« L’exil est souffrance, mais aussi synonyme d’une liberté essentielle. » C. Cvinlinski
Dissertation : « L’exil est souffrance, mais aussi synonyme d’une liberté essentielle. » C. Cvinlinski. Rechercher de 53 000+ Dissertation Gratuites et MémoiresPar sarahmaye • 8 Février 2017 • Dissertation • 1 789 Mots (8 Pages) • 4 179 Vues
« L’exil est souffrance, mais aussi synonyme d’une liberté essentielle. » C. Cvilinski Fatou Diome, auteur du Ventre de l’Atlantique, nous raconte à travers son roman, sous le nom de Salie, une partie de sa vie en France et au Sénégal. Certes, ses propos ne sont pas complètement réels, car il s’agit d’une autofiction, cependant ils se rapprochent beaucoup de ce qu’elle a vécu et ressenti durant son exil. Pour elle, l’exil tel qu’elle le décrit dans son livre, a commencé dès sa naissance puis a continué avec ses choix de vie : ses études, son divorce et ses opinions qui l’ont petit à petit éloignée des siens, jusqu’à se sentir exclue. Mais ce n’est pas pour autant qu’elle se laisse abattre, elle affirme même que c’est cet exil entre deux mondes qui la constitue et qui fait partie de sa personnalité. Cette situation n’a certainement pas toujours été facile. C’est pour cela que Afin de disserter sur l’opinion de C.Cvilinski, nous allons nous demander en quoi l’exil est souffrance et pourquoi il inspire la liberté. L’exil suscite divers sentiments, comme de vives douleurs morales. En effet, la personne qui s’exile peut être considérée comme marginal, autant par ses proches et sa famille que par son nouveau pays d’accueil. La personne qui s’exile, comme Salie dans le ventre de l’Atlantique, est jugée différente des siens par ses choix de vie inspirés par une culture différente et une ouverture d’esprit. Ceux restés au pays ne comprennent pas, ce qui crée un fossé. D’un côté, Salie se cultive en faisant des études et se construit des opinions ainsi qu’un caractère. De l’autre côté, sa famille et les habitants de son village sur l’île de Niodior ne comprennent pas ses choix et idéaux. C’est pour cela qu’ils la méprisent. Par exemple à la page 170, Salie raconte : « Les femmes ne m’invitaient pas souvent dans leur monde ; aussi je ne partageais pas trop leurs activités. » (Page 170) À travers cette phrase, nous ressentons bien le rejet que vit Salie. En effet, nous voyons bien qu’il y a un fossé entre Salie est les autres femmes avec les termes « leur monde » et « leurs activités ». Cela montre que la protagoniste et les autres habitantes du village ne pensent et ne vivent pas de la même manière. Ce mépris dû à cette différence culturelle, Salie le ressent, à la page 171 : « Ma présence dérange ». Ces termes sont forts et clairs, ils montrent que Salie est consciente de ce que pensent les villageois et cela la blesse, car elle ne se sent pas à sa place. Donc l’exil réveille plusieurs sentiments : la solitude, le dérangement et la différence ; qui sont causés par un abîme qui se forme entre l’exilé et ses proches. En plus, de ne plus être acceptées dans leurs lieux d’origine, les personnes choisissant de s’exiler, ne sont pas non plus acceptées là où ils ont immigré. Effectivement, les personnes accueillant des immigrés expriment leur mécontentement par le racisme et la discrimination. Ces comportements sont déplacés, mais certes très courants. En effet, les étrangers sont en quelque sorte considérés comme inférieurs par certains groupes de populations. Ces derniers montrent, envers les migrants, des comportements hostiles et méfiants, se manifestant surtout par des insultes ce qui fait souffrir. Avec Moussa, nous avons un très bon exemple du ressenti que provoquent ces comportements racistes : « Motivé, Moussa offrait son dos aux blagues déplacées, se retenant de boxer les auteurs des injures et quolibets. » (Page 100) Ici, Moussa était en France en tant que joueur de football, recruté depuis le Sénégal. Les joueurs de son équipe se sont souvent moqués de lui et l’ont aussi souvent ridiculisé. Il en a beaucoup souffert, comme nous pouvons le voir avec l’exemple « se retenant de boxer ». Ces termes illustrent la haine accumulée par Moussa, qui est causée par tous les comportements inacceptables de ses équipiers. De plus, cette souffrance est accompagnée d’une déception, car aux pays, les exilés qui ont réussi se vantent de leur succès et mythifient la France. Cela a pour conséquence de fausser la réalité et retourner la tête des jeunes souhaitant s’en aller. En effet, ils se rendront vite compte que la réalité ne satisfait pas leurs attentes. La marginalisation de l’exilé par ses proches et la discrimination subie dans le nouveau pays mènent à une douleur encore plus forte : le sentiment de n’être accepté nulle part, d’être seul. À la page 224, Fatou Diome a écrit sous le nom de Salie : « La nostalgie est ma plaie ouverte et je ne peux m'empêcher d'y fourrer ma plume. L'absence me culpabilise, le blues me mine, la solitude lèche mes joues de sa longue langue glacée qui me fait don de ses mots. » (Page 224) À travers ces mots, elle nous dit qu’elle subit une perpétuelle tristesse liée au passé auquel elle ne peut s’abstenir de penser ; même derrière un