Cahier de Douai, Au Cabaret-Vert, Rimbaud
Cours : Cahier de Douai, Au Cabaret-Vert, Rimbaud. Rechercher de 53 000+ Dissertation Gratuites et MémoiresPar Lam Vien Nguyen • 2 Décembre 2023 • Cours • 1 156 Mots (5 Pages) • 815 Vues
Au cabaret-vert, Arthur Rimbaud
Cahier de Douai (1871)
Introduction
Les Cahiers de Douai est un recueil qui rassemble les poèmes d’adolescence de Arthur Rimbaud, une période de sa vie marquée par de nombreuses fugues. Plusieurs de ces poèmes expriment ainsi les thèmes du plaisir de la fugue et de l’errance, ou de la “liberté libre” - expression de Rimbaud lui-même. Par exemple, “Au cabaret-vert” est écrit lors d’une de ses fugues à l'âge de 16 ans en octobre 1870.
Dans ce poème, Rimbaud décrit une scène dans un café, de manière spontanée comme s'il s'agissait d'un journal de voyage ou plutôt de fugue, comme le suggère le titre et le sous-titre "Au cabaret-vert / cinq heures du soir". Il illustre parfaitement le bonheur et la liberté que Rimbaud ressentait lors de ce moment particulier. Mais en quoi ce poème associe-t-il émancipation et bonheur?
Plan:
I. L’arrivé marqué par l’émancipation - lignes 1 à 4
II. Une source de bien-être et de plaisir (sensuel) - lignes 5 à 11
III. Une transfiguration poétique du réel - lignes 12 à 14
Analyse linéaire
I. L’arrivé marqué par l’émancipation
“Depuis huit jours, j'avais déchiré mes bottines / Aux cailloux des chemins.”
indication temporelle, expressions => donnent des infos concrètes, précises et renforcent l'impression de fugue
fugue solitaire suggérée par les marques de la 1ère personne
« déchiré mes bottines », peut-être comprise comme le symbole de la rupture avec son milieu
“J'entrais à Charleroi.”
phrase brève sur un hémistiche, qui contraste avec la longueur de la phrase précédente et met fin à la longueur de l'errance
théâtralisation, mise en scène de soi avec le verbe d'action à l'imparfait, qui révèle une forme d'assurance, de détermination, comme le serait un général en chef conquérant voire triomphant => portrait héroï-comique.
“je demandai des tartines / De beurre et du jambon qui fût à moitié froid.”
là encore, son caractère déterminé et libre apparaît nettement
l'emploi du subjonctif imparfait à valeur d'ordre « qui fût». Rimbaud fait donc l'expérience de sa liberté en commandant ce qu'il souhaite.
autre signe d'émancipation, formelle celle-ci : le vocabulaire est prosaïque, très simple et inattendu en poésie classique, traditionnelle: « tartines » « de beurre », mis en évidence par l'enjambement, et « jambon » ; de +, il fait rimer «bottines» et «tartines», voc simple.
mais paradoxe, émancipation à nuancer car le caractère enfantin de la nourriture contraste avec le côté conquérant des vers précédents
II. Une source de bien-être et de plaisir (sensuel)
“Bienheureux, j'allongeai les jambes sous la table / Verte”
le bien-être et la liberté du poète sont soulignés par l'adjectif qualificatif « Bienheureux», placé en tête du vers 5, mais aussi par son attitude générale, sa posture physique.
« bienheureux » est un terme d'origine religieuse habituellement réservé aux saints du paradis. autodérision ? Rimbaud fugueur et sensible au désir charnel semble loin d'être un «saint »…
les vers 4-5 sont mimétiques de cet allongement puisque le poète lui-même allonge les jambes sous la table en même temps que l'adjectif « verte » allonge le vers. C'est ce plaisir d'un temps vécu pleinement dans l'extension qui est évoqué ici.
rythme régulier de /(alexandrin ici (3/3/3/3), en accord avec la paix intérieure du poète.
NB: à partir du vers 5 et de l'adjectif « bienheureux », tout le lexique va avoir une connotation positive (= termes mélioratifs)
“je contemplai les sujets très naïfs / De la tapisserie.”
le verbe « contemplai » exprime une action lente, L'enjambement exprime la durée, ralentit le temps du sonnet, le vers, comme le temps, s'étire... impression de temps suspendu
le bonheur s'exprime ici dans le plaisir esthétique et visuel, une admiration ; on s'attendrait a un sujet grandiose, or le COD « sujets très naïfs » surprend le lecteur. le poète s'extasie de peu
dernier mot du vers: « naïfs » renforcés par l'adverbe « très ». On est loin de l'esthétique parnassienne. Le superlatif met en valeur la simplicité.
“- Et ce fut adorable,”
le tiret arrive brutalement en coupe non régulière après 4 syllabes, renforcé par la conjonction « Et »: l'arrivée de la serveuse l'interrompt dans sa rêverie, comme un réveil brusque, un retour au réel
« adorable » est une hyperbole, qui exprime l'intensité du bonheur éprouvé
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