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Le couple maître valet du mariage de Figaro ne vise-t-il qu’à faire rire ?

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Par   •  1 Avril 2023  •  Dissertation  •  2 928 Mots (12 Pages)  •  511 Vues

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Le couple maître valet du mariage de figaro ne vise-t-il qu’à faire rire

        Au XVIII -ème siècle, la société française est fracturée : les inégalités divisent le peuple. En effet, de nouvelles fortunes apparaissent du côté du peuple alors que la noblesse est ruinée. La vie et les avantages des aristocrates sont alors remis en question. On assiste donc à une montée des contestations : la bourgeoisie veut jouer un rôle politique et faire reconnaître ses droits.

Parallèlement, les idées des Lumières imprègnent peu à peu la société : elles prônent la liberté sous toutes ses formes, notamment celle d'accéder à l'emploi que l'on souhaite et l'égalité entre les Hommes.

Ces idées sont largement reprises par Beaumarchais dans sa pièce de théâtre Le mariage de Figaro, créée en 1784. Étant novatrice sous différents aspects, cette comédie remporte tout de suite un immense succès. En effet, elle fait entendre la voix du valet et présente celui-ci comme un véritable héros : il porte l'action et donne son nom à la pièce. Cette œuvre porte ainsi au premier plan la question ancillaire. L'idée qu'il est difficile d'exercer une charge en dehors de sa condition est également omniprésente. Beaumarchais lui-même, homme aux multiples talents, a du mal à se résoudre à l'exercice d'une seule fonction. Il raconte ici l'histoire de Figaro, valet polyvalent du Comte Almaviva, qui doit épouser Suzanne, camériste de la Comtesse. Cependant, le Comte veut remettre au goût du jour le droit de cuissage et fait des avances à Suzanne. Figaro, Suzanne et la comtesse vont donc tout faire pour empêcher le comte de parvenir à ses fins et sauver l'honneur des deux couples.

Beaumarchais accumule les péripéties dans un rythme effréné au cours de cette « folle journée », titre initial de la comédie. Une des principales vertus de l'œuvre reste en effet le rire : comique de situations, comique de mimes et de mots, comique de caractères; satire de la justice traitée sur le mode de la farce; dialogue étincelant d'ironie; humour constant des personnages principaux qui leur interdit de s'abandonner à la tristesse ou à la lâcheté; tous ces éléments créent un irrésistible rire: c'est le rire de Figaro et de Suzanne, le rire plus jeune encore de Chérubin et de Fanchette et le rire général du dénouement qui écarte le drame.

Les relations de Figaro et de son maître ne font pas exception et leurs dialogues sont empreints d'humour. Ainsi, nous pouvons nous demander si la relation maître valet ne vise qu'à faire rire. Nous verrons tout d’abord que le couple maître-valet déchaine en effet le rire des spectateurs puis, nous verrons que ce couple comique permet tout de même de susciter la réflexion du public.

I : Certes la relation maître-valet déchaine le rire des spectateurs

A/ La fourberies et la niaiserie du valet et du maître

a/Le valet apparaît comme un meneur de jeu, sa malice, et ses paroles le rendent supérieur à son maître comme nous pouvons le voir à l’Acte I scène 10 où Figaro qui ne peut pas lutter à armes égales contre le Comte organise une vaste mise en scène pour piéger son maître et pour le forcer à renoncer publiquement à Suzanne. Il règle le rôle de la foule afin d’obliger son maître libertin à se conformer à l'image publique qu'il veut donner de lui. Figaro lui déclare alors « Permettez donc que cette jeune créature, de qui votre sagesse a préservé l'honneur, reçoivent de votre main, publiquement, la toque virginale, orné de plumes et de rubans blancs, symbole de la pureté de vos intentions. » Le spectateur se rit alors de la situation du Compte impuissant qui s’est fait jouer par Figaro.

b/ De même, à l’acte V scène 19, alors que la ruse finale du rendez-vous du Comte et de la Comtesse est dévoilée, la niaiserie du Comte déchaine le rire du public lorsque le Comte comprend enfin la situation après les autres personnages, il déclare alors : « J’ai voulu ruser avec eux ; ils m’ont traité comme un enfant ! »

B/ Les ruses du duo

a/ Il arrive que le maître et le valet se lient dans une intrigue commune. Dans cette œuvre, en termes de ruses et de manipulations, Suzanne et la Comtesse dominent le jeu par leur présence d’esprit et leur habilité dans le mensonge. En effet elles sauvent la situation à plusieurs reprises trompant encore et encore la vigilance du Comte. Comme à l’acte II scène 19 qui est une scène de quiproquos et où la Comtesse renverse la situation, catastrophique pour elle et où Suzanne dirige la manœuvre. Se forme alors une situation comique où le Comte se trouve surpris, ridicule et désemparé alors qu’il croyait à une infidélité de sa femme et du jeune page Chérubin.

