"Le monde comme il va", Voltaire
Commentaire de texte : "Le monde comme il va", Voltaire. Rechercher de 53 000+ Dissertation Gratuites et MémoiresPar mathnab • 17 Septembre 2017 • Commentaire de texte • 1 562 Mots (7 Pages) • 3 915 Vues
INTRODUCTION
Le XVIIIème siècle, époque des Lumières, voit naitre de nombreux textes argumentatifs. Parmi eux : l’apologue, arme des philosophes pouvant ainsi s’exprimer librement, distraire le lecteur (La fontaine en écrit dans ses Fables : « c’est proprement un charme : il rend l’âme attentive, ou plutôt il la tient captive ») et diffuser leurs idées à travers la fiction. Voltaire se spécialise dans le conte philosophique, les plus célèbres étant Candide, Zadig ou encore l’Ingénu. Il publie Le Monde comme il va en 1748, contant les histoires du scythes Babouc en Perse. Mais les vérités que Voltaire souhaite montrer, peuvent-elles s’exprimer à travers cette fiction ? L’étude dans un premier temps des caractéristiques du conte et de la « fable » nous permettra ensuite d’aborder la dénonciation des « vérités » visée par l’auteur.
LE CONTE
Le Monde comme il va répond aux codes du conte traditionnel. Tout d’abord par sa structure, Babouc le personnage principal semble mener une vie banale jusqu’à ce que cette situation initiale soit bouleversée. Comme dans Candide, le héros se voit contraint au départ (cette notion de départ marque souvent chez Voltaire le début du conte, de la quête ou ici de la mission) qui le mène à une suite de péripéties. On note en effet une impressionnante successions d’actions, de lieux et de personnages : « Babouc monta sur son chameau et partit », « entra dans un camp », « passa dans le camp des Indiens », «il arriva dans cette ville », « il alla dans un des plus superbes temples de la ville » … Face à ces enchainements, le lecteur ne s’attend plus à une logique de l’histoire, mais se contente de suivre les évènements : c’est ici encore une caractéristique du conte, avant tout fiction purement imaginaire. Cet aspect est également renforcé par l’utilisation d’articles indéfinis : « l’un deux », « un autre », « un petit vieillard », « un petit mage ». Seul le dénouement diffère des fins de contes attendues, en effet il n’est pas vraiment moralisateur, puisque qu’aucun changement n’est opéré malgré les nombreux vices de Persépolis décrits au cours du récit, le génie laisse aller le monde comme il va ce qui semble contraire à la philosophie de Voltaire et plus généralement des Lumières. Même Babouc, personnage principal ne semble contrairement à candide, pas avoir acquis un savoir particulier lors de son voyage, ayant seulement fait office d’observateur objectif, ne se plaignant pas même de la décision finale du génie.
Tout comme dans Zadig, Le monde comme il va se déroule en Orient. Ce cadre exotique fait donc bien du Monde comme il va un conte oriental (genre littéraire inventé en Europe au XVIIIe siècle) : « sur le rivage de l’Oxus », « plaines de Sennaar », Babouc et un scythe et Ituriel est le génie chargé de la Haute-Asie. L’instauration de cette ambiance est accentuée par le procédé de l’œil neuf, appliqué ici au personnage principal, marqué par ces détails tout comme le sera le lecteur lors de son récit. Mais on remarque également que ces descriptions sont parfois très imagées et réductrices. En effet certaines ne sont pas sans rappeler les mille et une nuits, affectionnées par Voltaire : Babouc se déplace à dos de chameau, la guerre est due à un eunuque et les dirigeants sont des « satrapes ». Cette exagération finit de poser ce décor oriental et plonge une fois de plus le lecteur dans l’univers du conte.
C’est également le cas du merveilleux. Tout comme le conte oriental le conte merveilleux et un genre, il se caractérise par son déroulement dans un univers où l'invraisemblable est accepté, où le surnaturel s'ajoute au monde réel sans lui porter atteinte. Dans le monde comme il va, cet aspect apparait dès la première page avec l’évocation du génie Ituriel, ainsi qu’à la dernière page avec la référence biblique à Jonas : « Jonas qui se fâcha de ce qu’on ne détruisait pas Ninive. Le manque de vraisemblance se ressent également dans les portraits des personnages tout blancs ou tout noirs sans nuance, qui rappellent les personnages de conte de fée ou encore à certains passages les caractères de La bruyère, portraits qui ne manquent pas d’ironie, comme ceux des lettrés : « ces hommes qui faisaient profession de sagesse ». Enfin ce merveilleux est ressenti autant par le lecteur que par Babouc qui en spectateur étranger est sujet à l’étonnement, l’indignation ou enfin l’émerveillement.
Ces trois différents aspects constituent donc le « voile de la fable », mais cette dernière recouvre en vérité certaines leçons
LES REALITES DENONCEES
Voltaire dénonce dans un premier temps des travers sociaux. La ville de Persépolis semble en effet abriter des mœurs qui révoltent le personnage principal. Celui-ci est choqué tout d’abord par la légèreté de l’attitude de ses hôtes au chapitre IV : « Cependant il s’aperçut que la dame, qui avait commencé par lui demander tendrement des nouvelles de son mari, parlait plus tendrement encore, sur la fin du repas, à un jeune mage », « l’assura que dans toutes les maisons de Persépolis il trouverait l’équivalent de ce qu’il avait vu dans la sienne » (on remarque que l’attitude des femmes choque bien plus Babouc que celle des hommes ce qui peut révéler une certaine misogynie dans le discours). L’auteur dénonce ensuite la conduite d’une élite (constituée de mages et de lettrés) présentée comme envieuse, jalouse, mal attentionnée et inutile : « ils se disaient en face des choses insultantes, qu’ils se croyaient
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