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Comparaison de " la chevelure" et "un hémisphère dans une chevelure "

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hume de 1869.

Baudelaire n'a pas invent l'expression, forge depuis la fin du XVII s. pour lgitimer le roman, et qui a fini par dsigner le rcit pique en prose potique. Le XVIII s. a prement discut la possibilit de qualifier de pome en prose une uvre comme les Aventures de Tlmaque (1699) de Fnelon. Au dbut du XIX s. l'expression est applique aux Incas (1777) de Marmontel, aux Ruines (1791) de Volney, aux Martyrs (1810) de Chateaubriand. Non sans provocation, Baudelaire a repris ce mot pour dsigner des proses nettement plus courtes et surtout relevant d'un lyrisme moderne (d'o l'insistance les nommer petits pomes, par opposition aux grands pomes piques). Mais le sens classique ouvrage de prose o l'on trouve les fictions, le style harmonieux et figur de la posie (Littr) est le seul qu'enregistrent les grands dictionnaires du XIX s.

On peut noter que si cette expression semble convenir certaines pices du recueil, ce n'est pas le cas pour d'autres - comme par exemple Le Chien et Le Flacon - qui, par leur inspiration franchement prosaque, par leur style familier et parfois agressif, par leur forme dialogue banale, n'appellent pas naturellement d'tre dsignes comme pomes, moins, par provocation, de dtourner le sens du mot dans le registre de la raillerie.

Dans les milieux littraires, la locution pome en prose est communment employe, toujours en rfrence Baudelaire, jusqu' la fin du sicle. Mais c'est surtout dans les annes 1880 qu'elle se rpand aux sommaires des revues: La Vogue, La Revue indpendante, La Revue blanche, La Revue wagnerienne. Pourtant, on constate la prfrence de certains crivains pour des appellations plus classiques. Certaines soulignent l'absence de rgles, comme fantaisies, reprise Bertrand par Charles Cros (Fantaisies en prose, 1873); d'autres voquent l'art pictural ou musical - croquis pour Huysmans (Croquis parisiens, 1880), tudes pour Proust (Les Regrets, rveries couleur du temps, Les Plaisirs et les jours, 1894) -, ou les arts du rcit - chroniques pour Villiers de l'Isle-Adam, anecdotes pour Mallarm (Anecdotes ou Pomes, Divagations, 1897), nouvelles pour la revue La Vogue, contes pour Henri de Rgnier). Certaines appellations connotent un aspect fragmentaire, inachev et subjectif: notes pour F. Jammes (Notes sur des oasis et sur Alger, 1896), impressions pour Verhaeren et beaucoup d'autres. Toutes ces expressions ont en commun d'indiquer l'appartenance un genre connu, ou de signaler avec humour ces oeuvres comme mineures : bambochades pour Bertrand, menus bibelots et fanfreluches pour Huysmans (Le Drageoir aux pices, 1874), riens pour Mallarm.

Par ailleurs se rpand l'usage de l'tiquette pome en prose pour toute page de prose rythme ou de prose d'art, comme dira Lanson dans L'Art de la prose (1908), c'est‑?‑?dire toute prose soucieuse de rivaliser avec la musique ou les arts plastiques, et ce quelle que soit sa longueur. la fin du sicle, la page de description marine dans laquelle s'crit le clich de notre sensation (G. Kahn) - tude de port, lever de lune ou coucher de soleil sur l'ocan - est ce qui par excellence appelle la qualification de pome en prose, tendue galement au roman potique (G. Kahn).

Dans sa confrence d'Oxford, en 1894, Mallarm voquait ce qui nagures obtint le titre de pome en prose. L'expression, d'avoir trop servi, finissait par irriter, nommant une forme complaisante et sentie comme dsute. Mais le mot resurgit bizarrement vers 1915 sous les plumes respectives de Pierre Reverdy (Pomes de 1915, suivis de La Lucarne ovale, 1916, et toiles peintes, 1921) et de Max Jacob (Le Cornet ds, 1917). La lecture de leurs recueils rvle que, malgr des diffrences sensibles, ces textes ont en commun de se dgager du double modle musical et pictural de la fin du XIX s. Il faut donc admettre que, comme l'avait fait Baudelaire, Jacob et Reverdy rutilisent une expression consacre en la dtournant de son sens. Ils lui font dsigner un autre objet littraire que la petite prose rythme ou plastique des annes 1890 et contribuent, en jouant sur l'horizon d'attente du lecteur, modifier la conception du pome et de la posie.

