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Cours terminal SES sur l'engagement politique

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Par   •  9 Février 2023  •  Cours  •  4 049 Mots (17 Pages)  •  442 Vues

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Chapitre 0 : Comment expliquer l’engagement politique ?

I- Comment expliquer l’engagement politique ?

A) les formes de l’engagement politique

L’engagement politique regroupe les activités par lesquelles les citoyens tentent d’influencer la sélection des dirigeant (par le vote) et leurs actions collectives (actions protestataires). Dans les démocraties représentatives, les citoyens délèguent leur pouvoir politique à des représentants élus. La première forme d’engagement politique passe par le vote aux élections ou lors de consultations (référendum). Le vote peut prendre des formes diverses qui vont du choix d’un candidat au vote nul ou blanc et revêtir des significations multiples (adhésion à des idées ou refus d’un système). Comportement politique central et massivement utilisé en démocratie, le vote a connu un affaiblissement depuis la seconde moitié du XXème siècle en raison du développement très important de l’abstention, qui revêt toutefois des formes variées :

  • parfois signe d’un désintérêt pour la vie politique
  • un sentiment d’incompétence politique
  • elle peut également exprimer une contestation du système et une critique de la démocratie représentative, et donc une sorte d’engagement.

Par ailleurs, cette montée de l’abstention ne signifie absolument pas que l’engagement politique soit en déclin, car l’expression de la citoyenneté s’étend bien au-delà du vote :

  • droit d’exprimer ses opinions
  • de se réunir
  • de faire grève
  • de manifester, etc…

Depuis les années 1960, on observe même un renouvellement important des formes de participation politique. 

Parmi ces formes, le militantisme tient une place centrale, l’engagement militantisme désigne la participation durable à une action collective dont l’objectif est la défense d’une cause collective. Cette forme d’engagement se fait traditionnellement dans les partis politiques, des organisations dont l’objectif est de conquérir le pouvoir grâce aux élections et d’assurer le lien entre les citoyens et leurs représentants élus. L’engagement des militants passe par la participation aux réunions du parti qui permettent de définir ses orientations, ses programmes et sa stratégie, et par des activités de diffusion des idées du parti ou de promotion de ses candidats. Ces activités sont très variées : distribution de tracts dans la rue ou sur les marchés, porte à porte, vente de journaux, collage d’affiches, organisation de meetings, etc. Ces activités sont très prenantes et l’engagement militant dans les partis reste une pratique très minoritaire. En revanche, l’engagement au sein d’associations est assez vivace. Aujourd’hui, environ 40% des français déclarent adhérer à une association, mais il faut là aussi distinguer l’adhésion de l’engagement. Du bénévole du Secours populaire qui donne un peu de son temps pour assurer des distributions alimentaires aux militants de Greenpeace qui s’introduisent illégalement dans des centrales nucléaires pour en dénoncer le manque de sécurité, l’engagement dans les associations, les syndicats occupent une place particulière. Chargés de défendre les intérêts de leurs adhérant dans le monde professionnel, ils sont à la fois des lieux ou s’exprime le militantisme et des organisations qui incitent fortement les individus à s’engager autour d’appels à mobilisation (grèves, manifestations) dans le monde du travail. 

Enfin, la consommation engagée constitue une autre forme d’engagement. Les citoyens peuvent exprimer, par leurs choix de consommation, la défense de modes de vie, d’opinions ou de valeurs. Ce type d’engagement agit d’abord sur la demande de consommation en refusant d’acheter certains produits (boycott), comme ceux dont les conditions de fabrication ne respectent pas les droits de l’homme (travail des enfants), ou en incitant par exemple ceux issus de l’agriculture biologique. Il agit également sur l’offre en créant des réseaux de distribution alternatifs ou des labels comme ceux du commerce équitable. Les actions passent aussi par la promotion de modes de vie plus respectueux de l’environnement, en limitant sa consommation de viande ou en recyclant les biens usagés. Ce mode d’engagement en plein de développement n’est cependant pas nouveau : le mouvement anti-esclavagiste aux XIXème appelait déjà aux Etats-Unis au boycott des produits fabriqués en ayant recours au travail forcé et avait développé un label permettant d’identifier les produits de consommation issus de filières qui n’y avaient pas recours.

