Consommation Des Ménages Et Croissance
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• Annexes
1. Autres idées
2. Exemples, références, citations
Introduction
Le mot « désir » évoque les concepts suivants : besoin, volonté, envie, souhait, tendance, penchant, inclination, velléité, fantasme, amour, passion. Si on prend le mot « désir » au sens le plus large, il désigne tout cela, c’est-à-dire tout ce qui, en l’homme, est tendance (vers quelque chose).
Ainsi conçu, le désir est la source de toutes les émotions (ou passions, sentiments, affections, affects). En effet, tous les sentiments n’existent que parce que nous désirons certaines choses : le désir divise le monde en choses à rechercher et choses à fuir, c’est-à-dire en bon et en mauvais. Toutes les émotions découlent de ce partage primitif : si nous sommes tristes, c’est que nous obtenons une chose que nous ne désirons pas ou que nous n’obtenons pas une chose que nous désirons ; si nous sommes joyeux, c’est pour les raisons inverses ; et il en va de même pour toutes les autres émotions : toutes découlent d’un certain désir.
A. Passions et raison
En ce sens très général, le désir est à opposer à la conscience (la pensée, la raison, la faculté de représentation). Tout l’être humain peut être compris à partir de ces deux dimensions. D’un côté, la raison réunit tout ce qui est de l’ordre de la connaissance et de la conscience ; de l’autre, le désir réunit tout ce qui est de l’ordre de la tendance.
On pourra alors étudier les relations entre la raison et les passions, c’est-à-dire entre la représentation et le désir. Est-ce la représentation qui suscite le désir ou le désir qui produit la représentation ? D’un côté il faut que je voie une chose et comprenne par la pensée qu’elle est bonne pour que je la désire . Et il faut admettre que le désir est parfois déclenché par une représentation : quand par exemple je rencontre une femme dans la rue, et que cette perception (image, représentation) déclenche en moi un désir. Mais il arrive aussi que ce soit le désir qui produit une représentation ou suscite une pensée. Par exemple, dans le rêve, c’est notre désir (selon Freud, en tout cas) qui produit des images mentales. Il en va de même dans la création artistique. Ces influences réciproques s’entremêlent dans le cas de l’action « en finalité » : le désir d’une certaine fin (ex : une maison) stimule notre raison qui nous indique alors les moyens à mettre en œuvre pour atteindre le but qu’on s’est fixé . Ainsi dans ce cas un désir stimule la raison, qui à son tour oriente et détermine le désir. Plus généralement, le désir détermine notre pensée car il détermine l’angle sous lequel nous regardons chaque chose ; et cet angle détermine bien souvent ce que nous penserons de la chose en question.
Bref, la raison ne pourrait exister sans les passions et les passions ne pourraient exister sans la raison, comme le reconnaissent Kant et ici Rousseau :
[C]’est par l’activité [des passions] que notre raison se perfectionne ; nous ne cherchons à connaître que parce que nous désirons de jouir, et il n’est pas possible de concevoir pourquoi celui qui n’aurait ni désirs ni craintes se donnerait la peine de raisonner. Les passions, à leur tour, tirent leur origine de nos besoins, et leur progrès de nos connaissances ; car on ne peut désirer ou craindre les choses que sur les idées qu’on en peut avoir, ou par la simple impulsion de la nature.
Rousseau, Discours sur l’origine de l’inégalité
B. Désir et besoin
On distingue souvent désir et besoin. Le besoin serait à la fois plus « nécessaire » et plus « naturel », alors que le désir relèverait du fantasme artificiel et superflu ; de sorte que les besoins seraient les mêmes pour tous les hommes, tandis que les désirs seraient différents pour chacun. Mais ces deux concepts, le « nécessaire » et le « naturel », sont tous deux problématiques. De fait, il est bien difficile de délimiter précisément désir et besoin. Une autre manière de distinguer désir et besoin serait d’introduire le rapport à autrui : alors que le besoin est personnel, le désir de tout ce qui n’est pas nécessaire est peut-être essentiellement déterminé par notre entourage.
C. Désir et volonté
Quelle est la différence entre le désir et la volonté ? Il y a des choses que l’on veut, mais sans les désirer : par exemple, venir en cours. C’est que le désir correspond à notre inclination première, alors que la volonté désigne le résultat d’une élaboration par la raison.
