Lettres portugaises

Je ne sais pas pourquoi je t'écris, je vois seulement que tu auras seulement pitié de moi et je ne veux pas de ta pitié ; j'ai bien du dépit envers moi même quand je fais réflexion sur tout ce que je t'ai sacrifié : j'ai perdu

ma réputation ; je me suis exposé à ton ingratitude qui me parait le plus grand des malheurs. Je sens bien que j'ai un funeste plaisir d'avoir hasardé ma vie et mon honneur, mais tout ce que j'ai de plus précieux ne devrait-il pas être à ta disposition ? Il me semble même que je suis mécontente ni de mes douleurs ni de l'excès de mon amour. Je ressens vivement la fausseté de ce sentiment et je reconnais au moment même ou je t'écris que j'aime mieux être malheureuse en t'aimant que de ne t'avoir jamais connu. Je te parle trop de l'état insupportable dans lequel je suis, cependant je te remercie du désespoir que tu me causes, je déteste l'ennuie dans lequel j'ai vécu avant de te connaitre. Je t'ai aimé, je t’aime et personne au monde ne t'aimera aussi fort que moi.

Je ne sais pas pourquoi je t'écris, je vois seulement que tu auras seulement pitié de moi et je ne veux pas de ta pitié ; j'ai bien du dépit envers moi même quand je fais réflexion sur tout ce que je t'ai sacrifié : j'ai perdu

ma réputation ; je me suis exposé à ton ingratitude qui me parait le plus grand des malheurs. Je sens bien que j'ai un funeste plaisir d'avoir hasardé ma vie et mon honneur, mais tout ce que j'ai de plus précieux ne devrait-il pas être à ta disposition ? Il me semble même que je suis mécontente ni de mes douleurs ni de l'excès de mon amour. Je ressens vivement la fausseté de ce sentiment et je reconnais au moment même ou je t'écris que j'aime mieux être malheureuse en t'aimant que de ne t'avoir jamais connu. Je te parle trop de l'état insupportable dans lequel je suis, cependant je te remercie du désespoir que tu me causes, je déteste l'ennuie dans lequel j'ai vécu avant de te connaitre. Je t'ai aimé, je t’aime et personne au monde ne t'aimera aussi fort que moi.