Rhinocéros, Eugène Ionesco

Rhinocéros, d’Eugène Ionesco

                 Les deux Grandes guerres mondiales ont eu une influence majeure sur la littérature. En outre, la Seconde Guerre mondiale et de la montée du nazisme, amène les écrivains existentialistes de cette époque à prendre conscience de l’absurdité de la condition humaine. Ceci fait naître un nouveau courant, l’absurde. Antinazisme, Eugène Ionesco présente le 6 novembre 1959 son œuvre « Rhinocéros ». Cette pièce en trois actes est une métaphore de la montée du totalitarisme à l’aube du nazisme et porte sur les thèmes de massification et métamorphose. Pour dénoncer le phénomène de massification, il détaille, dans sa pièce, la réaction incongrue d’une petite ville lorsque ses habitants se voient transformés en rhinocéros et suivent tous un mouvement de masse à l’exception de Béranger. De plus, L’auteur utilise des caractéristiques propres au théâtre de l’absurde qui affermit la dénonciation de la massification.

                 Tout d’abord, Ionesco dénonce le phénomène de massification en détaillant la réaction incongrue d’une petite ville lorsque ses habitants se voient transformés en rhinocéros et suivent tous un mouvement de masse. D’une part, les rhinocéros sont l’emblème même du conformiste. En effet, juste avant la métamorphose de Jean en rhinocéros, il dit : « L’humanisme est périmé! » (p.106). Bérenger finit par dire : « Ce grand garçon si humain, grand défendeur de l’humanisme! Qui l’eût cru! » (P.115). Ainsi en devenant rhinocéros, Jean modifie sa propre méthode de pensée, pour devenir cet animal vivant uniquement de son instinct. D’autre part, A l’exception de Béranger qui reste solidaire à ses habitudes, les habitants de la ville ont tous perdu leur humanité. Afin d’être comme tout le monde, plusieurs habitants décident de se transformer en mammifère sauf Béranger. En effet, Bérenger est le seul à s'affoler de la rhinocérite « un homme qui devient rhinocéros, c'est indiscutablement anormal » et de la vitesse à laquelle les gens se métamorphosent. Il est le seul à conserver son humanité et sa façon d’être, et qui ne se conforme pas au mouvement populaire. En somme, Ionesco incarne le personnage de Béranger qui ne se suit pas forcément l’avis populaire, mais reste authentique a son humanité pour dénoncer la massification.

                 Ensuite, L’auteur utilise des caractéristiques propres au théâtre de l’absurde qui affermit sa dénonciation de la massification. En d’autres termes, l’auteur dépersonnalise ses personnages pour les rendre difficilement identifiables, et pour créer un effet de troupeau d’animal. Plusieurs des personnages ont des noms impersonnels reliés à leurs fonctions : « le vieux monsieur », «la ménagère », « la serveuse », « l’épicière », « l’épicier » « le patron » « le logicien ». La déshumanisation de leurs identités ramène les personnages au mode de vie conformisme social c’est-à-dire, qu’ils ne peuvent pas se permettre la liberté d’agir de façon différente de leur fonction attendue. D’autant plus, absence de communication entre les personnages laisse à voir comment il est difficile de raisonner les personnages totalitarisme. En effet, Bérenger tente de convaincre les habitants de se retransformer, mais se retrouve alors face à une barrière de langage. Il ne peut les convaincre puisque préalablement « il faut leur parler [et] pour leur parler, il faut qu’[il] apprenne leur langue » (p.160). Par le langage, Ionesco laisse voir à quel point il est difficile de faire comprendre à quelqu’un notre vision alors que sa vision est totalement différente et étroite. Bref, en utilisant la crise des personnages et l’absence de communication dans son récit, Ionesco affermit sa dénonciation du phénomène de massification en rendant ce phénomène absurde.