Médée Acte 1 Scene 4

rage contre Jason, que l’on voit par l’utilisation de l’impératif et par des interjections comme « Quoi ! » (v.235). Médée s’adresse directement à Jason en utilisant la 2e personne du singulier (« Tu t’abuses, Jason » v. 241). A travers son discours, Médée se présente d’abord comme victime, puis comme bourreau comme le prouve le champ lexical du crime ( forfait, meurtre, carnage, déchirer, crimes… v. 244 à 251).

Sa si forte indignation contre Jason nous laisse voir l’amour qu’elle éprouve toujours pour lui.

Dans son monologue, on voit clairement que Médée est en proie à un fort conflit intérieur, notamment à travers la succession d’antithèses qui opposent l’amour et la haine, leur rencontre et leur séparation, leur mariage et leur divorce (v. 242 à 248). Elle souhaite boucler la boucle, et terminer son mariage comme il l’avait commencé : dans le crime. Elle avait en effet tué un membre de sa famille et compte faire de même en assassinant ses enfants. Son discours se mélange, elle conte ses crimes passés tout en annonçant ceux à venir, et elle est partagée entre deux passions fortes : l’amour et la haine.

Mais les crimes de Médée ne peuvent être seulement qualifiés de passionnels. La sorcière semble en effet éprouver un réel plaisir à accomplir les crimes les plus atroces et considère ceux à venir comme son chef d’œuvre. Elle dit que ses crimes passés n’étaient réalisés que pour s’entraîner à ceux qui viennent (« Des crimes si légers furent mes coups d’essai » v. 251), et que sa vengeance sera bien plus atroce. « Déchirer par morceaux l’enfant aux yeux du père » (v. 249) n’est pour elle « que le moindre effet de (sa) colère ». Médée souhaite donc surpasser toutes ses atrocités en réalisant son chef d’œuvre, qui paraît d’autant plus effrayant parce qu’elle ne dit pas exactement ce qu’elle compte faire.

Dans ce monologue, Médée oscille entre l’amour et la haine, elle passe successivement de victime à bourreau, d’héroïne tragique à monstre.

Ce monologue donne à voir sa monstruosité, mais aussi sa sensibilité de femme trahie qui ne connaît comme solution que le crime. Le caractère controversé de Médée a inspiré de nombreux autres auteurs comme Euripide, et plus moderne, Max Rouquette.