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Lecture analytique - La Princesse de Clèves - La scène de bal

Commentaire de texte : Lecture analytique - La Princesse de Clèves - La scène de bal. Rechercher de 53 000+ Dissertation Gratuites et Mémoires

Par   •  31 Décembre 2018  •  Commentaire de texte  •  3 004 Mots (13 Pages)  •  5 744 Vues

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Scène de bal, la rencontre avec M. de Nemours

Extrait de La Princesse de Clèves – de Mme de la Fayette (1678)

Le plan

I – La description d’un bal royal élogieux au Louvre selon un jeu de regards

        a – Éloge des apparences

        b – Un jeu de regard selon différents points de vue

II – Une scène exceptionnelle de rencontre amoureuse mais déjà avec une teinte dramatique

        a – En quoi cette scène est-elle exceptionnelle

        b – Et pourquoi déjà avec une teinte dramatique

III – Deux personnages socialement semblables mais pourtant opposés

        a – La Princesse de Clèves : une attitude pleine de retenue et de mesure.

        b - Le duc de Nemours : « libre » de rester sous le charme de la princesse.

        c – Deux visions du monde opposées

Introduction

        Voici une lecture analytique d’une scène de rencontre lors d’un bal royal au Louvre entre la Princesse de Clèves et le Duc de Nemours qui se voit pour la première fois.

Mme de la Fayette est un auteur français du XVIIème siècle faisant partie de la noblesse, elle naît fille d'un écuyer du roi. Elle écrit dans un style tout en retenue et ne sombre pas dans le pathétique ou le pittoresque. À cet égard, elle est un auteur classique car elle respecte à sa manière les règles de l’écriture classique (sobriété, retenue, vraisemblance).

Son roman, la Princesse de Clèves édité en 1678 est aujourd’hui considérée comme le premier roman d’analyse, aussi appelé roman psychologique. En effet, l’auteur met l’accent sur les pensées et les sentiments des personnages. L’intrigue se déroule à la cour du roi Henri II (soit un siècle avant la rédaction), tous les personnages sont issus de la noblesse et ont réellement existé, excepté le personnage principal.

Au début du roman, Mademoiselle de Chartres a seize ans lorsqu’elle est introduite à la cour. Elle a reçu une éducation exemplaire et se montre très vertueuse. Elle est très admirée pour sa beauté et son élégance, ainsi que pour ses qualités morales. Le Prince de Clèves en tombe éperdument amoureux et la demande aussitôt en mariage. Sur les conseils de sa mère, Madame de Chartres, elle accepte ce mariage et devient la Princesse de Clèves.

Quelque temps plus tard, elle rencontre, lors d’un bal royal, le Duc de Nemours, et ces personnages tombent éperdument amoureux l’un de l’autre. Mais, la Princesse étant mariée, celle-ci s’interdit toute manifestation de sa passion. Leur relation se limite à des échanges de regards, une conversation indirecte… Madame de Chartres, avant de mourir, met en garde sa fille contre les dangers de ce désir illégitime et la supplie de lutter contre son amour. Elle décide alors de fuir la cour et se retire à la campagne, mais le Duc la suit pour l’observer à la dérobée. Puis, pour rester digne et loyale envers son mari, elle lui avoue qu’elle est éprise d’un autre homme. Monsieur de Clèves, rongé par la jalousie, pense avoir été trahi et meurt de chagrin.

Enfin, la Princesse se retire dans un couvent et refuse de revoir le Duc de Nemours. Elle mourra quelques années plus tard.

La Princesse de Clèves est restée fidèle à ses valeurs morales, en choisissant de ne pas épouser celui qu’elle aime, par respect et fidélité pour son défunt mari.

Lecture du texte :

 « Elle passa tout le jour des fiançailles chez elle à se parer, pour se trouver le soir au bal et au festin royal qui se faisaient au Louvre. Lorsqu'elle arriva, l'on admira sa beauté et sa parure ; le bal commença, et comme elle dansait avec monsieur de Guise, il se fit un assez grand bruit vers la porte de la salle, comme de quelqu'un qui entrait, et à qui on faisait place. Madame de Clèves acheva de danser et pendant qu'elle cherchait des yeux quelqu'un qu'elle avait dessein de prendre, le roi lui cria de prendre celui qui arrivait. Elle se tourna, et vit un homme qu'elle crut d'abord1 ne pouvoir être que monsieur de Nemours, qui passait par-dessus quelques sièges pour arriver où l'on dansait. Ce prince était fait d'une sorte, qu'il était difficile de n'être pas surprise de le voir quand on ne l'avait jamais vu, surtout ce soir-là, où le soin qu'il avait pris de se parer augmentait encore l'air brillant qui était dans sa personne ; mais il était difficile aussi de voir madame de Clèves pour la première fois, sans avoir un grand étonnement.