Chaque homme est une multitude de désirs, une « guerre civile ». De ce combat, sous l’arbitrage de la raison, il résulte une décision et une action : c’est ce que nous appelons, après coup, notre « volonté ». A partir de là, on peut en déduire les caractéristiques de la volonté par opposition au désir : la volonté comporte une dimension de rationalité, et souvent de moralité, que n’ont pas toujours les désirs.
Nietzsche remarque d’ailleurs que la volonté, contrairement au désir, comporte un élément de commandement : quand nous voulons, nous sentons que quelque chose en nous commande et que quelque chose en nous obéit . Cette fine observation confirme empiriquement l’idée que la volonté est une tendance qui en a réprimé d’autres : ce qui se soumet à la volonté, ce sont les autres désirs.
D. Désir et aversion
Le désir et l’aversion sont des concepts opposés. Mais à un niveau plus profond ils sont similaires : dans les deux cas, il s’agit d’une tension motrice : que l’on fuie ou que l’on poursuive, dans les deux cas on court. Le lion et la gazelle courent tous les deux. De plus, du point de vue biologique la faculté de désirer et de craindre ne peuvent être dissociées : elles fonctionnent ensemble. Tout animal sépare le monde en « bon » et « mauvais », en choses à atteindre et en choses à fuir : désir et crainte sont les deux faces de cette polarisation première du monde par l’animal. Le désir est une sorte de boussole qui indique simultanément le nord et le sud, ce qui est à poursuivre et ce qui est à fuir. Le désir est la polarisation du monde, pourrait-on dire : la polarisation qui structure notre « monde », étant entendu qu’ici « monde » désigne le monde tel qu’il nous apparaît, le monde subjectif de chaque être vivant.
Toutefois, si le désir et la crainte sont similaires du point de vue structurel (ils poussent à l’action, au changement), ils ne sont pas vécus (ressentis) de la même manière : la peur n’est pas le même sentiment que l’avidité. Le renard ne ressent pas la même chose que le lapin. Fuir les coups de bâton et poursuivre la carotte sont deux choses qui font avancer, mais qui sont éprouvées bien différemment.
Certains philosophes minimisent cette différence : en soulignant que tout désir est manque, donc souffrance, ils font du désir la fuite de la souffrance, ce qui rend la différence entre le désir et la crainte bien ténue.
Mais justement, on peut opposer à une telle conception le fait que le désir n’est pas l’aversion, qu’il est ressenti d’une façon bien différente . Et ainsi on pourrait insister avec Spinoza sur la différence entre les passions joyeuses (joie, amour, désir, etc.) et les passions tristes (tristesse, haine, crainte, etc.), et inviter à rechercher les premières plutôt que les secondes. Essayons d’être mus par des désirs plutôt que par des aversions ! dit Spinoza. Autrement dit : ne suivez pas le cours de philosophie par crainte de la sanction, mais par désir d’avoir le bac et d’accroître votre intelligence donc votre puissance.
I. L’objet du désir
Commençons par une question en apparence très simple : quel est l’objet du désir ? Autrement dit : que désire-t-on ?
A. Une multiplicité d’objets
1. Le présupposé de la question
La question est certes simple, mais n’est-elle pas égarante ? Elle présuppose en effet qu’il existe un unique désir ayant un unique objet. Or à première vue, il semble y avoir non pas un seul, mais une multitude de désirs visant chacun un objet différent. Que désire-t-on ? Tant de choses ! Un portable, une femme, le paradis, boire, manger, jouer, rêver, dormir, chanter, aimer, être aimé, travailler, se battre, vaincre, peindre, parfois même mourir. Quel est le dénominateur commun de cette liste hétéroclite qui pourrait être allongée à l’infini ? C’est à croire que la question posée n’a tout bonnement aucun sens et n’admet aucune réponse unique.
2. Le désir vise le plaisir
Il y aurait pourtant bien une première manière de dépasser cette multiplicité : simplement en remarquant qu’à travers toutes ces choses – nourriture, amour, etc. – nous désirons et obtenons toujours une satisfaction, un plaisir. Tous les hommes (voire tous les animaux, et même tous les êtres vivants) ne cherchent-ils pas le plaisir et le bonheur ?
Mais cette réponse sonne creux : les concepts de plaisir et de bonheur sont creux, car ils désignent une foule de situations différentes et même opposées. Si chaque être, à travers ses multiples actions, cherche le bonheur, alors ce mot
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