premier, tout semblant de générosité est altéré par des oppositions marquées par « mais » v30v ainsi qu’une condition au même vers « s’il le faut »
  • Le roi n’est donc en aucun généreux mais simplement calculateur et cruel. Il sait très bien qu’il est protégé par son titre. La fontaine dénonce donc ici la monarchie absolue.
  1. La critique des courtisans
  • l’antithèse aux vers 47 et 58 entre le terme « querelleurs » et le groupe adjectival « petits saints » qui désignent tous deux les membres de la cours.
  • Ce rapprochement de deux termes opposés ou même contradictoires met en relief un antagonisme. Ici, la contradiction réside entre la façade des courtisans qui semblent bien élevés, de bonne famille mais qui sont en réalité des opportunistes prêts à tout pour se faire bien voir auprès du roi. Il existe donc un aspect caché négatif de ces gens là. Ce sentiment est renforcé par l’euphémisme v 44 « les moins pardonnables offenses » employer pour désigner des crimes.  Il existe donc un écart conséquent entre la réalité qui peut être très cruelle et la manière dont elle est désignée, de manière très atténuée, la faisant alors ressembler à un mensonge.

3.  L’ironie dans la morale

-v60 : « Manger l’herbe d’autrui ! Quel crime abominable ! » autre antithèse + hyperbole

-Manger l’herbe de quelqu’un n’est pas en réalité un crime et encore moins un crime abominable. Il s’agit donc d’une exagération renforcée par les deux points d’exclamations. Le comportement suscité par ce qui est qualifié de crime est donc disproportionné. Il s’agit non seulement d’une exagération mais aussi d’une antithèse car ils ‘agit de l’opposé d’un crime. Il réside donc là une dénonciation de l’injustice e la Cour. Le traitement de l’âne est donc disproportionné et même complètement inapproprié. Ce sentiment est renforcé par une énumération de termes hyperboliques v 58 : « ce pelé, ce galeux » Il y a donc encore une fois une exagération extrême du comportement de l’âne par les membres de la cour.

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