Analyse linéaire « La Charogne » de Baudelaire
Commentaire de texte : Analyse linéaire « La Charogne » de Baudelaire. Rechercher de 53 000+ Dissertation Gratuites et MémoiresPar daliaaldarweesh • 16 Avril 2023 • Commentaire de texte • 1 194 Mots (5 Pages) • 612 Vues
Objet d’étude : La poésie du XIXème au XXIème siècle
Baudelaire, les Fleurs du Mal ; Parcours : l’Alchimie poétique, la boue et l’or
Baudelaire
Les Fleurs du Mal
“Une Charogne”
Introduction
Baudelaire bouleverse le 19e siècle avec la publication de son recueil de poésies Les Fleurs du Mal. Parmi celle-ci, on retrouve “Une Charogne”, à travers laquelle le poète s’attaque à un sujet peu conventionnel : le corps d’un cadavre en putréfaction. Ce poème montre à la fois la fascination mélancolique de l’auteur pour le mal et la laideur, ainsi que son désir d'élever cette dernière vers la beauté. Nous nous demanderons ainsi comment Baudelaire parvient à transformer la laideur de la charogne en beauté. Pour cela, nous suivrons 2 mouvements : La promenade et l’infâme découverte, du premier au troisième quatrain, et la transfiguration de la charogne en un objet poétique, du quatrième au huitième quatrain.
Texte | Analyse | Interprétation |
1er mouvement : La promenade et l’infâme découverte q.1-3 | ||
1er quatrain | ||
Rappelez-vous l’objet que nous vîmes, mon âme, Ce beau matin d’été si doux | impératif = adresse directe pronom perso 2nde prsn du pluriel groupe nominal = terme fort
vocabulaire mélioratif → adjectif → groupe nominal → adverbe = insiste → adjectif | évoque souvenir passé en la campagnie d’une femme suggère affection pour cette femme ainsi que l’union du couple description d’un beau cadre, charmant v1+2 = souvenir d’un couple ds un beau cadre |
Au détour d’un sentier une charogne infâme Sur un lit semé de cailloux | terme “au détour” rime avec “âme” antithèse stylistique | effet de surprise par la “charogne” qui se rapporte au titre du poème : suggèrent un détournement par rapport au cadre initié rappellent eros et thanatos (amour et la mort) opposé aspect douillet d’un lit et l'inconfort des cailloux => arrivée de la charogne est inconfortable |
2ème quatrain | description précise de la charogne après sa découverte au quatrain 1 qui s’étale sur 5 strophes | |
Les jambes en l’air, comme une femme lubrique, Brûlante et suant les poisons, Ouvrait d’une façon nonchalante et cynique Son ventre plein d’exhalaisons. | comparaison groupe nominal adjectif + participe termes → “jambes en l’air” → “brulante” → “suant les poisons” + “plein d’exhalaisons” ↳pluriel + plein = mise en avant | comparaison d’une charogne à la femme : nouvelle référence à eros et thanos : femme = amour, charogne = mort position très sensuelle → B chante la prostituée = très différents des femmes habituellement chantées désir précent de la femme (charogne) réalisme 3 sens décrits : → vue → toucher → l’odorat
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quatrain 3 | auteur poursuit description | |
Le soleil rayonnait sur cette pourriture, Comme afin de cuire à point Et de rendre au centuple à la grande Nature Tout ce qu’ensemble elle avait joint | groupe verbale 2è hémistiche lexique de la nature terme culinaire hyperbole | nature pose un cadre agréable clos le vers, clash avec le début, insiste sur la décomposition symbolise puissance éternelle, s’oppose au corps qui décompose (éphémère) charogne rabaissée à un vulgaire bout de viande désintégration de la charogne + de la femme qui retourne à la poussière = symbolise le cycle de la vie : le corps retourne à la Terre |
2ème mouvement : le récit d’une transfiguration : de la charogne à l’oeuvre d’art | ||
