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La littérature d’idées du XVIe au XVIIIe siècle

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Par   •  23 Janvier 2022  •  Analyse sectorielle  •  1 805 Mots (8 Pages)  •  490 Vues

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 La littérature d’idées du XVIe au XVIIIe siècle

Ecrire et combattre pour l’égalité

Œuvre intégrale : Olympe de Gouges, Déclaration des droits de la femme et de la citoyenne, 1791

Lecture linéaire 5, « Postambule »

de « Femme, réveille-toi » l.1 à « vous n’avez qu’à le vouloir » l.19.

Situation de l’extrait :

Un postambule est un texte situé à la fin d’un texte principal. Le terme est formé sur la racine ambulare qui signifie « aller, cheminer » et le préfixe « post- », signifiant « après ». 

Le début du préambule essayait de convaincre les hommes du bien-fondé de la démarche d’Olympe de Gouges. Ce postambule, qui utilise les mêmes procédés oratoires que le préambule, s’adresse au contraire aux femmes, qui ont, elles aussi besoin d’être convaincues. 

Les articles, repris de la Déclaration de 1789 dans laquelle Olympe de Gouges fait œuvre polémique en introduisant ses propres analyses sur les droits à accorder aux femmes, sont précédés d’un « Préambule » où elle a violemment interpellé ses adversaires : « Homme, es-tu capable d’être juste ? ». Dans le « Postambule », c’est aux femmes qu’elle adresse un vibrant appel. 

Mouvements du texte :

1.      L’appel au sursaut et à la révolte, du début du texte à « quand cesserez-vous d’être aveugles ? » l.6

2.      Le constat d’une inégalité marquée, de la ligne 6 « Quels sont les avantages » à la ligne 13 « entre vous et nous ? »

3.      Des revendications placées sous le signe de la raison, de la ligne 13 « Tout » à la fin du texte

 L’appel au sursaut et à la révolte, du début du texte à « quand cesserez-vous d’être aveugles ? » l.6

« réveille-toi » l.1

Impératif à valeur d’ordre + métaphore

Olympe de Gouges se positionne comme la voix de la raison et cherche à provoquer une réaction chez ses interlocutrices, c’est-à-dire l’ensemble des femmes.

« Femme, réveille-toi ! » l.1

ton injonctif + tutoiement

Olympe de Gouges ne peut qu’appeler les femmes à reprendre la lutte. Le ton de ce postambule est, en effet, injonctif, déjà à travers l’interpellation initiale de la destinatrice, d’abord au singulier et familièrement avec le tutoiement.

« le tocsin de la raison » l.1

Périphrase

Le « tocsin de la raison » fait référence à la Révolution française et au fait qu'elle s'appuie sur les principes des Lumières, comme l'égalité et la liberté.

« de préjugés, de fanatisme, de superstition et de mensonges » l.2-3

Accumulation/énumération péjorative

Au contraire, l'Ancien régime est décrit à travers le lexique de la bêtise et de l'ignorance comme une société corrompue.

« le flambeau de la vérité » l.3

Allégorie

En théorie, la révolution s’est voulue libératrice, comme le montre l’allégorie qui vient renforcer ce progrès : « Le flambeau de la vérité a dissipé les nuages de la sottise et de l’usurpation », image qui rappelle l'appellation même de « siècle des Lumières ». 

« les nuages de la sottise » l.3

Métaphore

Image représentant symboliquement l’idée que l’on se faisait à l’époque de l’esprit féminin : mesquinerie, bêtises et flatteries.

« briser ses fers » l.4

Métaphore

Dans les premiers temps de la Révolution, les femmes ont aidé à mettre en place ces principes – liberté, égalité, fraternité –, comme le traduit l’image : « L’homme esclave a multiplié ses forces, a eu besoin des tiennes pour briser ses fers » mais dès l’instant où l’homme s’est emparé du pouvoir, il a relégué la femme au rang inférieur.

« Quand cesserez-vous d’être aveugles ? » l.6

Question rhétorique

L'interrogation finale est marquée par la tonalité polémique. Olympe de Gouges sous-entend en effet que les femmes sont en partie responsables de leur sort, et les incite à plus de clairvoyance. Les femmes sont « aveugles » puisqu'elles laissent les hommes les asservir et n'agissent pas pour mettre fin à cette situation. Leur passivité est implicitement soulignée.

Le constat d’une inégalité marquée, de la ligne 6 « Quels sont les avantages » à la ligne 13 « entre vous et nous ? »

« Quels sont les avantages que vous avez recueillis dans la Révolution ? » l.6

Question rhétorique

Dans la réponse à cette question, Olympe de Gouges fait le constat de l'échec de la Révolution française en ce qui concerne les droits des femmes ; le changement de régime leur a même fait perdre le peu d'influence qu'elles avaient.

« mépris » l.6, « corruption » l.7, « détruit » l.8, « injustices » l.8

Champs lexicaux de la bassesse et de l’oppression

Ce procédé fait pleinement ressortir le fait que les femmes n’ont gagné, par la révolution, qu’une égalité trop théorique, qui ne s’inscrit pas dans les faits.

« Un mépris plus marqué, un dédain plus signalé » l.6-7

Parallélisme/phrase nominale hyperbolique

L'injustice des hommes s'impose dès lors ainsi que l’indifférence face à celles qui les ont soutenus au moment des combats.

« la réclamation de votre patrimoine » l.9

Périphrase

Ce groupe de mots renvoie aux droits des femmes, à savoir au statut égal avec le sexe masculin dont elles devraient bénéficier. Par le choix du terme patrimoine, qui fait référence à un ensemble de biens hérités collectivement, Olympe de Gouges souligne que ces droits sont naturels.

« qu’auriez-vous à redouter ? » l.9, « Craignez-vous… » l.10

Questions rhétoriques

Cette lutte n’est pas présentée comme facile, et Olympes de Gouges envisage qu’elle puisse effrayer les femmes, en prévoyant leurs objections.

« le bon mot du Législateur des noces de Cana » l.10

Référence biblique

Aux yeux des hommes la femme n’est que faiblesse, par « nature » d’abord : « femmes, qu’y a-t-il de commun entre vous et nous ? », voilà la question qui fonde son infériorité. Les « décrets de la nature » seraient donc la loi absolue, justifiant que « la force leur [ait] ravi » toute forme de pouvoir social.

À cet argument est venu s’ajouter le poids de la religion, à laquelle fait allusion l’ironique formule « le bon mot du Législateur des noces de Cana », très irrespectueuse puisqu’il s’agit du Christ lui-même. Celui-ci, à sa mère, Marie, qui lui avait signalé que les convives n’avaient « plus de vin », a, en effet, sèchement répondu : « Que me veux-tu, femme ? » Et Marie s’était respectueusement inclinée. 

Aux yeux de l’auteure, cette réponse ne fait que reprendre le mépris attaché à la nature féminine depuis le péché d’Ève.

« longtemps accrochés aux branches de la politique, mais qui n’est plus de saison » l.11-12

Périphrase/allégorie

L’auteure critique ainsi les préceptes de la religion chrétienne, qui pourrait légitimer l'inégalité des sexes et continuer à influencer la vie politique du pays, comme pendant l'Ancien régime.

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