L'avit de vienne

et le dogme arien très répandu et dont la plus grande distinction consiste à remettre en cause la Trinité et condamné au concile de Nicée en 325. Ce courant de pensée eu une grande influence en cette époque d’Antiquité tardive et de début du Moyen-âge.

En se baptisant, Clovis ouvre la porte à des mutations importantes, autant sur le plan spirituel qu’institutionnel, si bien que ceux-ci pouvaient être souhaitaient ou envisagés par les contemporains de l’époque. Il est évident que cette lettre, compte tenu de son importance, ne tient pas seulement en de simples remerciements. C’est pourquoi nous pouvons nous interroger sur la portée du baptême de Clovis et surtout quelles sont les attentes d’Avit de Vienne envers le monarque du royaume franc, auquel n’appartient pas son évêché ? Cette lettre témoigne-t-elle d’un véritable retentissement du baptême de Clovis au sein même de toute la chrétienté ?

Pour ce faire, nous nous intéresserons dans un premier temps au simple contenu, remerciements et dénonciations reflétant le contexte politico-religieux de l’époque ; et dans un second temps, nous verrons un discours tout autre de l’évêque qui n’est que celui de voir à nouveau apparaitre un royaume de Dieu et de la foi catholique.

Il est bien évident que cette lettre tient en premier lieux à adresser au souverain Franc les félicitations de l’évêque. Surtout que celle-ci fait suite à l’invitation d’Avit de Vienne au baptême de Clovis. L’évêque adresse d’ailleurs ses plus plates excuses pour ne pas avoir été « corporellement » (l27) présent à l’événement et tient à mentionner qu’il était en « communion » (l26) avec lui durant cet instant.

Les félicitations sont nombreuses et variées, mais elles tiennent surtout à accorder sa juste valeur à ce baptême aux yeux de l’évêque Avit de Vienne : « dés à présent au milieu des hommes a jailli un rayon éclatant de vérité » (l.4-5) ; « le miracle d’un tel fait » (l.12) ; « Vous avez des ancêtres qui ont fait de bonnes choses, vous avez voulu en faire de meilleures. Vous vous élevez (…) le fait de régner dans le ciel » (l.15-17) ; « Que ce jour ou l’on célèbre la naissance du Seigneur soit donc aussi (...), votre renommée à la postérité » (l.23-26) ; … Il faut toutefois nuancer leur interprétation et ne pas faire l’amalgame avec la vision que tente de projeter Grégoire de Tours sur ce même événement, mais en lui étant d’un siècle postérieur. Ces félicitations ont un but tout autre que nous mentionnerons ultérieurement.

Au travers des écrits, l’évêque Avit de Vienne rappelle certains dogmes du culte chrétien et aussi catholique qui ne sont pas sans rappeler les valeurs fondamentales définies au Concile de Nicée en 325. Pour ce faire l’auteur n’hésite pas à employer, comme sa fonction le lui permet, un champ lexical religieux, qui rappelle donc certains principes du dogme chrétien ainsi que l’importance du sacrement du baptême pour chaque nouveau converti a la foi chrétienne. Ainsi : « l’Eternité » (l.3), « divine Providence » (l.5), « Jugement futur » (l.3-4), « naissance du Seigneur » (l.2 3), …

Avit de Vienne ne fait pas seulement qu’affirmer ce qui est, ou devrait être la foi selon lui, il dénonce également tous ceux qui à ses yeux devraient prendre exemple sur Clovis, à savoir les hérétiques. La toute première phrase de cette lettre leur est d’ailleurs destinée. L’évêque les dépeint comme les « sectateurs de toutes sortes de schismes » (l.1) et les décrit de plus comme étant, « à l’abri du nom de chrétien » (l.1). Cette seule mention suffit aisément pour définir ces « sectateurs » (l.1) comme étant les ariens ou encore les monophysites dont l’on refera la mention plus tard. L’évêque dénonce également les païens (de la ligne 7 à 11), et il ne s’arrête pas seulement la envers eux car il souhaite « que l’on renonce donc à excuser ainsi une nuisible timidité après le miracle d’un tel fait » (l.11-12). Il fait ici bien entendu référence à la timidité des païens à se tourner vers une autre religion que celle de leurs aïeux et au baptême sans timidité de Clovis.

Mais tout cela ne fait que refléter le contexte politique mais surtout religieux de l’Europe Occidentale et Orientale. Il semble tout ce qu’il y a de plus évident que Clovis lui-même était au fait de la situation dans la quelle se trouvait l’Europe occidentale de la fin du V ème siècle dont il fut le contemporain. C’est pourquoi l’évêque ne s’arrête pas la.

Avit de Vienne tient cependant à faire passer ses espoirs et attentes envers le seul monarque d’Occident officiellement rattaché à la foi de l’Eglise de Rome. Avit transmet donc ses souhaits à Clovis, souhaits qui sont ceux de tous les évêques des Gaules qui tentent de monter au roi la direction que pourrait prendre son gouvernement et sa future administration.

Un rapprochement évident est fait entre Clovis et l’empereur Anastase qui règne depuis 491 sur l’Orient, tout en devant dans le fond sinon dans la forme exercer sa souveraineté sur l’Occident et Clovis. Toutefois ici Clovis ne tient pas son royaume de l’empereur mais de « la divine Providence » (l.5)

Ce parallèle avec Byzance ne s’arrête pas seulement ici. En effet, dans cette lettre Clovis est même placé au premier plan. Clovis est « lumière » et Anastase n’est que « clarté » : « Certes, la Grèce peut se réjouir d’avoir un prince qui partage notre religion, mais désormais elle ne sera plus seule à mériter(…), l’éclat d’une gloire nouvelle » (l.17-20)

De par cela il en découle les obligations de nature impériale que doit porter Clovis en Occident. Comme Constantin, il est pacificateur, instigateur de paix et soutien de l’orthodoxie catholique. Constantin avait d’ailleurs tranché à Nicée contre l’arianisme. Par son baptême Clovis a de nouveau écarté cette voie arienne et s’est montré « l’arbitre de notre temps » (l.5-6) voulu par la divine Providence. « Le choix que vous faites pour vous-même est un jugement valant pour tous » (l.6). Avit de Vienne reconnait également ici l’aptitude royale de Clovis à juger en matière de foi de ce qui est bon et ce qui ne l’est pas.

L’évêque était un personnage de grande influence, et utilisa celle-ci auprès des souverains burgondes. Il ne parvint pas à convertir Gondebaud roi de Burgondie, et à l’arracher à l’hérésie arienne, il baptisa par contre son fils, Sigismond. Cela montre très nettement le désir profond qu’a Avit de voir émerger un royaume catholique en Europe Occidentale. Dans cette même idée, Avit souligne également certains traits essentiels de la royauté de Clovis qui est de nature nouvelle, compte tenu du fait qu’elle est nicéenne, et qui plus est la seule en Occident et dans tout l’ancien empire. Cette royauté est un don de la Providence et cela confère au roi des devoirs, et ce malgré le fait que ce royaume soit bien étroit, ses ennemis nombreux, aussi bien de l’intérieur que de l’extérieur.

Le baptême du roi et des Francs donne à tous ceux qui sont dans le royaume une même vertu, ils sont tous à Dieu, et tous doivent contribuer à l’expansion du royaume, conçu comme « royaume de Dieu » (l.49). Avit souhaite voir en Clovis le souverain d’un futur grand royaume Occidental catholique, mené sous la direction