Montaigne, Les Essais « Une dangereuse invention » 1580
Commentaire de texte : Montaigne, Les Essais « Une dangereuse invention » 1580. Rechercher de 53 000+ Dissertation Gratuites et MémoiresPar elisa03021998 • 1 Janvier 2016 • Commentaire de texte • 1 537 Mots (7 Pages) • 1 462 Vues
Montaigne, Les Essais « Une dangereuse invention » 1580
Introduction :
- Présentation de Montaigne : grande figure humaniste née le 28 février 1533 à Bordeaux, à 6ans après avoir reçu les enseignements d’un précepteur allemand qui ne lui parle qu’en latin il entre au collège, il obtient son bac et est magistrat à 21ans après avoir fait des études de droit, deux évènements l’ont incité à écrire ses essais : le chagrin de la mort de son père ainsi que celui de son ami La Boétie et l’envie de se faire connaître, il se retire chez lui pour écrire mais souffre de calculs rénaux et part en voyage, pendant ce temps il est élu maire de Bordeaux il refuse d’abord puis accepte convaincu par le roi, c’est un catholique tolérant, c’est un auteur qui s’implique dans les sujets de société afin de la faire évoluer, alors que Montaigne travaillait encore une nouvelle édition enrichie des essais il meurt le 13 septembre 1592 à l’âge de 59ans.
- Présentation du texte : courant littéraire → humanisme (l’homme est placé au centre des préoccupations), type de texte → discours argumentatif, registre → polémique, genre → essai. Dans cet extrait Montaigne dénonce la torture, pratique légale et banale par la justice de son temps pour instruire un procès. Il ne peut imposer une leçon au lecteur mais il nous invite à découvrir ses observations et ses réflexions.
- Présentation Essai : en littérature → œuvre de réflexion portant sur les sujets les plus divers, le terme « essai » vient du latin exaguim signifiant un poids ou un appareil de mesure, genre dans lequel l’auteur cherche à peser / examiner / mettre à l’épreuve du jugement ses idées, c’est une pensée non achevée issue d’une prise de parole assumée par l’auteur, Montaigne est le fondateur, il complète les chapitres déjà rédigés au fur et à mesure que sa pensée évolue, c’est pour cela qu’il existe trois dates de publication : 1582,1587 et 1588.
Problématique :
Comment Montaigne dénonce-t-il la torture dans ce texte ? ou En quoi ce texte est-il représentatif de l’humanisme de Montaigne ?
I) L’exercice de l’esprit critique :
Dans cet extrait, Montaigne examine attentivement les faits avant de porter un jugement ou de faire son choix, c’est donc pour cela que l’on peut affirmer qu’il exerce un esprit critique.
1) La remise en cause de l’opinion publique :
- Démarche délibérative (= capacité à juger personnellement) : ligne 22 « dit-on »
- Utilisation de la conjonction « mais » ligne 22 pour introduire un contre argument
- Opinion commune Vs opinion personnelle de Montaigne « je » l. 9 « mon avis » l.24
- Démarche d’explication de l’opinion commune : l.9 à 13 « je pense que » + rythme binaire « car…de l’autre part » l.10 + parallélisme de construction = démarche pédagogique avec connecteurs logiques + formule modérée avant de valider sa thèse et les arguments qui la contredisent « il semble » l.2 + capacité de Montaigne à être critique avec ses propres idées (sa thèse : C’est une dangereuse invention l.1 → terme fort)
2) Une progression rigoureusement construite :
• Etape 1 : ligne 1 à 21
- Montaigne affirme d’abord sa thèse : utilisation du présent gnomique
- Il donne ensuite un argument « semble que ce soit plutôt un essai de patience que de vérité » l.2 pour faire appel à la raison du lecteur : questions oratoires qui soulignent l’indignation de l’auteur + opposition forme affirmative Vs forme négative « assez patient...ne le sera » l.6 → rétablir ce qui lui semble être juste « pour dire vrai » l.13 réfutation de l’opinion commune + conclusion « d’où il advient que » l.18
• Etape 2 : à partir de la ligne 21
- Interpellation du lecteur de la part de Montaigne pour établir un dialogue « vous » l.28 « voyez » l.29
- Se termine par un apologue (= récit qui a pour fonction d’illustrer une leçon morale de façon concrète)
- Conclusion lapidaire : l.39 Montaigne donne une réponse en deux mots « Condamnation instructive »
Cet extrait intègre donc des arguments contraires et est composé de deux phases ayant la même conclusion. C’est une argumentation très construite ayant une structure logique accompagnée de connecteurs permettant l’affirmation de plus en plus forte au fil du texte de la thèse de l’auteur.
3) La culture au service de l’argumentation :
- Citation latine qui vient renforcer la thèse de Montaigne et donner du poids à son argument l.17
- Donne un exemple l.20 « Philotas » pour illustrer son propos et le renforcer + présence du pronom personnel « je » pour montrer que c’est dans sa culture
- Exemple de barbarie à contre-emploi l.25 « la Grecque et la Romaine » non pas utilisé comme modèle mais comme contre-modèle, Montaigne manie le paradoxe
Montaigne élabore une réflexion personnelle qui s’appuie sur la raison et sur la culture. L’héritage de l’antiquité s’illustre par une pensée philanthropique.
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