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La laitière et le pot au lait

Commentaire de texte : La laitière et le pot au lait. Rechercher de 53 000+ Dissertation Gratuites et Mémoires

Par   •  13 Avril 2020  •  Commentaire de texte  •  1 628 Mots (7 Pages)  •  2 906 Vues

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La laitière et le pot au lait

Perrette sur sa tête ayant un Pot au lait

Bien posé sur un coussinet,

Prétendait arriver sans encombre à la ville.

Légère et court vêtue elle allait à grands pas ;

Ayant mis ce jour-là, pour être plus agile,

Cotillon simple, et souliers plats.

Notre laitière ainsi troussée

Comptait déjà dans sa pensée

Tout le prix de son lait, en employait l'argent,

Achetait un cent d'œufs, faisait triple couvée ; (10)

La chose allait à bien par son soin diligent.

Il m'est, disait-elle, facile,

D'élever des poulets autour de ma maison :

Le Renard sera bien habile,

S'il ne m'en laisse assez pour avoir un cochon.

Le porc à s'engraisser coûtera peu de son ;

Il était quand je l'eus de grosseur raisonnable :

J'aurai le revendant de l'argent bel et bon.

Et qui m'empêchera de mettre en notre étable,

Vu le prix dont il est, une vache et son veau, (20)

Que je verrai sauter au milieu du troupeau ?

Perrette là-dessus saute aussi, transportée.

Le lait tombe ; adieu veau, vache, cochon, couvée ;

La dame de ces biens, quittant d'un œil marri

Sa fortune ainsi répandue,

Va s'excuser à son mari

En grand danger d'être battue.

Le récit en farce en fut fait ;

On l'appela le Pot au lait.

Quel esprit ne bat la campagne ? (30)

Qui ne fait châteaux en Espagne ?

Picrochole, Pyrrhus, la Laitière, enfin tous,

Autant les sages que les fous ?

Chacun songe en veillant, il n'est rien de plus doux :

Une flatteuse erreur emporte alors nos âmes :

Tout le bien du monde est à nous,

Tous les honneurs, toutes les femmes.

Quand je suis seul, je fais au plus brave un défi ;

Je m'écarte, je vais détrôner le Sophi ;

On m'élit roi, mon peuple m'aime ;

Les diadèmes vont sur ma tête pleuvant :

Quelque accident fait-il que je rentre en moi-même ;

Je suis gros Jean comme devant.

Introduction :

La fable, du latin « fabula » qui signifie « récit, fiction », est un court récit à visée morale et didactique, mettant généralement en scène des animaux dont on retrouve les premières traces avec Esope dans l’Antiquité. Forme d’allégorie, la fable livre une leçon, un enseignement d’autant plus efficace qu’elle est séduisante, qu’elle suscite l’étonnement : la symbolique animale, ou végétale et parfois humaine permet de révéler l’individualité de l’homme, ainsi que ses faiblesses. Le XVIIème et XVIIIème proposent le modèle de « l’honnête homme » qui fait l’objet de nombreuses critiques argumentées dans la littérature mondaine qui précèdent les interrogations sur le rapport aux autorités des Lumières. Jean de Lafontaine bourgeois de province, anobli grâce à sa carrière littéraire s’inscrit dans le classicisme du XVIIème siècle. C’est en publiant des recueils de fables des textes en vers brefs et plaisants inspirés de l’Orient et de l’Antiquité, sous forme d’apologue que Jean de Lafontaine connaît un large succès et s’instaure comme un pilier de son mouvement. Issu du second recueil de fables contenant les livres VII à XI, « La laitière et le pot au lait » narre les rêveries d’une laitière qui est bien vite rattrapée par une réalité : blessante. Cette apologue vise à mettre en garde le lecteur face aux dangers de l’imagination.

Plan linéaire :

Comment Lafontaine met-il en scène le bonheur puis le malheur de Perrette et quelles leçons pouvons-nous en tirer ?

Lafontaine fait une présentation de Perette (vers 1-10) et de ses rêveries (vers 11-21), de son brusque retour à la réalité (vers 22-29) qu’il conclut avec une leçon de sagesse (vers 30-43).

I. La présentation de Perrette

Vers 1 : présentation du pot au lait et de Perrette

Vers 2 : le pot au lait est précieux, elle en a conscience « bien posé sur son coussinet »

Vers 3 : tenue simple et pratique car souhait exprimé mais « prétendre » annonce que cela ne va se passer comme prévu.

Usage de l’imparfait « prétendait » temps de l’habitude, de la narration champ lexical du mouvement – elle est déterminée. Le déterminant possessif « notre » laitière met en confiance et instaure une relation entre le lecteur et la laitière, style est plaisant et rythmé.

Vers 8 : « sa pensée » = son imagination

Vers 10 : c’est l’explication de son rêve

II. La laitière rêve

Vers 10 : « Triple couvée » + « soin diligent » = fortune gagnée vite et bien plus elle avance plus elle quitte la réalité « La dame » est une ironie de l’auteur qui se moque des rêves de la laitière. Perrette confond présent et avenir.

Vers 11 : le nom « soin » montre les efforts fournis par la jeune paysanne qui se voit déjà à la tête d’un poulailler tout entier grâce à ses bons soins.

Vers 12-20 : La jeune femme s’imagine ses investissements futurs et la gestion de son patrimoine pour les prochaines années partant de simples poussins à l’achat d’une vache, « D'élever des poulets autour de ma maison (…) Vu le prix dont il est, une vache et son veau ». Les vers de 8 et de 12 syllabes alternent ce qui donne un rythme qui montre l’imagination mouvementée et chaotique de la laitière.

Vers 14 : le futur « le renard sera bien habile » à défaut de conditionnel vient annoncer avec certitude

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