Les Bonnes de Jean Genet
Fiche de lecture : Les Bonnes de Jean Genet. Rechercher de 53 000+ Dissertation Gratuites et MémoiresPar Eliza777 • 5 Janvier 2018 • Fiche de lecture • 1 038 Mots (5 Pages) • 1 265 Vues
Sujet : Madame revient à l’improviste et surprend ce débat animé entre ses domestiques. Imaginez la suite de la scène.
Madame entre en scène et reste un temps immobile face au débat animé qui s'offre à elle. Les bonnes, qui ne la voient pas, poursuivent leur échange.
CLAIRE. – Ma foi, tu as peut-être raison. On est ses bonnes. C’est tout. Ainsi, un jour viendra où Madame réalisera sans doute que nous sommes indispensables, que nous ne sommes pas seulement bonnes qu’à apporter le tilleul. Madame réalisera qu’elle a les plus bonnes domestiques. Mais Madame ne le sait pas. Elle veut qu’on règle ses comptes, qu’on nettoie et range les courses, qu’on entretienne le linge, le lave et le repasse…
SOLANGE, l’interrompant dans un élan de colère. – Qu’on entretienne les sols, le balai, l’aspirateur, la serpillère… Avec joie et bonne humeur ! Sans broncher sans nous permettre un soupir ! Enfin Claire ! Espérez-tu que Madame nous soie gratifiante ou soie simplement bienveillante quant à notre service ? Penses-tu que Madame serait le faire ?
CLAIRE, vindicative. – Madame aime Monsieur et c’est indéniable ; c’est là sa seule détermination dans la vie. C’est inlassable, elle ne saurait faire autrement sans Monsieur. Et nous ? Les bonnes ? Madame ne pourrait…
Elle vient d'apercevoir, dans le miroir, Madame qui la regarde à l'entrée de la chambre. Les yeux écarquillés, Madame jette un regard méprisant aux bonnes, qui s'écartent pour la laisser entrer dans la pièce. Madame s'avance vers Claire, qui se lève lentement de sa chaise où elle était assise et s'écarte. Madame, lentement, s'y assoit.
CLAIRE. – Madame ?...
MADAME, après un long silence, cinglante. – Claire. Ce tilleul (elle prononce bien tilleul), il est froid. N’êtes vous donc pas capable de faire un bon vrai tilleul chaud ? Est-ce trop ? Sauriez vous trop submerger par votre vie de bonne ? Vous charge-t-on trop de travail ? Vous savez, je ne juge pas être mauvaise. Je peux me montrer moins méprisante.
Madame se leva de sa chaise et se dandina devant les domestiques, hostile et d’un air arrogant jusqu’au porche de la porte.
MADAME. – Tenez, venez boire ce tilleul avec moi. Solange, prenez donc cette chaise qui se présente à vos genoux et venez donc me rejoindre dans la salle à manger.
Madame et les bonnes se déplacèrent dans un long silence impassible, vers la salle à manger. Elles traversèrent le corridor qui semblait infini aux yeux de bonnes et finirent par entrer dans la pièce sous les yeux acérés de Madame.
MADAME. – Entrez mes filles. Prenez ce dont il vous est nécessaire et ne vous gênez pas de ma présence à vos côtés. J’aimerai tant converser avec vous. Vous ne devez pas en avoir l’habitude. C’est vrai, à qui la faute ? Vous êtes de bien sages filles. Vous devez tant avoir de choses à me dire.
Solange et Claire se regardèrent, se demandant qui tentera la première à bafouiller quelques excuses pour leur conversation précèdant l’entrée de Madame. Solange commença et bafouilla quelques mots…
SOLANGE. – Nous sommes profondément navrées de la conduite que nous avons pu avoir. Nous espérons que Madame saura nous pardonner et faire preuve d’indulgente et…
MADAME. – Mais c’est déjà oublié ! Essayons de ne plus évoquer ce malentendu. Il est bien évident que je ne peux que me réjouir d’avoir d’aussi aimables servantes que vous. Qu’ai-je bien pu faire pour mériter d’aussi obéissantes boniches ? Une telle chance se célèbre ! Et bien ! Où ai-je la tête ? Tenez prenez mon tilleul, je vous permet de le boire. Je vous en pris. Allez-y, vous m’en ferais un autre.
CLAIRE, haut et fort. – Madame est douce ! Madame est bonne ! Madame est bonne, oui ! Mais il n’est pas nécessaire de montrer une telle générosité Madame.
SOLANGE, la suivant immédiatement en déposant le tilleul préparé sur la table de la salle à mangé, face à Madame – Oui Madame. Regardez celui-ci est déjà prêt et fais avec amour et abonde de nos excuses. Nous insistons. Nous en referons un autre s’il le faut. Madame mérite de boire et de se poser calmement maintenant, nous ne tenons pas à vous faire patienter plus de temps. Prenez celui-ci, nous insistons.
Madame aussitôt commença à siroter son tilleul, et fit la grimace.
MADAME. – Quel infâme goût ! Combien de temps l’avez-vous donc infusé ? Mon dieu, c’est abominable ! C’est un calvaire à boire, mes enfants ! Dois-je vous apprendre votre travail maintenant ?
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