b/ Par leur opposition constante, Figaro et le compte déchainent aussi le rire des spectateurs notamment lorsque Figaro son maître en ridicule par sa répartie à l’acte III scène 5, alors que le Comte attend l’arrivée de Figaro après l’avoir fait demander, un duel verbal se met en place : « Les domestiques ici… sont plus longs s’habiller que les maîtres ! » « C’est qu’ils n’ont point de valets pour les y aider. »

II : Cependant, ce couple comique parvient également à susciter la réflexion du public

A/ Le valet remet en cause l’ordre établi par son maître et dénonce l’inégalité entre les Hommes

a/ Figaro dénonce les privilèges de son maître et des nobles et remet en cause l’ordre social nous le voyons tout au long de la pièce notamment à l’acte V scène 3 où Figaro déclare : « Noblesse, fortune, un rang, des places, out cela rend si fier ! Qu’avez-vous fait pour tant de bien ? Vous vous êtes donné la peine de naître, et rien de plus. ». En effet, malgré ses qualités, Figaro ne peut se détacher de la classe sociale qui lui impose son rôle de valet. Le valet par sa position de serviteur représente le peuple et son rôle social souligne le pouvoir excessif des maîtres.

b/ Il propose aussi un discours féministe et contre le fonctionnement de la justice en effet, à l’Acte III scène 16, à la suite de son procès contre Marceline, qui souhaitait l’épouser et qui se trouve finalement être sa mère, Figaro s’exclame « Elle allait me faire faire une belle sottise la justice » puis « Elle a raison ! » lorsque Marceline déclare que les femmes sont « traitées en mineurs pour nos biens, punies en majeures pour nos fautes ! »

B/ Le couple maître valet est représentatif de la relation entre les hommes

a/ Le comte possède une supériorité indiscutable sur ses sujets comme il l’exprime clairement dès l’acte I scène 7 lorsqu’il prend la décision de renvoyer Chérubin car il l’a surpris chez la jeune Fanchette. C’est pour cette raison que Chérubin explique selon la didascalie « piteusement » : « Suzanne, il me renvoie ». Dans la société les Hommes connaissent souvent des relations de domination et de soumission que le couple maître valet permet de dénoncer.

b/Dans la même idée, Figaro se plaint du manque de reconnaissance de la part de son maître alors que c’est grâce à lui que Rosine, la Comtesse, est sa femme car il l’a aidé à la séduire dans le premier volet de la trilogie qu’est Le barbier de Séville. A l’acte V scène 3, Figaro proteste donc : « Un grand seigneur passe à Séville ; il me reconnaît, je le marie ; et pour prix d’avoir eu par mes soins son épouse, il veut intercepter la mienne ! ». Le Comte se pense tout puissant, il estime qu’il a tous les droits même vis-à-vis de ses serviteurs.

Grâce à cette pièce qui naît dans une période troublée, Beaumarchais parvient à critiquer les privilèges des aristocrates et à remettre en question la structure sociale existante. Il propose aussi un discours féministe et une critique du fonctionnement de la justice. Le maître et le valet qui connaissent une relation de dominé-dominant permettent à la fois de faire rire le spectateur par des ruses autant que par des absurdités mais aussi par leur opposition constante à dénoncer les hommes de la société et leur rapports inégaux en lien avec leur classe sociales.

Le couple maître-valet possède donc deux rôles très différents au sein de la pièce puisqu’il la rend comique tout en offrant une véritable vissée didactique à l’auteur.

Il va donc au-delà de la simple fonction de divertissement du public, il a également pour objectif de faire réfléchir les spectateurs sur les enjeux de la pièce.

Comme dans Le mariage de Figaro, c'est le cas dans la relation entre Sganarelle et Dom Juan dans la pièce de Jean Baptiste Poquelin dit Molière de 1665 intitulée Dom Juan. Ces deux personnages emblématiques de la littérature française font à la fois rire et réfléchir. Leur relation met en effet en lumière des thème importants tels que le pouvoir, la manipulation, la liberté ou encore la question de la foi, qui sont autant de sujets de réflexion pour le public mais qui sont traités dans une tonalité comique comprenant notamment la prétention et l’ironie de Sganarelle qui déclenchent le rire du spectateur.

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