        Monsieur de Nemours fut tellement surpris de sa beauté, que, lorsqu'il fut proche d'elle, et

qu'elle lui fit la révérence, il ne put s'empêcher de donner des marques de son admiration. Quand ils commencèrent à danser, il s'éleva dans la salle un murmure de louanges. Le roi et les reines2 se souvinrent qu'ils ne s'étaient jamais vus, et trouvèrent quelque chose de singulier de les voir danser ensemble sans se connaître. Ils les appelèrent quand ils eurent fini, sans leur donner le loisir de parler à personne, et leur demandèrent s'ils n'avaient pas bien envie de savoir qui ils étaient, et s'ils ne s'en doutaient point.

        - Pour moi, Madame, dit monsieur de Nemours, je n'ai pas d'incertitude ; mais comme madame de Clèves n'a pas les mêmes raisons pour deviner qui je suis que celles que j'ai pour la

reconnaître, je voudrais bien que Votre Majesté eût la bonté de lui apprendre mon nom.

        - Je crois, dit madame la dauphine, qu'elle le sait aussi bien que vous savez le sien.

        - Je vous assure, Madame, reprit madame de Clèves, qui paraissait un peu embarrassée, que je ne devine pas si bien que vous pensez.

        - Vous devinez fort bien, répondit madame la dauphine ; et il y a même quelque chose d'obligeant pour monsieur de Nemours, à ne vouloir pas avouer que vous le connaissez sans l'avoir jamais vu.

        La reine les interrompit pour faire continuer le bal ; monsieur de Nemours prit la reine dauphine. Cette princesse était d'une parfaite beauté, et avait paru telle aux yeux de monsieur de Nemours, avant qu'il allât en Flandre ; mais de tout le soir, il ne put admirer que madame de Clèves. »

        En quoi cette scène annonce-t-elle le destin tragique des deux personnages ?

        Tout d’abord, nous décrirons en quoi ce bal royal au Louvre est élogieux et s’appuie sur un jeu de regards, ensuite nous verrons en quoi cette scène de rencontre amoureuse est exceptionnelle mais annonce déjà une teinte tragique à l’intrigue et enfin nous nous attacherons aux deux visions semblables mais pourtant opposées qu’apportent les deux personnages.

I – La description d’un bal royal élogieux au Louvre selon un jeu de regards

        a – Éloge des apparences

  • Évènement mondain et toute la Cour est présente : ce sont les fiançailles de la fille du roi.
  • Louanges entre eux : montre qu’il est important de bien paraître en société.
  • Soin dans leur tenue. Plusieurs passages le prouvent : « Elle passa tout le jour des fiançailles chez elle à se parer », « l’on admira sa beauté et sa parure », « le soin qu’il avait pris de se parer »,  « trouvèrent quelque chose de singulier de les voir danser »
  • Caractéristiques exceptionnelles des personnages principaux : « l’air brillant qui était dans sa personne », « difficile aussi de voir Mme de Clèves pour la première fois, sans avoir un grand étonnement ».
  • La Princesse de Clèves se soucie de l’interprétation qui pourrait être faite par les autres autour si elle montrait ouvertement qu’elle a reconnu le Duc et dans quel émoi elle se sent après avoir danser avec lui.

        b – Un jeu de regard selon différents points de vue

Plusieurs points de vue différents dans cette scène de bal :

  • Le regard de la Cour sur le couple : « un murmure de louange », « l’on admira sa beauté »,

« quelque chose de singulier de les voir danser ensemble »,

  • Le regard de Mme de Clèves et celui du Duc de Nemours, autour du champ lexical de la vue : « elle cherchait des yeux », « vit », « surprise de le voir », « voir Mme de Clèves, « il ne put admirer que Madame de Clèves ».

Aujourd’hui, on parlerait de coup de foudre pour les deux personnes.

  • Narrateur externe qui prédomine ici alors que la suite du roman montre une focalisation interne où les sentiments et les pensées de Mme de Clèves sont clairement exposés.  Ce choix de changement de point de vue par l’auteur laisse aux lecteurs la possibilité de deviner les sentiments de la Princesse mais surtout de comprendre qu’elle ne peut pas les vivre : elle se l’interdit, vu sa position de femme mariée.

 

Transition : L’importance des apparences est décrite dans cet extrait comme étant une priorité car l’évènement est mondain. Le point de vue externe apporte à cette scène de rencontre son caractère tout en retenue pour Mme de Clèves. La note tragique pour les protagonistes est en train déjà de s’installer. Voyons pourquoi et comment.

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