Phèdre, Racine, Scène 5, Acte II
Commentaire de texte : Phèdre, Racine, Scène 5, Acte II. Rechercher de 53 000+ Dissertation Gratuites et MémoiresPar Blandine Poupard • 25 Avril 2018 • Commentaire de texte • 1 211 Mots (5 Pages) • 1 534 Vues
Étude de texte
Séquence 3. Phèdre. Racine. Scène 5 acte II.
Correction.
- Cette tirade montre comment Phèdre est dans un mouvement de libération. Elle a contenu ce secret, elle va livrer à Hippolyte toute la vérité.
- On repère tout d'abord qu'elle coupe la parole à Hippolyte : c'est ainsi le signe d'une impulsion non contrôlée.
- On voit ensuite qu'elle emploie de nombreuses interjections qui traduisent son élan libérateur : « Ah ! » « Et bien ». Ajoutons les points d'exclamation à la fin du vers 5 « trop entendue ! » au vers 32 « ce qu'il aime ! » au vers 37 « ose aimer Hippolyte ! », au vers 33 « Hélas ! Les interjections et la ponctuation expressive donnent le ton de la tirade. La parole de Phèdre est vive, impulsive.
- Notons l'apostrophe : « cruel » Là encore, le lecteur comprend que Phèdre se libère. Le ton généré par cette apostrophe montre à quel point Phèdre est dans un élan verbal qui la libère de son secret.
- Observons que la forme même de la tirade traduite une parole qui se libère, comme un flot que rien ne peut interrompre.
- Enfin, et de manière explicite, Phèdre évoque le fait qu'elle n'a pas prémédité cet aveu. Au vers 29, elle s'exprime ainsi : « Cet aveu si honteux, le crois-tu volontaire ? ». Phèdre s'est bien laissée aller à cette impulsion qui la pousse à se libérer de son secret.
Par ailleurs, cette tirade est le moyen pour Phèdre d'exprimer toute la violence de sa passion.
- Notons le lexique de la fureur. Vers 7 « sa fureur » vers 10 « fol amour ». Notons aussi le champs sémantique du feu ardent. Vers 15 « feu fatal » vers 25 « dans les feux » . L'amour apparaît ici dans toute sa violence et sa force.
- Observons les hyperboles et leur effet d'amplification. Au vers 7 « Toute sa fureur » au vers 10 « fol amour » au vers 15 « tout mon sang » au vers « trop plein » au vers 25 « j'ai séché »
- Remarquons au vers 8 le rejet sur « j'aime » qui met en valeur le sentiment éprouvé.
- Relevons l'anaphore et la gradation au vers 25 : « j'ai langui, j'ai séché, dans les feux, dans les larmes ». L'anaphore figure d'insistance, amplifie le phénomène de la passion évoquée ici. Ce vers pourrait être à lui seul le témoin de la violente passion de Phèdre. Notons les pluriels « les feux » « les larmes », appuyés par l'accumulation.
- Phèdre se présente comme coupable évidemment mais avant tout comme un monstre.
- Elle commence par se distancier, en employant la 3eme personne, comme une femme incapable de s'exprimer en son nom propre. Cette distanciation traduit l'horreur qu'elle éprouve pour elle même . Horreur qu'elle exprime clairement au vers 13 : « Je m'abhorre ». Cette distanciation, elle l'emploie deux fois. Au vers 7 : connais donc Phèdre et toute sa fureur » au vers 37 « la veuve de Thésée ose aimer Hippolyte ». On voit bien ici comment la première personne impliquerait trop Phèdre dans son discours et la distanciation montre combien elle est un monstre insupportable à elle même.
- Observons par ailleurs qu'elle emploie explicitement, et par deux fois, le terme « monstre ». Au vers 36 « au monstre qui t'irrite » au vers 38 « ce monstre affreux ». Notons l'adjectif épithète ici « affreux » qui renforce encore l'idée de monstruosité. Ajoutons le terme « inhumaine » qui renforce encore cette même idée.
- Voyons à présent la manière dont l'auteur a placé sa diérèse sur l'adjectif « odieux » et « odieuse » aux vers 20 « odi/euse » au vers 34, « odi/eux ». La diérèse a cette fonction de mettre en valeur le mot sur lequel elle porte.
On le voit, Phèdre se présente donc à Hippolyte comme un monstre à terrasser.
3. Phèdre, selon racine, « n'est ni tout à fait coupable, ni tout à fait à fait innocente ».
- Cette postulation est évidente dans cette tirade ou Phèdre confesse son immense culpabilité en même temps qu'elle avoue être le jouet des « vengeances célestes ».
- Sa culpabilité transparaît également au vers 29 où est employé l'adjectif « honteux » : « Cet aveu si honteux ». Notons encore l'adjectif « vil » au vers 44 : « un sang trop vil », le substantif « offense » au vers 40. Phèdre parle également de cet amour en terme de poison : « « ait nourri le poison ». Cette culpabilité, Phèdre l'exprime chaque fois qu'il est question de son époux. Ce rappel à cette union souligne évidemment que l'amour pour Hippolyte est interdit. Cet aveu est si honteux pour elle qu'elle parle alors d'elle même à la troisième personne : « La veuve de Thésée ose aimer Hippolyte ». A travers l'expression « la veuve de Thésée, » remarquons qu'il y a une double culpabilité : celle de trahir et de déshonorer la mémoire d'un époux et celle de trahir les liens du mariage par un amour de surcroît hautement incestueux.
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