Par la suite pomes en prose tend disparatre du langage ditorial, ce qui peut simplement s'interprter comme une prsomption de reconnaissance. On pourra galement faire l'hypothse que cette mention pourrait mai convenir a des textes qui refusent certains modes de construction et des crivains qui souponnent le ronron potique (Ponge). Si le symbolisme a contribu l'extension de la qualification de pome en prose en ne retenant qu'un sens figur et peu dense; si de nombreux lecteurs, aujourd'hui encore, nomment pome en prose toute page de prose potique ou musicale, ce sont plutt certains crivains, sensibles l'clatement du champ potique contemporain qui ont rang cette locution au grenier des charmes dsuets. On pourra toujours l'occasion en user, comme le fait Yves Bonnefoy, rappelant qu' l'origine de Douve il y avait un rcit qui tait en somme un pome en prose, mais intitulant rcits en rve les proses de Rue Traversire (1977). J.-M. Gleize affirme que les potes contemporains qu'il aime n'crivent pas de pomes en prose, mais dans le registre ni vers ni prose. D'autres se contenteront du titre petites proses, qui a le double avantage de dlimiter un champ littraire trs vivant aujourd'hui (Quignard, Rda, Michon, Jouanard) en y encluant le pome en prose sans le distinguer des varia narratives comme on disait dj dans La Revue blanche, et de gommer le mot de pome, encombrant et surfait aux yeux des dtracteurs du lyrisme. Michel Deguy ou Jude Stfan ont essay de faire jouer ce terme pour casser le clich et la forme potique complaisante qu'il paraissait offrir, le premier en parlant de prose en pome, le second en sous‑?titrant son recueil Cyprs (1967) Pomes de prose.

Un objet littraire mai identifi

La question est maintenant de savoir quelle est la configuration de l'objet littraire recevant cette appellation. Une remarque s'impose d'emble. Les grandes anthologies de la posie franaise du dbut du sicle ne retiennent que de la posie versifie, l'exception des ballades de P. Fort. Les universitaires du XIX s. ne se sont pas intresss au pome en prose, ne l'ont mme pas reconnu comme forme: par exemple, Lanson ignore Le Spleen de Paris. Il est vrai que Baudelaire restait fort discret sur ce nouvel objet littraire, dessin de faon mtaphorique dans la Prface comme morceau d'une tortueuse fantaisie. Les quelques tentatives de dfinition sont tardives et ne concernent que le modle rythm ou musical du pome en prose contemporain des symbolistes, comme celle de Stuart Merryl, qui demandait au pome en prose qu'il ft d'un rythme trs sensible avec rappels, refrains et multiples allitrations: quelque chose d'ondoyant et de divers comme la posie des Hbreux. Et les sujets, je les voudrais choisis parmi les plus propices aux pompes de la couleur et de la musique (L'Ermitage, 1893).

Il ne reste finalement que les pages de Huysmans dans Rebours (1884) pour exposer une conception du pome en prose qui ne soit pas seulement stylistique. Selon le narrateur, le pome en prose est la petite forme par excellence de la littrature dcadente. Les modles en sont Bertrand, Baudelaire, Mallarm. Si le rapprochement avec l'art de la miniature n'est pas nouveau, celui qui s'opre avec le roman est plus surprenant. Le pome en prose est dfini comme un roman condens en une page ou deux. C'est, pour Des Esseintes, l'osmazme de la littrature, l'huile essentiel de l'art.

Dans la prface du Cornet ds, Max Jacob s'en prend la fois ceux qui ont considr le pome en prose comme une fable, une moralit (Baudelaire, Mallarm); ceux pour qui il n'tait que la transcription d'un cahier d'impressions (sont vises toutes les pages descriptives de la fin du sicle); celui qui en aurait fait une exposition de trouvailles , c'est--dire Rimbaud. L'auteur affirme que le pome en prose doit satisfaire deux conditions: donner la sensation du ferm et faire percevoir une distance avec le sujet de luvre.

Dans les annes 1950, on pense que la posie moderne, dans ce qu'elle a de plus inventif, a dlaiss le vers. On prouve le besoin d'une notion pour rassembler tous ces pomes crits en prose. C'est ainsi que va se construire l'objet littraire pome en prose. M. Chapelan constitue la premire anthologie (Julliard, 1946; Grasset 1959). Il crit dans sa prface: Tout texte qui ne se propose pas d'abord de raconter ou de dmontrer, qui ne veut pas tre d'abord raisonnement ou rcit, mais accumulateur de cette nergie qui se manifeste par musique et images et rpond une attente indfinie que rien, en nous, si ce n'est elle-mme, ne saurait combler, ‑? tout texte tel est un pome.

Auteurs et textes cits montrent que, pour Chapelan, qui donne sa formule du pome en prose brivet, intensit, gratuit , ses contours sont plutt flous. La forme chronologique de l'anthologie permet M. Chapelan de conjecturer un ge classique du pome en prose - reprsent par variste Parny, Les Chansons madcasses, 1787 - et de donner leur place aux prdcesseurs immdiats de Baudelaire. Les surralistes (Breton, luard, Aragon, Leiris) avaient dj attir l'attention sur ces crivains et notamment sur leur prfr, Aloysius Bertrand. Il faudra attendre 1949 et le numro spcial des Cahiers du Sud consacr aux petits romantiques franais pour

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