Gargantua de Rabelais
Dissertation : Gargantua de Rabelais. Rechercher de 53 000+ Dissertation Gratuites et MémoiresPar noa07400 • 9 Février 2022 • Dissertation • 1 685 Mots (7 Pages) • 3 050 Vues
REFORMULATION QUESTION : Peut-on limiter Gargantua à une simple œuvre de fiction, un conte ou une parodie, qui n’aurait d’autre but que le divertissement et le rire ? OU : Gargantua n’est-il que fiction ? Peut-on limiter Gargantua à sa fiction ? OU : Dans quelle mesure la fiction peut-elle servir au développement d’une réflexion plus profonde ?
Intro : AMORCE Parfois, l’Histoire connaît de forts bouleversements sociaux et culturels. Il fut ainsi pour le XVIIIe siècle avec le mouvement des Lumières, les écrits des philosophes ayant été le déclencheur de la Révolution de 1789. Mais, une autre période tout aussi importante est apparue lors de la Renaissance : c’est l’Humanisme. // PRESENTATION ET EXPLICATION DU SUJET Rabelais, un des principaux auteurs de ce mouvement, a écrit un roman, (ou conte ou parodie du roman de chevalerie), intitulé Gargantua (1545). Ce roman marque non seulement le développement du genre romanesque mais aussi le développement d’un optimisme et d’une nouvelle vision de l’homme. Pourtant, à la lecture, certains peuvent avoir envie de limiter le sens de cette œuvre à une pure fiction : raconter les péripéties d’un géant, de son enfance à l’âge adulte, avec moult détails cocasses, délirants ou extraordinaires, semble a priori faire la part belle à la fiction et à une lecture plus fondée sur le rire et le divertissement que sur les sujets très sérieux qui ont préoccupé les Humanistes. // PROBLEMATIQUE IMPLIQUEE PAR LA QUESTION DU SUJET : Ainsi, est-ce pertinent de limiter Gargantua à une simple œuvre de fiction ? // ANNONE PLAN Nous verrons que Rabelais a écrit un récit truculent et loufoque, des plus fantaisistes, et qu’il a très certainement voulu accorder une immense place à la fiction. Puis, nous essaierons de déterminer les thèmes de Gargantua qui font que ce récit, malgré ses airs grotesques ou burlesques, n’en est pas moins porteur des idéaux prônés par les Humanistes, (ces ancêtres des Lumières).
I- Le rire, le bouffon ou grotesque, le burlesque et l’héroï-comique, la dérision sans limites : moqueries sur tout qui font rire « la populace » :
a- L’univers du conte grotesque. Ex : Chap.4 et 6 (La Naissance) + origines du nom viendrait de « Garante » qui signifie le gosier en langue d’Oc (languedocien, Toulouse), notre héros est un goinfre, dès sa naissance. D’autres critiques littéraires disent que ce nom viendrait de « Que grand tu as », « quelle gorge tu as !», sous-entendu « tu es un gros mangeur », les mots de son père à sa naissance ; nos personnages n’ont pas d’épaisseur, pas de psychologie sinon sommaire et caricaturale (pensez à Picrocole, cette espèce de tyran fou et capricieux) + Allusion scatologiques ou sexuelles omniprésentes. (Chap.4)
*SAUF LE MOINE , « frère JEAN » (onomastique : « Jean » : prénom chrétien très répandu car dans le Nouveau Testament, Jean, le plus jeune des disciples, est « le disciple préféré de Jésus »).
b- S’il a révolutionné le genre romanesque, c’est parce que Gargantua est une parodie, une moquerie, des romans de chevalerie. Tout, dans les épisodes de la guerre picrocholine, est exagéré dans le sens du comique (grotesque ou burlesque). Ex : La jument chap.36 dont l’urine noie les hommes de Tripet ou chap.17 lors du vol des cloches de N-D. On citera aussi Frère Jean et ses divers combats qui sont racontés comme une boucherie, avec en plus le vocabulaire « chirurgical » d’Alcofribas ou lorsqu’il se bat à l’aide de la croix (chap.27), frère Jean encore, chap.44, quand il se bat avec son « froc » (capuche et sorte de couvre épaules des moines)… L’invraisemblance est le leitmotiv de Gargantua. (Le moine y est « chevaleresque »…)
c- Le règne de la Démesure : La démesure par le rire, pour critiquer des institutions qui contraignent l’humanité : Esthétique du carnaval ou toutes les valeurs morales peuvent être renversées, du moins pour un temps défini ; l’Eglise a autorisé les carnavals à condition qu’on y brûle à la fin le « roi » de la cérémonie... Cette esthétique n’est pas neutre puisqu’elle sous-entend qu’il y a différents interdits ou certaines lois qui contraignent l’humanité et empêchent chacun d’être libre. L’esthétique du carnaval et de l’inversion des valeurs (toutes) est essentielle ds G.
II- Mais, c’est aussi une œuvre argumentative : elle remet en cause mœurs, croyances et idéologies de son époque. Ce roman, conte ou parodie du roman de chevalerie, ose remettre en question l’ordre social. (Toutes ses œuvres ont été censurées par l’Eglise et pour celle-ci, il utilise un anagramme pour dissimuler son identité ; toutes ses œuvres pourraient être définies comme des outrages déguisés… ) :
a- Satire de l’éducation liée à la volonté humaniste d’avoir une tête bien faite plutôt qu’une tête pleine : Chap.14, maître Thubal Holoferne, il représente les théologiens de la Sorbonne et sert à critiquer leurs méthodes antiques : les commentaires de commentaires des textes anciens, la lecture de ces ouvrages en boucle. Il meurt de la vérole, alors que les rapports sexuels étaient interdits aux théologiens, fortes ironie et provocation directe.. . ; Chap.16-19 , maître Janotus de Bragmardo, second sophiste, tout aussi creux et pédant. Du chap.21 à 24, la 2e partie de l’éducation de Gargantua, cette fois par maître Pornocrates qui le forme pour avoir « une tête bien faite plutôt que bien pleine » (Montaigne), en étant attentif à « l’innutrition » de son élève (le fait que la culture et son savoir vienne le « nourrir » l’élève de l’intérieur). Cette vision de l’éducation est révolutionnaire chez Rabelais et les Humanistes en général. Foi en le progrès qui mènera l’humanité à plus de bonheur, (une vision de l’homme encore antithétique par rapport à celle de l’Eglise instituée où le bonheur est attendu, au Paradis).
b- Satires des 2 formes de pouvoir qui déterminent la vie sociale au XVI. Satire du pvr : citer les horreurs de la guerre (ex. Chap.27), vue dans toute sa cruauté ainsi que le caractère débile, tyrannique, capricieux de Picrochole. Invitation à être un bon roi, lire la lettre de Grandgousier, très sérieuse, chap.8, ainsi que la fin de la guerre picrocholine qd Gargantua place le fils de Picrochole à la tête du royaume, à condition qu’il soit éduqué par Ponocratès (chap.50)... + Satire de la religion : provocations diverses qui passent par le langage religieux
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