Baudelaire le chat

l : partir du premier terme "chat" qui sert d'hyperthème au processus descriptif : "les griffes de ta patte", "tes beaux yeux", le terme "caressent" qui renvoie à l'activité de l'homme sur l'animal. Construction du poème à partir de ces éléments évocateurs de la figure du chat. Étudier également leur place dans le vers, dans la strophe, dans le poème, et voir comment ils structurent ce dernier.

(hyperthème : voir http://commonweb.unifr.ch/artsdean/pub/gestens/f/as/files/4635/002385_100425.doc )

B/ L'humanisation du chat : le processus comparatif

Le chat est dans ce poème comparé à la femme du poème : "Son regard, / Comme le tien" : la locution comparatrice est rejetée au vers suivant par un phénomène de contre-rejet, où le verbe de la principale est isolé en fin de vers. L'impératif qui ouvre le poème peut s'appliquer autant au chat qu'à la femme. Les termes également référant en premier lieu au corps du chat peuvent très bien s'appliquer à la femme, hormis « les griffes de ta patte » qui se trouve au début. Petit à petit donc, le chat devient femme.

C/ Le chat porteur de rêves : le poème comme rêverie sur la femme

Repérer les termes renvoyant au champ lexical de la rêverie à partir de « en esprit » vers 9 : « plonger », « s’enivre », « nagent » sont des verbes extrêmement vagues et fonctionnant sur un mode métaphorique. Ils participent de la création de cette atmosphère onirique. A partir du vers 9, après la volte (entre les deux quatrains et les deux tercets), s’opère donc le basculement du côté du rêve. Le chat devient prétexte à une rêverie érotique sur la femme.

II Érotisme et sensualité : le chat comme objet de désir

A/ Les sèmes de la sensualité

Voir la structuration du poème par des termes sensuels : tout d’abord, ceux référent au corps (il y en a beaucoup) qui dessinent un corps de désir, et notamment « les beaux yeux », expression quasiment figée avec l’utilisation d’un adjectif hypocoristique servant simplement à exprimer l’affection plus qu’une véritable qualité de l’objet « yeux ». Voir les matières précieuses évoquées : « agate », « parfum » : ils dessinent une atmosphère de désir empreinte de sensualité. Le poème se fait prétexte au rêve érotique.

B/ Le rapport charnel

Voir dans le poème les éléments de contact entre le poète et le chat / femme, contact servi par le rapprochement dans le sonnet de certains termes. Voir notamment les verbes de contact, « mes doigts » et « ma main » qui organisent le second quatrain… Voir le mouvement du poème, du regard, au toucher, à la pénétration : un mouvement des sens qui vise un rapprochement entre les deux pôles de la relation érotique. Voir à l’intérieur du vers comment se distribuent ces deux pôles : ainsi le second quatrain : un vers pour le poète, un vers pour le chat, un vers pour le poète, un vers pour le chat. Voir également la couleur phonique des termes à la rime qui peuvent suggérer une relation de désir. Le poème se fait mimétique de la relation érotique

C/ Le chat phallique

Le chat se fait élément de pénétration à deux niveaux : il permet au poète d’entrer en contact avec la femme, ce qui est le rôle de la métaphore. Pénétrant l’esprit délirant du poète, il permet à ce dernier de faire advenir son songe érotique. Le chat peut également être une métaphore plus décalée d’une pénétration de la femme par le poète : voir ainsi le vers 11 où l’on peut légitimement lire une métaphore phallique.

Le chat est donc truchement d’une relation érotique entre le poète et la femme : le sonnet se fait lui-même lieu du désir.

III Le sonnet enivrant : une ascension vers l'idéal.

A/ L’espace du poème : le poème comme « lieu »

Voir Mallarmé sur cette conception du poème comme lieu et la célèbre phrase « rien n’a eu lieu que le lieu » (http://www.adpf.asso.fr/adpf-publi/folio/mallarme/mallarme15.html )

Voir comment se construit la relation érotique dans le sonnet : la distribution des pronoms personnels et possessifs appartenant d’une part au poète et d’autre part au chat / femme (1er quatrain : « mon » beau chat, « mon » cœur amoureux », laisse-« moi », « tes » beaux yeux). Ou comment la grammaire se fait adjuvante à la relation érotique. Poème qui va du « cœur amoureux » au « corps brun » : construction de l’objet comme espace de désir.

Voir également l’alternance entre rimes féminines et masculines qui est respectée ici alors que, on l’a évoqué, d’autres usages du sonnet sont balayés. Voir en quoi Baudelaire utilise les traditions poétique dans une perspective moderne.

B/ Du bon usage de l’allégorie

Voir ici l’utilisation de l’allégorie du chat dans une perspective historique, et notamment à travers une lecture rapide des autres poèmes sur le chat de Baudelaire. Traditionnellement, le chat est une représentation du Diable sur Terre, souvent le signe d’un malheur. Ici, il mêle cette dimension avec une perspective érotique très marquée. Voir finalement en quoi dans la tradition poétique l’on a pu assimiler le chat à la femme dans leur sensualité. L’allégorie du chat permet ainsi au poète de faire advenir la femme dans son poème. Il y a une vertu balsamique du chat.

C/ Direction idéal

Ce sonnet est finalement une porte ouverte vers l’idéal,