Les moralistes
Dissertation : Les moralistes. Rechercher de 53 000+ Dissertation Gratuites et MémoiresPar justinecult • 11 Novembre 2018 • Dissertation • 1 959 Mots (8 Pages) • 2 029 Vues
CRESSON 1èreS5
Justine
DISSERTATION[pic 1]
Sujet 1 : Après avoir lu la fable de La Fontaine, “L’homme et son image” qui rend hommage à La Rochefoucauld, vous direz si les oeuvres des moralistes que vous connaissez vous semblent remplir la fonction de “ce canal formé par une source pure” permettant à “l’homme amoureux de lui-même” de voir et corriger ses défauts.
Après la barbarie du 16ème siècle marquée par de violentes guerres de religion, le 17ème siècle voit naître à la Cour de Versailles le “raffinement français”, un climat propice à la diffusion des oeuvres des moralistes qui s’inscrivent dans le courant des humanistes. Ces auteurs comme La Rochefoucauld dénoncent les comportements immoraux des hommes, et surtout leur amour-propre. Ils fixent les règles du jeu social dans une volonté de perfectionnement intérieur de l’être humain et de dénonciation de l’hypocrisie qu’on rencontre en société.
Dans sa fable l’homme et son image, Jean de La Fontaine assure que l’homme trop vaniteux est guéri par le Livre des Maximes de La Rochefoucauld car il contient une vérité, une sagesse plus fascinante que sa conviction erronée, et pourtant très attractive, d’être une créature idéale.
Nous pouvons alors nous demander en quoi l’oeuvre des moralistes est un ensemble de vérités qui permet aux humains de dépasser leur vanité et de voir et corriger leurs défauts.
D’abord nous verrons en quoi l’oeuvre des moralistes est un miroir objectif et universel pour les hommes puis nous verrons les limites et les failles de leurs jugements sur les humains.
D’après La Fontaine, à travers leur oeuvre, les moralistes proposent à l’homme “un canal formé par une source pur”, un miroir objectif où il pourrait voir son véritable reflet et prendre conscience de ses défauts.
En effet, les moralistes partant du postulat que l’homme est plein de bassesses ne cherchent pas à édulcorer leurs propos, à excuser l’homme, ils ont un regard plutôt froid, sceptique sur l’homme dans leur oeuvre. Un regard honnête, non corrompu par les règles de la société et du savoir-vivre qui poussent à flatter, à congratuler et à être agréable avec ses semblables en leur présence. Ainsi La Rochefoucauld montre une certaine clairvoyance par rapport à la nature humaine dans ses Maximes : “Ce que nous prenons pour des vertus n'est souvent qu'un assemblage de diverses actions et de divers intérêts, que la fortune ou notre industrie savent arranger. ». Il veut montrer à l’homme qu’il n’est pas une créature aussi élevée qu’il le croit, qu’il agit souvent pour lui-même, et que ce qu’il prend pour de la curiosité, de la générosité n’est parfois qu’hypocrisie et vanité. En effet La Bruyère dans ses Caractères, oeuvre dans laquelle il puise son inspiration de la Cour de Versailles écrit : “L'on dit à la Cour du bien de quelqu'un pour deux raisons : la première, afin qu'il apprenne que nous disons du bien de lui ; la seconde, afin qu'il en dise de nous. »
Il est évident que l’homme cherche à plaire, à être tenu en estime et c’est ce qui l’empêche d’être objectif vis à vis de ses semblables et de lui-même. Les moralistes poussent l’homme à se connaître lui-même, à construire ses opinions, son identité indépendemment des autres et de l’avis genéral. Les moralistes souhaitent planter la graine qui amènera au développement de leurs lecteurs. Pascal en fait une priorité dans ses Pensées : « Il faut se connaître soi-même ; quand cela ne servirait pas à trouver le vrai, cela sert au moins à régler sa vie : il n'y a rien de plus juste». Cette maxime invite l’homme à s’interroger sur le sens de sa vie, peut être à dépasser le reflet subjectif que lui offre la société pour se construire indépendemment des autres.
Les moralistes veulent aider au perfectionnement intérieur de l’individu, à ce que l’on appelerait aujourd’hui le développement personnel et cela s’inscrit totalement dans le courant du 17ème siècle où se développe en France l’art de la conversation, et où chacun veut développer son “esprit”, son opinion.
Cette quête de développement personnel est toujours d’actualité aujourd’hui, à l’heure où se développe la méditation, la psychotérapie… Ainsi, les citations des moralistes sont souvent assez universelles et peuvent amener chaque homme à réfléchir. D’ailleurs La Rochefoucauld s’inclue dans sa citation : “Si nous n’avions pas tant de défauts, nous ne prendrions pas autant de plaisir à en remarquer chez les autres” montrant bien que ce dont il parle est un défaut humain, que tout être est faillible. D’autre part, les moralistes évoquent surtout les défauts humains comme l’infidélité, l’avarice, la vanité qui ont touchés et toucheront toujours les hommes. Ainsi encore aujourd’hui, elles peuvent remplir la fonction de guide de conscience pour les hommes.
Pour les moralistes, quel meilleur moyen de toucher un homme qui a une haute estime de lui même de ne pas directement le mettre en scène dans sa leçon de morale, d’accompagner sa morale d’un récit. C’est le cas de nombreuses citations de moralistes qui utilisent l’anecdote pour faire prendre conscience de plus profonds problème comme lorsque La Bruyère dénonce l’inéquité entre les hommes et l’indifférence de certains dirigeants vis à vis de leur peuple dans ses Caractères : “Champagne, […] signe un ordre qu’on lui présente, qui ôterait le pain à toute une province si l’on n’y remédiait ; il est excusable, quel moyen de comprendre dans les premières heures de la digestion qu’on puisse quelque part mourir de faim ?”. D’autres, comme Jean de La Fontaine mettent en scène des animaux pour représenter des puissants de la Cour. Ainsi, pour dénoncer les flatteries dont les hommes font preuve entre eux et la vanité des hommes qui pour peu qu’on les flattent, se font complètement abuser, La Fontaine met en scène un renard rusé et un corbeau trompé par la flatterie dans sa fable Le Corbeau et le Renard. La morale de son histoire est que “Tout flatteur vit au dépens de celui qui l’écoute”. Peut être la meilleure manière de faire réfléchir et de faire comprendre à l’homme son idée est de ne pas l’attaquer directement et de lui proposer des images simples.
Les moralistes veulent avant tout faire réfléchir les hommes, leur apporter de la vérité, un “canal formé d’une source pur”, un miroir objectif dans lequel ils pourraient voir qui ils sont vraiment. Mais leurs jugements ne sont quelquefois pas adaptables à tous et n’invitent pas forcément à la réflexion.
Le pessimisme qu’ils ont vis à vis de l’être humain ne leur permet parfois pas de proposer une alternative, une possibilité d’amélioration de l’homme face aux défauts qu’ils décrivent et ils semblent parfois condamner l’homme à la médiocrité, et l’accabler de défauts. Ainsi Pascal fait preuve de fatalisme dans ses Pensées : . Nous sommes si présomptueux que nous voudrions être connus de toute la terre, et même des gens qui viendront quand nous ne serons plus ; et nous sommes si vains que l’estime de cinq ou six personnes qui nous environnent nous amuse et nous contente.” Cette vision fermée et critique apporte peut être la réflexion mais on sent quand même que Pascal n’imagine pas l’homme devenir autre et se séparer de son orgueil.
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