Lecture Analytique - Un hémisphère dans une chevelure, Charles BAUDELAIRE
Commentaire de texte : Lecture Analytique - Un hémisphère dans une chevelure, Charles BAUDELAIRE. Rechercher de 53 000+ Dissertation Gratuites et MémoiresPar neda1407 • 15 Avril 2017 • Commentaire de texte • 1 296 Mots (6 Pages) • 2 298 Vues
Lecture analytique n°1
Un hémisphère dans une chevelure, Charles BAUDELAIRE
« Laisse-moi respirer longtemps, longtemps, l’odeur de tes cheveux, y plonger tout mon visage, comme un homme altéré́ dans l’eau d’une source, et les agiter avec ma main comme un mouchoir odorant, pour secouer des souvenirs dans l’air.
Si tu pouvais savoir tout ce que je vois ! tout ce que je sens ! tout ce que j’entends dans tes cheveux ! Mon âme voyage sur le parfum comme l’âme des autres hommes sur la musique.
Tes cheveux contiennent tout un rêve, plein de voilures et de mâtures ; ils contiennent de grandes mers dont les moussons me portent vers de charmants climats, où l’espace est plus bleu et plus profond, où l’atmosphère est parfumée par les fruits, par les feuilles et par la peau humaine.
Dans l’océan de ta chevelure, j’entrevois un port fourmillant de chants mélancoliques, d’hommes vigoureux de toutes nations et de navires de toutes formes découpant leurs architectures fines et compliquées sur un ciel immense où se prélasse l’éternelle chaleur.
Dans les caresses de ta chevelure, je retrouve les langueurs des longues heures passées sur un divan, dans la chambre d’un beau navire, bercées par le roulis imperceptible du port, entre les pots de fleurs et les gargoulettes rafraîchissantes.
Dans l’ardent foyer de ta chevelure, je respire l’odeur du tabac mêlé à l’opium et au sucre ; dans la nuit de ta chevelure, je vois resplendir l’infini de l’azur tropical ; sur les rivages duvetés de ta chevelure je m’enivre des odeurs combinées du goudron, du musc et de l’huile de coco.
Laisse-moi mordre longtemps tes tresses lourdes et noires. Quand je mordille tes cheveux élastiques et rebelles, il me semble que je mange des souvenirs. »
Analyse du poème
Comment transformer une rêverie en œuvre d’art ?
« Un hémisphère dans une chevelure », ici celle de Jeanne Duval –muse de Baudelaire, est une poésie parue en 1869 dans Le Spleen de Paris. Baudelaire est un poète français, qui vivait de 1812 à 1867. Il tend de tisser des liens entre le bon et le mal.
- La chevelure = fragment d’une totalité
- Le blason
- Forme poétique qui date du XVIème siècle.
- Parle d’une partie du corps de la femme pour mettre en valeur et faire l’éloge
- « tes tresses lourdes et noires » (v.20) → s’agit de Jeanne Duval (=la principale muse de Baudelaire, vrai nom était Jeanne Lemer)
- La chevelure sert comme point de départ pour le voyage
- Les cheveux désignent par métonymie la femmes et sont presque personnifiés : « tes cheveux élastiques et rebelles » (v. 20)
- Le sens en éveil
- Le poète est transporté par la chevelure de la femme et plus particulièrement par son parfum. Baudelaire aime bcp le parfum.
→C.L. odorat et parfum : respirer, l’odeur de tes cheveux(v.1.), mouchoir odorant (v.3) je sens (v. 4), parfum (v.5), etc.
- Autres sens sont également présent :
→C.L. la vue : tout ce que je vois (v.4), j’entrevois (v.10), je vois resplendir (v.17), + couleur : bleu (v.8), azur tropical (v.17)
→C.L. le toucher : roulis (v.14), caresses de ta chevelure (v.13), bercées (v.14)
→C.L. l’ouïe : tout ce que j’entends (v.40), la musique (v.5), chants (v.10)
→C.L. le goût : les fruits (v.8), sucre (v.16), mordre, mordille, mange (v.20-21)
- Résumé des sens : « si tu pouvais savoir tout ce que je vois, tout ce que je sens, tout ce que j’entends » (v. 4) → anaphore du mot tout.
- Métamorphose des cheveux
- Règne aquatique : voilure, mature (v.6) et C.L. de l’eau
- Règne aérien : dans l’air (v.3), espace (v.7), atmosphère (v.8)
⇒ La chevelure permet à s’intéresser à tous les sens, à l’hémisphère par l’utilisation de métaphore et comparaison. On va avoir une transition entre réel et imaginaire.
- Un espace sublimé
- Dépaysement spatial et un souvenir
- L’auteur est présent : utilisation de la 1ere personne du singulier
- C’est la chevelure qui, dès le 1er paragraphe, fait débuter le voyage et siffle le départ.
- Il part d’un endroit clos : divan, chambre (v.14) vers un endroit ouvert, tropical et exotique : charmants climats (v.7) huile de coco (v..18)→ pas de lieu géographique car c’est un hémisphère
→ Baudelaire s’inspire des voyages tropicaux que lui même a fait vers Ile Maurice.
- La chevelure est représentée métaphoriquement comme un lieu, ce qui est souligné par l’abondance de CCL associés aux cheveux
→ Dans l’océan de ta chevelure (v.10), Dans la nuit..., Sur les rivages... (v.17)
- Tout un monde, un hémisphère comme le mentionne le titre, est contenue dans la chevelure.
- Il s’agit enfin d’un voyage maritime :
→C.L. mer et l’eau : plonger (v.1), eau d’une source (v.2), grandes mers (v.7), océan, port (v.10), navires (v.11)
- Allitération en « l », consonne liquide, souligne omniprésence de la mer
→ Vers 1 à 3, 13 à 15
- Le voyage réel n’aide pas à échapper la vie terrestre. Ce qui aide est :
→ l’alcool, la drogue(= Baudelaire goûte la ‘confiture verte’ donc la résine de cannabis en 1843 avec un son ami Louis Ménard qui est un peintre.
→ La poésie
- Un souvenir évoqué
- La référence aux souvenirs apparaît dès le 1er paragraphe : v.3.
→ Poète développe ses propres souvenirs dans les paragraphes suivants.
- Emploi du présent indique que les souvenirs passés sont revécus dans le présent
→ Il s’agit de réminiscences et le verbe « retrouve » (v.13) renforce cette idée.
- Le terme « souvenirs » réapparaît au dernier paragraphe et clôt le texte.
→ Donne une structure circulaire, comme si Charles revivait ces souvenirs à l’infini
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