B) pourquoi s’engage-t-on ?

Mancur OLSON (1932-1998) pointe du doigt la difficulté à expliquer l’engagement politique. Pourquoi des ouvriers vont-ils s’engager dans un mouvement des grèves pour de meilleurs conditions de travail qui occasionnera des pertes de salaires importantes alors que l’issue de leur combat est incertaine ? Dans sa théorie, il considère que les choix des acteurs sociaux sont basés sur des calculs rationnels dont l’objectif est de minimiser les coûts de leurs actions et d’en maximiser les bénéfices. Dans ce contexte, ils ont très peu d’intérêt à s’engager dans une action collective, car les éventuels gains de cette action (augmentation de salaires, meilleurs conditions de travail) sont un bien collectif dont tout le monde pourra jouir indépendamment du fait d’y avoir participé. Le choix le plus rationnel serait donc d’adopter la stratégie du « passager clandestin », qui consiste à ne pas se mobiliser pour ne pas en supporter les coûts et attendre que les autres le fassent pour bénéficier des avantages acquis. Si tous les individus font le même calcul, personne ne s’engage dans l’action, alors que du point de vue collectif, tous y auraient intérêt : c’est le « paradoxe de l’action collective ». 

        Afin d’expliquer pourquoi, malgré ce paradoxe, les individus s’engagent, OLSON montre qu’il existe des « incitations sélectives » qui sont des récompenses que perçoivent les individus mobilisés ou des sanctions qui s’appliquent à celles et ceux qui décident d’adopter la stratégie du passager clandestin. Par exemple, certains syndicats ou associations réservent à leurs membres des avantages, comme une assistance juridique ou l’accès à des caisses de solidarité financière.

D’autre sociologues ont également tenté d’expliquer le paradoxe de l’action collective en développant la notion de rétributions symboliques. Les individus s’engagent dans des actions collectives car leur mobilisation leur apporte des avantages immatériels, comme la valorisation de soi, le développement de liens sociaux ou encore l’acquisition de compétences qui pourront être utilisées dans d’autres cercles. Pour celles et ceux qui occupent des positions de « leaders » dans des organisations, l’engagement apporte prestige et pouvoir. Pour les autres militants, l’engagement est source de sociabilité, de solidarité et d’entre-aide. Enfin la satisfaction liée à la défense de valeurs auxquelles l’on croit et la valorisation de cet engagement aux yeux des autres peuvent être un puissant moteur des actions collectives. Pour certains groupes, notamment ceux victimes de discriminations comme les minorités ethniques ou encore les personnes homosexuelles, l’action collective peut être un moyen de construire une identité sociale positive et de renverser le stigmate dont ils sont victimes.

Par ailleurs, il faut aussi faire appel à ce que les sociologues appellent la « structure des opportunités politiques ». Un système politique peut être plus ou moins favorable à l’émergence d’actions collectives en fonction du type d’Etat (fort ou faible), du système électoral (proportionnel ou majoritaire), de la caractéristique des partis politiques, de la présence d’alliés pour les mouvements de contestation au sein des élites, ou encore de l’ouverture du pouvoir politique à la contestations (répression ou dialogue). Ainsi, en France, les « émeutes urbaines » et leur degré de violence peuvent se comprendre en partie au regard de la fermeture du système politique aux catégories populaires et en particulier à celles issues de l’immigration, à faible représentation de ces jeunes par des groupes intermédiaires qui pourraient être des interlocuteurs du pouvoirs politique et à une absence de soutien à leurs revendications de la part des élites.

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