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Infantilisation Et Handicap

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antilisation devient parfois quotidienne dans des milieux de vie regroupant des personnes handicapées. Voici quelques exemples relevés au sein d’établissements et services d'aide par le travail (ESAT) et de foyers de vie:

nécessité de lever le doigt pour aller aux toilettes;

impossibilité de choisir sa place au réfectoire;

punitions et réprimandes (isolement,"au coin sans bouger", privation de dessert, oreilles tirées);

coupure de l’électricité et du téléphone la nuit;

entrée du personnel soignant dans les chambres sans frapper.

L’infantilisation est faite de vexations quotidiennes. Elle humilie et conduit à un sentiment de dévalorisation. Selon le rapport du Conseil de l’Europe sur la protection des personnes handicapées (2002) et le rapport du Sénat d’une commission d’enquête sur ce sujet (2003), l’infantilisation fait partie des situations de maltraitance envers les personnes handicapées et âgées. Manifestant "un déni du statut d’adulte (...), elle porte gravement atteinte aux droits fondamentaux (…) et à la dignité".

3 En quoi est-elle préjudiciable?

Un enfant ou un adolescent valide souffre d’être traité "comme un bébé" irresponsable. Revendiquant son droit à l’autonomie, il réagit alors avec colère.

La personne handicapée adulte s’habitue malheureusement à cette répétition de comportements infantilisants. Elle n’ose pas les dénoncer, de peur d’être plus mal jugée encore qu’elle ne l’est.

"S’il est un handicap physique qui oppresse et réclame un joyeux combat pour l’assumer, il en est un plus douloureux: le handicap social; être jugé, réduit à l’étiquette de handicapé sous le regard de l’autre. Souvent, ce regard me rappelle que je suis handicapé. (…) Semblable humiliation, répétée et répétée, suscite la méfiance." (A.Jolien)

Enlever à une personne le pouvoir de gérer sa vie, suggérer qu’elle n’en est pas capable entraînent des séquelles sur le plan psychologique: perte de la confiance en soi, moindre estime de soi, honte pathologique.

4 Pourquoi est-il difficile de l’éviter?

Les personnes incriminées n’ont généralement aucune mauvaise intention. Elles pensent bien faire et sont compatissantes. Elles n’hésitent pas à prendre le bras d’un aveugle pour l’aider à traverser la rue alors qu’il n’a rien demandé, à proposer leurs services à une personne en fauteuil qui n’en a pas besoin.

La vue du handicap suscite chez elles des réflexes de maternage, de protection. La personne handicapée devient objet d’attention et de soin. Apparaissent alors des comportements identiques à ceux que l’on peut avoir avec un jeune enfant: on fait à sa place, on parle de lui ou pour lui en sa présence tant qu’il n’est pas capable de le faire lui-même.

5 Des raisons plus profondes et inconscientes

La présence d’une personne handicapée met mal à l’aise la personne valide. Elle incarne "le semblable auquel on ne veut surtout pas ressembler" (A. Jolien). Elle "nous tend un miroir dans lequel nous ne voulons pas nous reconnaître". (Simone Korff-Sausse, Le miroir brisé, Calmann-Lévy, 1996.)

Les personnes âgées peuvent être victimes d’un rejet identique. Elles matérialisent l’image d’un avenir que nous ne souhaitons pas.

C'est donc la peur qui justifie les comportements de dévalorisation et d’infantilisation: si l'autre, handicapé ou âgé, n’appartient pas à notre groupe d’humains adultes et responsables, nous n’avons aucune raison de penser que nous pouvons lui ressembler. Si cet autre est un éternel mineur, nous sommes à l’abri de toute contagion.

"Comme si le handicap faisait de celui qui le porte un être forcément privé de raison, ne pouvant en aucun cas être tenu pour un sujet à part entière. Une perception de la personne handicapée destinée, inconsciemment, à nous rassurer sur notre propre normalité." (A. Jolien.)

6 Une nécessaire prise de conscience

Notre société, qui se veut solidaire, prône le respect des différences, dont celle liée au handicap ou au grand âge. Mais la personne handicapée ou âgée n’est pas différente: elle est ce que chacun peut un jour devenir. L’accepter en tant que telle, c’est s’accepter soi-même.

Face à cet autre qui nous met mal à l’aise, une seule question doit se poser: est-ce-que j’accepterais que l’on fasse à ma place sans me demander mon

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