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Lecture analytique- L'homme qui rit

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Par   •  6 Octobre 2018  •  Commentaire de texte  •  2 552 Mots (11 Pages)  •  15 006 Vues

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L’homme qui rit de Victor Hugo

Introduction : Victor Hugo est le chef de file du romantisme au XIX ème siècle. Engagé politiquement, il prône des idées de liberté et de justice. Il est à la fois poète, romancier et dramaturge. Dans L'Homme qui rit, paru en 1869, il renoue avec un personnage qu'il affectionne : le monstre, déjà abordé dans Notre Dame de Paris avec le personnage de Quasimodo. Gwynplaine, fils de Lord, a été enlevé par des bandits qui lui ont taillé un sourire permanent alors qu’il était enfant. Recueilli par un comédien généreux, il gagne sa vie avec ses spectacles de rue. (Le vieillard Ursus et son loup Homo, recueille également Déa, une enfant aveugle). Un jour, le jeune homme apprend qu'il est le baron Clancharlie.( Il est réintégré dans ses titres et installé à la Chambre des lords). Là, il se pose en avocat des malheureux, des déshérités mais il se heurte aux moqueries provoquées par sa grotesque difformité. ( Il s'échappe, et va retrouver Dea, qui l'avaient cru mort et qui expire dans ses bras). Gwynplaine finit par se noyer de désespoir. Le passage, prend place au milieu du roman. L’auteur décrit sa difformité.

Lecture

On se demandera en quoi cette description permet de mettre en place une réflexion philosophique (problématique). Tout d’abord, on verra que Victor Hugo établit à la fois un portrait réaliste et subjectif de la difformité de Gwynplaine (partie 1) puis qu’à travers la forme ironique de son écriture il réussit à nous faire réfléchir sur la nature humaine (partie 2) .

I. Description de Gwynplaine

a. Une description réaliste : Tout d’abord Victor Hugo nous fait une description réaliste : Il utilise le champ lexical du visage : l2 : « bouche », « oreille », « yeux », puis : « visage »vl4. , « Deux yeux », « bouche » l7, « narine » l8 . Puis l43 : joue, front sourcil. Cette description réaliste est nécessaire pour donner de la crédibilité au personnage.

b. Mais cette description bascule vers une étrangeté, une subjectivité qui lui donne un côté irréel :

- Une bouche, certes mais une « une bouche s'ouvrant jusqu'aux oreilles, » (l2-3) des oreilles, certes mais des oreilles se repliant jusque sur les yeux, un nez informe » (l2-3).

- La difformité est telle qu’elle nécessite des comparaisons pour que le lecteur puisse se la représenter : « Deux yeux pareils à des jours de souffrance » l7, « un hiatus pour bouche » l 7-8, « une protubérance camuse avec deux trous qui étaient les narines » l8 et « pour face un écrasement » (l.6-7).

- De plus, l’auteur utilise le champ lexical de l’étrange afin d’accentuer le côté symbolique de la description : « l’espèce de visage inouï» l 41 , « industrie bizarrement spéciale » l 41, « mystérieuse opération » l47, « étrange figure » l50.

C. La description finit par montrer un personnage clownesque, sa laideur fait rire : en effet après avoir décrit le visage mutilé, l’auteur annonce l’effet que produisait Gwynplaine sur les autres :

- Grâce au rythme ternaire de 3 phrases courtes dont la dernière est non verbale, l’effet est spectaculaire, à l’image de ce qu’il produit sur scène : « Gwynplaine était saltimbanque. / Il se faisait voir en public. / Pas d’effet comparable au sien » l33. –

- Dans ce paragraphe, l’auteur insiste sur le côté représentatif de Gwynplaine : « se faisait voir » l33, « apercevaient » l35, « on voyait » l36, « il parlait » l36. Le monstre fait rire : « un visage qu’on ne pouvait pas regarder sans rire» (l. 3-4).

- L’homme détruit, peut guérir : il s’agit d’un paradoxe. Le monstre guérit: « Il guérissait les hypocondries rien qu'en se montrant » (l35)

- On voit également une exagération dans les deux expressions utilisées : « se tenir les côtes et se rouler par terre : Deux termes utilisé pour exprimer une hilarité extrême : L’effet suscité (le rire) est poussé à l’extrême.

- Enfin Dans l’expression « Spleen était à un bout, et Gwynplaine à l’autre » (l38) le Spleen qui est l’ensemble de profonds sentiments de découragement, d'isolement, d'angoisse et d'ennui est personnifié par une majuscule et par le fait qu’à l’autre bout se trouve Gwynplaine, un homme. Tout cela augmente l’effet pathétique de l’extrait. Le lecteur ressent de la compassion pour ce personnage qui fait rire malgré lui.

