Fiche de lecture sur la tenue soignante et son impact
Fiche de lecture : Fiche de lecture sur la tenue soignante et son impact. Rechercher de 53 000+ Dissertation Gratuites et MémoiresPar enileda • 1 Mars 2024 • Fiche de lecture • 2 330 Mots (10 Pages) • 159 Vues
Le manuscrit dont il est question est un article intitulé « L’impact de la tenue vestimentaire des professionnels en soins infirmiers sur la qualité de la relation », issue de la revue « Perspective soignante » n°75 de décembre 2022. C’est une revue mensuelle relevant du domaine de la santé. Cet article a été rédigé par Wendy HIRBEC, infirmière diplômée à l’IFSI de Beauvais, elle exerce à la clinique du Bois de la Pierre (spécialisée dans la réadaptation locomotrice, neurologique, cardio-pulmonaire et polypathologique, et les soins palliatifs et de confort) depuis novembre 2017 à Wavre en Belgique. En 2022, elle obtient un Master en Sciences de la Santé Publique, au cours duquel elle rédige son mémoire « Avoir de la tenue dans sa tenue professionnelle : Etude qualitative sur l’impact de la tenue vestimentaire des professionnels en soins infirmiers dans la relation soignant/ soigné » dirigé par Walter HESBEEN doctorant en Santé Publique à l’Université Catholique de Louvain (Belgique). Infirmier de formation, il a été directeur des services hospitaliers du centre neurologique W. Lennox (Ottignies, Belgique), professeur à l’Ecole Nationale de Santé Publique à Rennes, lauréat de la fondation Van Goethen-Brichant pour la réadaptation. Actuellement il est responsable GEFERS (groupe francophone d’études et de formation en éthique de la relation de service et de soin) à Paris et rédacteur en chef de la revue « perspective soignante ». W. Hirbec a utilisé le style argumentatif, et cherche à démontrer si la tenue des soignants exerce une influence sur la relation soignants/ soignés. Pour se faire, elle a construit son argumentaire en trois parties. Une première partie avec un abord plutôt théorique, dans laquelle elle étaye son propos par des écrits sociologiques, historiques. Parmi les auteurs qu’elle a consultés, on peut trouver un docteur en sociologie, une responsable des ressources humaines, un ethnologue, un docteur en sciences humaines, un journaliste rédacteur en chef d’un quotidien ainsi qu’une infirmière cadre de santé. La seconde partie est un recueil de témoignages de soignants (infirmières en service ou occupant un poste administratif après plusieurs années d’exercices en service) qui apportent leur vision de la place qu’occupe ou a occupé la tenue dans leur pratique. Et enfin, elle conclut son article par la synthèse des témoignages et le recoupement avec le résultat de ses recherches théoriques. Le texte, bien que destiné à la communauté soignante, est rédigé dans un style abordable avec du langage courant et est de ce fait compréhensible de tous.
Wendy Hirbec, dans cet article, pose une problématique en se questionnant sur l’impact que pourrait avoir la tenue professionnelle des soignants dans leur relation avec les soignés, en quoi serait-ce un facteur influant ?
Dans cette première partie et afin que le lecteur puisse se représenter l’importance de la tenue, W. Hirbec commence par définir ce qu’est une tenue professionnelle, indépendamment du domaine d’activité de celui qui la porte, et ce qu’elle véhicule. Elle illustre son propos en citant A. Gervoise qui dit que c’est un « ensemble de vêtements et accessoires que revêt une personne pour exercer son activité professionnelle »[1] (A. G. , 2019) et A. Rigal qui pense que c’est un « symbole d’ascension sociale »[2] (A. R. , 2011). W. Hirbec en déduit que c’est le « reflet de l’institution dans laquelle la personne travaille ou encore un statut social » (Hirbec, 2022)[3]. Cela démontre que la tenue professionnelle est conçue dans un but précis et véhicule une image que ce soit celle du professionnel ou celle de l’entreprise ou de l’institution.
Ensuite, au travers d’une chronologie, elle détaille l’évolution de la tenue vestimentaire des soignants couvrant une période allant de 1870 aux années 1990, et fait un parallèle, avec l’évolution de la société, de la place de la femme dans la société, avec l’émergence de la notion d’hygiène et l’importance qu’elle va prendre du point de vue de la santé. Elle commence par lister les grandes périodes au cours desquelles la tenue a subi une évolution, en s’appuyant sur l’ouvrage de P. Lhez qui montre comment d’un vêtement foncé associé à la saleté et à une catégorie de personnes, on a évolué vers une tenue blanche symbole de pureté, tant au sens propre qu’au sens figuré, d’hygiène et profondément liée à la profession d’infirmière et plus généralement des soignants. Elle dit : « le noir ou le marron dominent dans les hôpitaux du XIX° siècle […] reflet des habitudes de vie antihygiéniques », « il est sale comme sont sales les personnes qui le portent », « le développement de l’hygiène va imposer le passage du noir au blanc critère essentiel de propreté » jusqu’à arriver au constat que le blanc est devenu « le grand symbole du corp médical hospitalier et celui de la femme soignante […] C’est au cours de cette période que se construit l’image de l’infirmière » (Lhez, 1995)[4]. On voit bien l’évolution qui s’est faite à la fois en termes de vêtements mais aussi de représentations.