moment de joie se cachent un chagrin et une solitude qui guettent et qui surgissent dès qu’ils peuvent. Seule l’écriture lui permet une sorte de libération cependant, pour elle, les mots ne sont pas suffisamment forts pour exprimer entièrement la peine qu’elle ressent. Nous avons montré que l’exil est souffrance, les causes principales étant le mépris, la discrimination et la solitude. Toutefois, ce n’est pas la seule conséquence. En effet, nous allons voir que l’exil inspire une certaine liberté. L’exil peut s’apparenter à la liberté, car il permet des conditions de vie meilleures que celle dans le pays d’origine. Par exemple, Salie relate les pensées de son frère : « Pour Madické, vivre dans un pays développé représentait en soi un avantage démesuré que j’avais [Salie] par rapport à lui. » (Page 44) Cette phrase montre que les habitants de l’île de Niodior pensent qu’en s’exilant, ils bénéficieront d’une vie meilleure. Ils s’imaginent une vie moderne dans un pays développé. Et pour eux, qui dit pays développé, dit réussite professionnelle. La réussite est une forme de liberté, car elle permet de gagner de l’argent et donc pouvoir s’acheter ce que nous voulons. Ce pouvoir d’achat témoigne d’une émancipation par rapport aux autres, qui est presque de l’individualisme, qui s’oppose à la communauté, laquelle nécessite une entraide et une dépendance des autres pour subvenir à ses propres besoins. Donc l’exil permet de se libérer de ce cercle de dépendance. D’un point de vue plus culturel, la séparation avec les siens permet par exemple à Salie d’être libre des traditions ancestrales, auxquelles elle ne s’identifie pas. Ces traditions sont celles par exemple la superstition et la croyance au Marabout. Un très bon exemple lorsque Salie dit : « Je l’ai [l’histoire du viol avec le Marabout] longtemps exhumée que pour dévoiler à Mackdiké ce que bien des marabouts cachent sous leur apparence de sainteté. […] le seul pouvoir du marabout consistait en sa capacité à disséminer ses gènes au gré du vent, et que les esprits qu’il invoquait résidaient dans son pantalon » (Page 158) Ici, Fatou Diome dénonce la tradition selon laquelle les marabouts seraient la solution des tous les problèmes, pour elle ils profitent malheureusement des chaque situation afin d’en tirer profit. De plus, Salie est agacée par la réaction de son frère qui, tellement qu’il croit aux marabouts, refuse de croire ce qu’elle lui raconte. Par cette dénonciation, nous pouvons imaginer que s’exiler permet donc de se libérer de cette croyance sans être jugée, car les croyances en France ne sont pas les mêmes. À cela, nous pouvons ajouter que ces croyances en France ne sont pas aussi ancrées dans les esprits de la même manière que pour les proches de Salie, ce qui lui permet une plus grande liberté d’esprit concernant toute tradition. Au-delà d’une liberté d’action et de croyance, l’exil favorise la liberté d’esprit par le développement de soi. En nous exilant, nous sommes dans une autre culture qui permet de nous libérer nous-mêmes. C’est-à-dire que cela permet d’effectuer un travail sur soi, de penser et de réfléchir à nos idéaux (qui n’ont plus besoin d’être dicté par une « communauté »). Ces trois éléments favorisent la construction notre propre personne, ce qui nous donne les moyens de nous affirmer et dès lors que nous pouvons nous affirmer, nous somme libre de ne plus de soumettre aux autres. Par exemple Fatou Diome, dit à la fin de son livre : « L’ailleurs m’attire, car, vierge de mon histoire, il ne me juge pas sur la base des erreurs du destin, mais en fonction de ce que j’ai choisi d’être ; il est pour moi gage de liberté, d’autodétermination » (p.226). Cela signifie qu’en n’étant plus sur l’île de Niodior, mais en France, elle est libre d’être qui elle veut, car elle n’est plus jugée à propos de son passé puisque les inconnus ne le connaissent pas. De plus, elle n’est pas jugée sur ses décisions, par conséquent elle est enfin libre de la pression qu’elle subissait par ses proches à propos de ses choix de vie, par exemple son divorce et la contraception. Finalement, nous pouvons dire que grâce à l’exil, elle n’est plus critiquée ce qui lui a permis de se construire et de s’affirmer. Ainsi, comme l’a énoncé C.Cvilinski, l’exil a deux visages : l’un étant la souffrance et le second la liberté. Dans le ventre de l’Atlantique, ces deux pans sont présents : la souffrance est illustrée par le mépris des siens qui crée un fossé entre Salie et ses proches, par les comportements racistes et discriminatoires subis en France, ainsi que par la solitude éprouvée qui est causée par le rejet à la fois des siens et des Français. Cependant, l’exil incarne également la liberté, car il permet de ne plus être dépendant des siens, autrement dit de subvenir seul à nos propres besoins. Salie a aussi pu se délivrer de toute tradition et autres superstitions auxquelles elle ne croyait pas et finalement, elle a pu s’acquitter du jugement de ses proches concernant les choix qu’elle a fait, comme son divorce ; cela lui a aussi permis de se questionner, se construire et s’affirmer. |
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