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Juste la fin du monde, J.L Lagarce

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Par   •  27 Mars 2024  •  Cours  •  1 765 Mots (8 Pages)  •  272 Vues

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EA1 : Le prologue

Introduction

1. Présentation de Lagarce et la pièce (théâtre de la Roulotte, rappel rapport autobio /

Louis, citation reprenant son explication du sens de la pièce : “Le fils retourne dans sa

famille pour l’informer de sa mort prochaine. Ce sont les retrouvailles avec le cercle

familial où l’on se dit l’amour que l’on se porte à travers les éternelles querelles. De cette

visite qu’il voulait définitive, le fils repartira sans avoir rien dit. (Jean-Luc Lagarce.)

2. Prologue : le prologue trouve son origine dans le théâtre grec, pro logos, signifiant le

“discours placé avant” et désignant à l’origine la première partie de la tragédie, avant la

première apparition du chœur. Ce choix d’un prologue par Lagarce permet de mettre au

jour les liens ténus qu’il entretient avec l’héritage classique (cf. unité de temps présenté

par la didascalie liminaire et huis-clos (unité de lieu).

3. Ici, le prologue présente des particularités narratives, que l’on peut remarquer dès notre

premier regard : le texte, typographiquement, occupe l’espace de la page avec originalité ;

ressemble à de la poésie (usage de l’alinéa), comme si les thèmes abordés par JL

Lagarce (la mort, le retour, l'indicible) ne pouvaient se dire que dans un langage poétique.

Des lignes longues, des lignes courtes (parfois un mot !) : se dessine déjà une parole qui

hésite, se lance puis s’efface, semble trébucher … sans jamais s’arrêter pour de bon sur

un point définitif (des virgules, des tirets).

4. En quoi ce prologue, tout en mettant en place d'esthétique de l'auteur, annonce-t-il la

tragédie à venir ?

2 mouvements :

- 1er : l’annonce tragique de la mort de Louis(vers 1 à 16) ;

- 2e : l’annonce de l’intrigue : une révélation vouée à l’échec (v.

18 à 36)

I. L’annonce tragique de la mort de Louis (v. 1 à 16)

Tout le monologue du prologue (une longue phrase) est dominé par la reprise anaphorique

d’un repère temporel : « l’année d’après ». C’est ce repère temporel de quatre syllabes, déjà

évoqué dans la didascalie précédant le drame, qui structure les différentes parties du

prologue.

1. Présentation prophétique du dramatique (v. 1 à 3 : l’année d’après)

→ Aucune didascalie, on sait seulement que c’est un prologue : ce monologue de Louis

est donc censé nous éclairer, nous donner des éléments pour comprendre l’action qui va

suivre. Et pourtant, début très surprenant, voire troublant : début in médias res, comme au

milieu d’un discours (l’année d’après quoi ? ⇒ en lisant la dernière pièce de Lagarce, Le

Pays lointain, 1995, qui est une sorte de réécriture de JfdM, on peut faire le lien : l’année

d’après la mort de son amant).

→ Le prologue s’ouvre sur un groupe adverbial et un groupe nominal (plus tard, l’année

d’après) qui annoncent un futur et s’opposent au présent d’énonciation qui suit (“j’ai près

de 34 ans”) brouillant les repères temporels. Ainsi, si les mentions temporelles sont

nombreuses dès l’ouverture de la pièce (âges des protagonistes, adverbes temporels …)

elles instaurent pourtant le flou.

→ les tirets, que l’on retrouvera tout le long de la pièce (caractéristique de l’écriture de

JLL) introduisent un élément hétérogène, la voix intérieure de Louis : on peut faire un //

avec l’écriture du “flux de conscience” (UK > Virginia Woolf, par exemple) qui tente de

capter les mouvements intérieurs de la conscience en train de vivre, d’avancer et de

reculer.

Ce “j’allai mourir à mon tour” est redondant (juste après : c’est à cet âge que je mourrai) : il

semble être introduit pour nous faire entendre le discours intérieur de Louis, stupéfait par

ce constat.

→ La référence à l’âge de « près trente-quatre ans » (un âge quasi christique) associé au

déictique « maintenant » laisse supposer que celui qui parle est proche de cette mort.

→ par ailleurs, Louis semble déjà parler d’outre-tombe (faire parler les morts =

prosopopée): il est doué, semble-t-il, de la connaissance exacte de sa propre mort, et le

terme est d’ailleurs employé deux fois dans un polyptote (mourir / mourrai) qui établit

d’emblée le thème central : la mort. Avec ce polyptote + cette prosopopée, Louis semble

bien incarner le passage d’un état à un autre (le passeur aussi ?).

2. La présentation de l’état d’esprit de Louis (v. 4 à 6)

La seconde étape est basée sur le thème de l’attente : la reprise de « de nombreux mois

(déjà) que j’attendais » permet d’introduire toute une série de compléments au verbe

attendre, qui suggère l’état moral assez dépité de Louis :

→ L’inertie : « à ne rien faire »

→ L’ignorance : « à ne plus savoir »

→ L’impatience : « d’en avoir fini ».

Le repère temporel « de nombreux mois » indique que la prescience de la mort n’est pas

récente, et que Louis a cessé de vivre depuis longtemps.

⇒ Le travail de destruction est en marche, et Louis ne peut que le subir, et il en souffre

3. L’évocation d’une lutte face à une menace supérieure (v. 7 à 11)

→ Par effet d’allégorie, la mort est présentée comme menaçante : « un danger extrême »

devient par gradation « l’ennemi [qui] vous détruirait aussitôt ». Les derniers moments de

la vie deviennent un combat face à une force supérieure.

⇒ tonalité tragique du prologue.

→ La seule réponse à la menace est donc l’immobilité : le rejet « on ose bouger // à peine,

» souligne le risque de « réveiller » la bête. L’adverbe révélateur de prudence «

imperceptiblement » lié aux négations partielles « sans... bruit », «sans... geste trop violent

» métaphorise les derniers moments de la vie comme un combat perdu d’avance.

4. Le refus de céder à la peur (v. 12 à 16)

→ Pourtant Louis annonce son désir de réagir :

la répétition du connecteur d’opposition « malgré tout » annonce une volonté de réagir. Il

oppose à « la peur » le « risque ... sans espoir de survivre». Le combat perdu d’avance ne

doit pas empêcher de lutter : la réaction devient ici quasi épique.

⇒ La mort proche et inévitable de Louis est présentée comme une invitation au

renoncement à la vie. Mais la décision de ne pas céder à ce renoncement prépare la

révélation du thème de la pièce : l’annonce de sa maladie à sa famille.

II. L’annonce de l’intrigue : une révélation vouée à l’échec (v. 18 à 36)

1. Une révélation envisagée de manière théâtrale (v. 18 à 29)

La partie centrale

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