Transition : Mais l’auteur, à travers cette description à la fois réaliste, irréel et contrastée, cherche à nous interpeler et pose une réflexion philosophique sur la nature humaine.

II. Une réflexion philosophique

a. L’auteur s’adresse au lecteur

- En premier lieu, l’auteur s’adresse aux lecteurs, il nous prend à partie : « Qu’on se figure » l55. L’utilisation du pronom indéfini est choisi : « on » représente les lecteurs. L’auteur effectue bien une argumentation destinée à nous convaincre mais il conduit sa réflexion et ses hypothèses et nous propose de le suivre.

- Il s’interroge afin de nous interpeler. Il ponctue le texte d’interrogations : « ne l’avait-on pas aidé ?» (l6) (attention : ce on n’est plus le lecteur, ce mystérieux on , il ne le définit pas mais , il s’agit en fait de ceux qui l’ont mutilés…) « pourquoi pas » l18, « par quelle providence » l31.. Ainsi donc, il emet des questionnements auxquels il ne répond pas afin de laisser réfléchir le lecteur. Il propose l’hypothèse de la science. Il effectue alors une description très précise de la mutilation en utilisant le champ lexical de la science et de la chirurgie : « sections, obtusions, ligatures » l23 puis « cartilage, muscle zygomatique, cicatrices, lésions : l25-27. Cette longue description ce termine par une conclusion : « On ne nait pas ainsi ». l28. . ll n’accuse pas d’emblée mais amène le lecteur avec lui à sa conclusion : l’affreuse mutilation a été faite exprès.

- D’ailleurs ses interrogations sont entrecoupées d’affirmations qui ne laissent aucune place au doute : « il est certain que » l9 ; « il semblait évident » l20 « avec préméditation »l22.

b. Il s’adresse au lecteur et utilise un registre ironique pour nous frapper

- Victor Hugo exprime la même idée tout au long de l’extrait: Gwynplaine, a été mutilé pour permettre à des hommes de l’exhiber dans des foires. Et les monstres sont autant ceux qui l’ont mutilé que ceux qui paient pour le regarder. Mais pour exprimer cela , il utilise l’ironie.

- Il conclut à chaque fois un paragraphe par une phrase ironique :

- A la fin du premier paragraphe,, après sa description il conclut par une interrogation : « Ne l’avait-on pas aidée ? » -

- Puis il termine le troisième paragraphe, qui vient d’expliquer l’affreuse mutilation chirurgicale d’une autre phrase ironique ; « Quoiqu’il en fût, Gwynplaine était admirablement réussi » l29.

- Enfin le dernier paragraphe s’achève par une comparaison de Gwynplaine a un personnage de la mythologie, un monstre hideux et dangereux qui pétrifie tous les êtres qui le regardent , un oxymore ironique : « Qu’on se figure une tête de Méduse, gaie » l 20 . Chacun se représente la gorgone hideuse, entourée de multiples serpents : on ne l’imagine pas gaie. L’ironie est donc employée pour frapper le lecteur et insister sur l’horreur et la monstruosité des mutilateurs.

- Comble de l’ironie, Victor Hugo compare Gwynplaine à une œuvre d’art. « La nature ne produit pas toute seule de tels chefs- d’œuvre » (l.9, adjectif),, « de cette sculpture puissante et profonde était sorti ce masque, Gwynplaine. » (l.26) => champ lexical de l’art. Le ton ironique vient du fait qu’en général, une œuvre d’art est considérée comme belle donc l’écrivain transforme le laid en beau : le monstre est un chef-d’œuvre, une création, création née de la destruction.

c. A travers Gwynplaine, Victor Hugo pose des questions sur la nature humaine

- Tout d’abord il nous propose une première réflexion philosophique qui apparait en ligne 11 : « le rire est-il synonyme de joie ? » Autrement dit l’apparence physique est-elle en phase avec les sentiments que l’on ressent ?

Cet homme rit malgré lui. Le lecteur découvre avant tout le désespoir d’un saltimbanque qui fait rire (antithèse).Il y a un contraste permanent entre l’apparence rieuse de Gwynplaine et ses sentiments. Les phrases sont courtes, symétriques, antithétiques et binaires :

- « Sa face riait, sa pensée non » l40 ;

- « le dehors ne dépendait pas du dedans ». l42.

De plus le « rire » et ses substantifs ou formes verbales sont utilisés en permanence dans l’extrait et côtoient du vocabulaire emprunté au champ lexical de la tristesse et de la souffrance : « tristesse des hommes » l 30, souffrance l51, colère, pitié : l51. La construction de nombreuses antithèses associent en permanence la face figée à la tristesse intérieure du personnage : « le rire est pétrifié » l45; « s’il eut pleuré,

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