La terre

e et le début d’un travail sur soi.

L’initiation commence donc par le cabinet de réflexion durant lequel est vécu un long moment de solitude. Et là je me replonge dans ma propre expérience, je revois les objets qui m’entourent dans cette pièce obscure. Le sentiment qui prédomine est celui de la mort, je dois rédiger un testament, un crâne me regarde fixement, une inscription VITRIOL est inscrite sur le mur. Pourquoi cette inscription ? A quoi peut- elle faire penser dans la tête d’un profane ? Maintenant que j’en sais un peu plus sur la signification de tout cela, la Terre représente la descente aux enfers, symbolisée justement par la formule VITRIOL : visite l’intérieur de la Terre, et , en rectifiant tu trouvera la pierre cachée ».

La formule VITRIOL est donc une formule qui doit guider l’apprenti ou le maçon tout au long de son voyage : S’analyser sans complaisance pour aller vers la sagesse. La terre est source de vie, elle me prépare à ma renaissance et à mon évolution spirituelle. Il me faut donc passer par la Terre, me dépouiller de mes métaux, accepter de mourir pour renaître. Tel un germe, je suis enfoui dans la terre. La terre, mère nourricière, effectue un travail de décomposition, de transmutation, en opérant ce changement elle libère une énergie vitale. Le germe que je suis, se nourrit de celle-ci, et me permet de pousser, de grandir et d’éclore vers la lumière, ce qui va m’amener à une renaissance, à prendre une nouvelle direction dans ma vie.

Descendre au plus profond de moi, mourir, pour renaître à la vie spirituelle dans le silence.

Je dirai donc que la Terre est le symbole de la fécondité, de la régénération, elle a le pouvoir de créer, de nourrir et de faire renaître. La Terre est une terre alchimique, lieu permettant la mutation du profane à l’initié, de l’individu à la fonction de Frère.

Selon Clémence Duval, le passage par le cabinet de réflexion marque un croisement entre mort et vie, lieu de concentration des forces vitales, le cabinet de réflexion représente les ténèbres couvant la lumière, le lieu par lequel le postulant doit passer pour sortir à la lumière, naître à la conscience.

Dans ce lieu souterrain et clos, le profane est plongé dans les ténèbres afin de méditer et de réfléchir. Le récipiendaire entre librement et sans bandeau dans ce lieu, il découvre la lumière qui brille secrètement au sein des ténèbres et perçoit le cheminement qui conduit à sa source.

Le postulant vit cette épreuve assis et immobile mais pourtant cette immobilité n’est qu’apparente car commence à ce moment là le début d’un travail sur soi, le commencement du passage de la pierre brute à la pierre taillée. Inconsciemment, l’esprit, lui, est en perpétuel mouvement, c’est en cela que l’on peut considérer le passage par le cabinet de réflexion comme déjà un premier voyage initiatique.

Ce passage par le cabinet de réflexion va donc consolider les bases et la volonté de l’homme à vouloir aller plus loin, à chercher à s’améliorer et va lui donner la force pour amorcer un long voyage initiatique et affronter les épreuves qui suivent

L’épreuve de la Terre est également un moment ou le postulant découvre la solitude, il est seul, découvre tout un tas de symboles et personne n’est là pour lui expliquer ce qui se passe. Il doit rédiger son testament et ne sait pourquoi sur le moment. Il ne sait pas ce qui l’attend ensuite et là encore personne n’est là pour lui donner des réponses. Pourtant cette solitude est paradoxalement le début de la communion, une communion avec soi même mais aussi avec tous ceux qui vont devenir ses frères.

Le franchissement du seuil du temple comporte deux dimensions : la solitude et la communion. La solitude ancre l’être dans la terre de son désir initiatique, elle lui apporte force et stabilité, le recentre sur l’essentiel pour lui permettre d’aller jusqu’au bout de son engagement. Mais il est également vrai qu’en naissant à la vie initiatique, l’être ne sera plus jamais seul. A l’issue de l’initiation c’est certainement le sentiment qui prédomine chez la plupart d’entre nous. Ce sentiment que tous les hommes ou femmes qui nous entourent ne sont que bienveillants envers nous et ne sont là que pour nous aider dans tout ce que nous entreprendrons.

« l’initié est semblable au pèlerin qui dirige ses pas vers la lumière de l’origine. Sa marche est une recherche de la vérité qui le conduit vers de nouveaux paysages et ne connaît pas d’arrêt » (Salomon Trimousin, 1708)

Dans la littérature maçonnique, il est entendu que l’épreuve de la terre équivaut au passage par le cabinet de réflexion mais la notion de voyage est rarement évoquée en tant que telle. En effet il est convenu que lors de l’initiation, nous opérons 3 voyages où nous sommes purifiés par les trois autres éléments, mais le passage par le cabinet de réflexion ne pourrait il par être également considéré comme un voyage ?

Traditionnellement le cabinet de réflexion se situe symboliquement au centre de la Terre, d’où l’inscription VITRIOL, bien qu’immobile, le récipiendaire effectue un voyage à travers les symboles et c’est cela le sens de cette formule qui invite ce dernier à explorer tout ce qui l’entoure. Dans les recherches que j’ai pu faire en faisant cette planche, j’ai pu trouver que cette formule avait comme anagramme L’OR Y VIT. Est-ce aussi une clé qui permet de comprendre cette formule ? En lisant cette anagramme on peut comprendre que si l’on garde cette formule à l’esprit nous avons le cheminement conduisant à la lumière, à l’or spirituel.

Selon basile Valentin : « Comme la mère cache l’enfant dans son ventre et le nourrit elle-même, de même, la terre, par son esprit reçu d’en haut, garde vivants les minéraux enfouis dans son sein. »

La théorie que les métaux sont vivants et comparables à des embryons, la terre étant la matrice qui les enfante, est attestée dès la plus haute antiquité.

On peut faire le parallèle entre la naissance des métaux dans les entrailles de la Terre et celle du nouvel initié qui va passer des ténèbres du cabinet de réflexion à la lumière du temple. Durant le séjour souterrain il y a la révélation de la dimension alchimique de l’être, tel le minerai extrait