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Commentaire de texte : « Essais I, 31, des Cannibales (1580) », de Michel de Montaigne

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entre Charles XIX et les 3 Tupinambas représente une sorte de rencontre au sommet puisqu’il s’agit d’un dialogue entre souverains. Toute fois l’objet de ces échanges n’est pas politique mais ethnologique car les français interrogent les Cannibales sur leur mode de vie et les indiens donnant leur opinion sur la société française.

2. Une expérience vécue :

- Non sans honnêté Montaigne avoue avoir oublié l’un des avis formulé par les Cannibales, ce dont il est bien « marry » (l.13). Cet aveu et surtout le regret qu’il manifeste possède 2 utilités :

o D’une part en avouant sa défaillance Montaigne donne un gage de sincérité à son lecteur ce qui produit du crédit à son témoignage.

o D’autre part si il regrette d’avoir oublié l’une des observations des Cannibales cela suggère qu’elle était intéressante et cela valorise d’autant plus les 2 opinions dont il se souvient.

3. L’humaniste, un courtisan atypique :

- La cours de Charles XIX ne s’intéresse pas à la société des Cannibales mais à l’admiration qu’elle prétend exercée sur eux. En ce sens les français se montrent ethnocentriques dans leurs rapports à l’étranger.

- A l’inverse Montaigne interroge les Cannibales sur leur société et s’intéresse aux critiques que les indiens adressent aux français. L’ouverture intellectuelle de Montaigne se démarque donc nettement de l’attitude de ses contemporains.

II. Un texte critique :

1. Critique de la candeur des Cannibales

- Montaigne pointe l’inconscience des cannibales qui se sont « laissés piper au désir de la nouveauté » (l.5) et ont « quitté la douceur de leur ciel pour pouvoir voir le nôtre » (l.6) prédisant que de ce commerce naîtra leur ruine.

- La 1ère phrase possède ainsi une structure très particulière : le sujet de la proposition principale est séparé de son verbe par une langue incise de 6 lignes qui énumèrent toutes les réserves que Montaigne aimait à propos du voyage des cannibales en France.

- Pour l’essentiel, ces critiques évoquent le malheur que les européens vont apporter aux habitants du nouveau monde. Au XVIème siècle ce point de vue est très original car il affirme que la société occidentale est corrompue. « les corruptions de deçà » (l.2, 3). Tandis que la société cannibale est associée « au bonheur » (l.2)

2. Critique de l’ethnocentrique français

- L’essai se conclu sur une pointe très ironique. Dans l’antiphrase finale Montaigne reprend le grief le plus grotesque des français vis-à-vis des indiens : la dénonciation de leur nudité.

- Il souligne en fait toute la dérision qui consiste à assimiler la condition humaine à un code vestimentaire. Cela soulève aussi le choc de la rencontre entre civilisation et société naturelle. L’Homme civilisé se définit par des attributs culturels (ici le vêtement) et non par sa nature d’être humain.

- Du coup bien qu’il résonne aussi efficacement que l’européen, l’indien se retrouve déprécié parce qu’il est perçu comme dépourvu de culture et donc implicitement dépourvu d’humanité.

III. La remise en question de la civilisation européenne :

1. Le bon sens des cannibales :

- Les cannibales font preuve d’un véritable esprit critique, l’expression qui revient à 2 reprises dans leurs discours à propos de la France est : « ils trouvaient… étrange ». (l.14). Ils sont donc moins admiratifs que perplexe devant la société qu’on leur présente.

- Décevant les attentes des courtisans français, ils pointent les dysfonctionnements du royaume.

- Leur 2ème remarque atteste d’un véritable raisonnement. Ils commencent par faire 2 observations, ils voient « des Hommes pleins et gorgés de toutes sortes de commodités » (l.23) et d’autres « mendiants à leur porte, décharnés de faim et de pauvreté » (l.24-25). Ils en tirent une déduction de nature morale trouvant « étrange » que les nécessiteux »pouvaient souffrir d’une telle injustice » (l.26-27).

- Cette remarque atteste aussi bien leur capacité à raisonner que celle à juger du bien et du mal, ce qui démontre toute leur humanité.

2. Le regard de l’étranger :

- Les dysfonctionnements dénoncés par les cannibales sont si intégrés culturellement à la société européenne que les français du XVIème siècle ne les perçoivent plus.

- Ce qui donne de la valeur au point de vue des cannibales, c’est le regard étranger, c'est-à-dire distancié sur la société française. Ce regard inspirera la « révolution sociologique » qu’adopteront de nombreux philosophes du siècle des lumières.

3. Les origines du « mythe du bon sauvage » :

- Après avoir exposé les renseignements que son interlocuteur cannibale lui a donné sur son statut, Montaigne note : « tout cela ne va pas trop mal ». Cette litote plutôt élogieuse est le seul jugement de valeur explicite qu’il formule sur la société des Tupinambas. Mais l’organisation du texte révèle un parti pris tranché en faveur des cannibales.

- En plaçant à la suite la dénonciation des inégalités de la société française évoquée par le cannibale devant le roi puis le compte rendu de sa conversation privée avec l’un des indiens,

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