Et le ciel regardait la carcasse superbe Comme une fleur, s’épanouir ; | groupe verbal ↳ imparfait oxymore v14 terme verbe à l’infinitif | introduit dimension divine ↳ permanence de la toute puissance célèste → s’oppose au caractère éphémère du corps cité dans la 2ème hémistiche “la carcasse superbe” accroît à la charogne, associée à la mort et laide, une certaine supériorité => magnificence et beauté → nouvelle dimension de la charogne comparaison ironique avec une fleur qui éclot rappel de la rose de Ronsard ironie : la fleure qui nait alors que la charogne se décompose → traduit inverse du mouvement qui prend fin B suggère une renaissance dans la mort en se moquant des traditions de la poésie classique → Charogne semble renaître |
– La puanteur était si forte que sur l’herbe Vous crûtes vous évanouir ; – 5e+6e quatrain | passé simple pronom personnel verbe à l’infinitif
| rappel statut anecdotique ac la charogne pck cela appartient à un souvenir s’adresse explicitement à la femme, implication au lecteur exprime la puanteur = choque poétique violent comparé à la nouvelle poésie que compose Baudelaire (très implicite) image de terrible réalisme : corps se liquéfie + coule |
Les mouches bourdonnaient sur ce ventre putride D'où sortaient de noirs bataillons De larves qui coulaient comme un épais liquide Le long de ces vivants haillons Tout cela descendait, montait comme une vague Où s'élançait en pétillant ; On eût dit que le corps, enflé d’un souffle vague, Vivait en se multipliant | v.19 description réaliste : hypotypose nombreux verbes d’action insectes Transfiguration de la poésie → gérondif → soufflait
| rejet de larves = matérialise l’action de couler Baudelaire nous donne à voir réellement la charogne. Par le biais de l’hypotypose, le cadavre provoque les sens L’accumulation de verbes et le gérondif « en pétillant » insistent sur l’intense vitalité qui anime le corps. La charogne fait office de nutriments pour les insectes Le terme « souffle » qui se réfère à la poésie et à l’inspiration, a investi le cadavre et produit le miracle. La charogne est source d’une vie particulièrement abondante comme le signale le gérondif “multipliant |
7ème quatrain | vie foisonnante | |
Et ce monde rendait une étrange musique Comme l’eau courante et le vent, | conjonction de subordination groupe nominal comparaison à des éléments naturel | relance la vie foisonnante abordée dans les quatrains précédents (5,6) référence à la conception de la nouvelle poésie que B propose qui est dérangeante – – elle s'impose à l’image des éléments naturels |
Ou le grain qu’un vanneur d’un mouvement rythmique Agite et tourne son van | référence au poème de Du Bellay “D’un vanneur de blé aux vents” groupe nominal | “La charogne” réclame sa place dns le paysage poétique si l’on considère que le vanneur rappelle ironiquement le poème de Du Bellay “D’un vanneur de blé aux vents” harmonise la décomposition de l’écoeurante charogne, même dans sa morbidité et son insanité apparente, la nouvelle poésie conserve sa musicalité et son harmonie poétique. => Baure se livre dans ce quatrain à un effacement profressif de la réalité triviale |
quatrain 8 | ||
Les formess'effacent et n'étaient plus qu'un rêve, Une ébauche lente à venir, Sur la toile oubliée, et que l'artiste achève Seulement par le souvenir. | champ lexical de l’art | La description de la charogne est comparée à l’exécution d’un tableau. Tout comme le peintre, le poète donne une seconde vie aux souvenirs en les représentant. La Charogne dont la nature même, cadavre en décomposition, insiste sur le caractère éphémère des corps, vient tout juste d’accéder paradoxalement à l’éternité, transmuée en œuvre d’art. La réalité triviale a cédé devant l’œuvre qui sublime. La charogne semble avoir également quitté le domaine de la matérialité comme le suggèrent les termes « rêve » et « souvenir », pour devenir une entité onirique, presque incertaine : « les formes s’effaçaient » et gagner une autre dimension. |
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