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La Bête humaine, Zola

Commentaire d'oeuvre : La Bête humaine, Zola. Rechercher de 53 000+ Dissertation Gratuites et Mémoires

Par   •  16 Septembre 2021  •  Commentaire d'oeuvre  •  1 041 Mots (5 Pages)  •  586 Vues

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Les Frères Goncourt, auteurs du « premier roman naturaliste », Germinie Lacerteux, posent la question de savoir si les malheurs du « petit peuple » seraient aussi émouvants que ceux des « grands ». A travers La Bête humaine d’Emile Zola, nous essaierons de répondre à cette question et de comprendre si Zola renouvelle le genre de la tragédie. Nous étudierons d’abord les éléments de la mise en place de la tragédie ainsi que les sentiments et motifs en présence, puis, dans une seconde partie nous verrons comment Zola met en œuvre ces éléments et la peinture qu’il en fait. Enfin, dans une dernière partie, nous tenterons de montrer que la fin du roman est plus affreuse que tragique et d’expliquer ce que le réalisme apporte vraiment à la tragédie selon Zola. Zola met en place dans La Bête humaine des éléments du tragique. Son roman ne fait l’impasse sur aucune laideur dans ce monde. Citons l’injustice du système corrompu et en faveur des « grands » de ce monde dont le juge Denizet est une représentant, un milieu défavorisé, le monde du rail (voir la maison du garde- barrière à la Croix-de-Maufras ou encore la cabane au fond des bois de Cabuche). Le lieu de l’action, entre Paris et Le Havre, est réduit aux gares du Havre et Saint-Lazare et à leurs alentours. En cela on peut dire que l’unité de lieu, bien qu’élargit, est en quelque sorte respecté ! Les bases du déséquilibre étant posées, Zola, par un « effet de zoom » se focalise sur les interactions entre les protagonistes. Ceux-ci sont mus par des sentiments peu nobles tels que la jalousie, la haine, la convoitise, la colère ou encore le désir de vengeance. Car c’est bien la jalousie de Roubaud qui est le point de départ de « l’intrigue principale ». S’il n’avait pas découvert la « liaison » de Séverine avec Grandmorin rien de tout cela ne serait arrivé. A cela il faut ajouter l’alcoolisme (de Roubaud), la « tare hétéditaire » de Jacques et le caractère animal voire bestial des autres personnages : la force de Flore, la laideur de Cabuche gratifié même de « loup-garou », Séverine qualifiée de « féline ». Cette liste dressée, il reste à voir comment Zola conçoit la mise en œuvre. Il est temps maintenant d’examiner comment tous ces éléments fonctionnent sous l’œil et la plume de Zola. Séverine devenue orpheline est « recueillie » par 3 Grandmorin qui lui a pris sa virginité. Plus tard, Roubaud devenu son époux en concevra une terrible jalousie qui le conduira à assassiner le notable dans le train Paris-Le Havre. Ironie du sort, c’est en fuyant ses instincts de tueur que Jacques (repoussé par Flore) est témoin de la scène du crime. C’est bien lui et pas un autre personnage qui devient le témoin du crime commis par Roubaud et de son épouse Séverine. Il va devenir le troisième élément du couple Roubaud. Comme chacun sait trois est un chiffre impossible ! Après avoir poussé Séverine dans les bras de Jacques, Roubaud va peu à peu sombrer dans l’alcoolisme et le dégoût poussera Séverine à essayer de convaincre son amant de le tuer. Le récit qu’elle lui fait du meurtre de Grandmorin et l’incitation à commettre celui de Roubaud sont pour elle synonymes de danger de mort ; elle « réactive » en quelque sorte Jacques qui lutte contre ses instincts. C’est encore la jalousie qui fera de Flore une meurtrière. Loin de n’être que suggérés ou évoqués les meurtres font l’objet de descriptions « hyperréalistes » et aucun détail n’est épargné au lecteur. Le cou de Grandmorin a été à moitié coupé en deux et porte une plaie « affreuse (…) une plaie labourée, comme si le couteau s’était retourné en fouillant ». Lors du déraillement de Lison, les détails affreux sont présents ; la petite fille aux mains broyées ou encore le couple dont la femme coincée dans les décombres empêche son mari de respirer et qui meurt transpercée…par le train. Quand Jacques plante son couteau dans la gorge de Séverine « il retourne l’arme en frappant » (…) « par un effroyable besoin de la main qui se contentait ». Le crime est commis mais ce n’est pas fini. Dans le dernier chapitre Jacques a une nouvelle machine, la « 608 » et une nouvelle « femme », la maîtresse de Pecqueux. Tout semble « restauré », reconstruit comme pour mieux recommencer. La jalousie de Pecqueux le fait boire et provoquer Jacques dans le train. A l’issue de leur bagarre, ils tombent tous les deux du train à pleine vitesse et on les retrouve « sans tête et sans pieds ». Il semblerait que Zola ait voulu montrer que les mêmes causes produisent les mêmes effets et que seule la mort peut y mettre fin. L’époque est au déterminisme. Le réalisme voulu par Zola met en scène des personnages agis par leurs sentiments et plutôt par leurs pulsions et La Bête humaine est une peinture sans concession de ces hommes et de ces femmes « d’en bas » pour reprendre les mots des Frères Goncourt dans la préface à Germinie Lacerteux. Ces hommes et ces femmes ne sont sous l’œil de Zola que des « bêtes de laboratoire ». Ils sont loin des dieux des 4 tragédies antiques, loin de Dieu et ne sont soumis qu’à la destinée d’une mauvaise naissance. Leur destin est horrible mais simplement horrible. Il manque à « ces larmes qu’on pleure en bas » la dimension métaphysique, intellectuelle et la beauté. Antigone ou Médée souffrent d’exister, les personnages de Zola sont cruels, seulement. Dans La Bête humaine, Zola intègre beaucoup d’éléments dignes d’une tragédie et les sentiments présents se retrouvent dans la Tragédie. L’horreur y st présente comme dans les tragédies mais elle y est différente, tapageuse, créée de toute pièce par l’auteur. Elle n’est pas le fruit des tourments de l’âme et des questionnements conjugués à la volonté des dieux. Le réalisme renouvelle certes le genre de la tragédie dans sa façon de peindre la condition humaine mais il lui ôte de son pouvoir de car le roman n’inspire ni la crainte ni la pitié qui selon Aristote sont nécessaire à la catharsis.

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