Elle poursuit en une analyse plus sociologique de la tenue en s’intéressant aux représentations liées à celle-ci. Dans un premier temps, elle fait le parallèle entre l’aspect hygiénique de la profession et le besoin de se protéger et de protéger ses patients. Ainsi elle cite M. Pitte qui dit que « la tenue professionnelle est une mesure de protection « standard » de contact, qui limite les risques infectieux liés à la transmission des micro-organismes pour le soignant et le patient »[5] (Dulay, 2014). Ensuite, W. Hirbec évoque l’histoire religieuse des infirmières et établit un lien entre l’image que l’on se fait de l’infirmière et les valeurs, acquis qu’on y associe. C’est ce qu’explique P. Dulay en disant que la tenue renvoi à « une image de pureté, de propreté, de virginité, de disponibilité. La blouse s’impose comme l’uniforme de reconnaissance qui fonde le métier. Avec à la clé, des tâches bien définies. Il s’agit de charité, d’honnêteté, de compétences voire de sagesse. » (Pitte, 2019)[6]. C’est comme si la tenue conférait un pouvoir, une mission à l’infirmière, avec en plus l’émergence de l’idée que la tenue fédère, rassemble. Pour finir sur cette partie, elle explique comment avec l’évolution de la société, l’émancipation des femmes, la masculinisation des codes vestimentaires, les blouses ont évolué et sont devenues ce que l’on connaît aujourd’hui à savoir une tunique et un pantalon. Cela a permis d’uniformiser et de formaliser la tenue, ainsi elle est reconnue aux yeux de tous comme un signe distinctif qui identifie bien la personne qui la porte comme étant soignant et qui l’inscrit dans un groupe social et professionnel. Elle l’identifie comme un outil qui créerait du lien, de la cohésion, néanmoins elle nuance en alertant sur le fait que si la tenue peut fédérer, elle peut aussi être objet de frustration ou dévalorisation. En uniformisant une catégorie de personnes, elle peut nier ou gommer la spécificité de chacun. P. Lhez le dit, dans un groupe hospitalier « où plusieurs statuts cohabitent, le vêtement uniforme […], dévalorise le statut supérieur en favorisant le statut inférieur »[7]. De la même façon, l’uniformisation, nie l’individualité, l’identité propre des individus qui la porte, par conséquent pour garder un peu de son identité, le soignant peut en arborant des accessoires sur sa tenue se distinguer et laisser passer un peu de sa personnalité.
La seconde partie de son article s’appuie principalement sur les témoignages de trois infirmières qui expriment leur vision de la tenue et l’impact qu’elles pensent que ça a eu sur l’exercice de leur profession et de fait des relations avec les patients. Bien qu’ayant chacune travaillée dans des services différents (psychiatrie, médecine, gynécologie, pédiatrie), on retrouve des points communs dans leur analyse. S’ensuit une synthèse des témoignages de 12 infirmiers (9 femmes et 3 hommes), qui eux aussi se recoupent dans les grandes lignes.
On constate à la lecture de ces différents témoignages que la tenue au sens large permet à chacun d’exprimer son identité, par le choix des couleurs, du style, des accessoires… quant à la tenue professionnelle elle permet au soignant de construire son identité au regard de son rôle, ses compétences, son appartenance à un groupe, une institution. Cela permet au patient de savoir à qui s’adresser, même si certaines structures ne différencient pas les statuts des uns des autres et que cela peut entraîner de la confusion côté patient et de la frustration côté soignant par un sentiment de non-reconnaissance en cas d’écart de statut. D’autre part, elles soulignent le fait que passer par le vestiaire enlever sa tenue civile pour enfiler sa tenue de soignante et inversement, revient à laisser une partie de soi et revêtir son identité de soignante. On a son identité propre et son identité de soignant, l’une et l’autre ne sont pas forcément opposées mais pour autant sont distinctes et pour bien faire son travail ou pour retrouver le cours de sa vie en rentrant du travail, on doit se défaire d’une partie de soi et se concentrer sur sa tâche, sa fonction et la réaliser pleinement. La tenue ne change pas qui l’on est mais plutôt la façon dont on est perçu par l’autre. Elle permet de cadrer les rapports de l’une et de l’autre.
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