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Critique de Nuremberg, La fin de Goering

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ntrer les différents aspects du procès et du caractère de Goering par les choix d’Arnaud Denis dans les différents épisodes du procès et de la vie de Goering en cellule. En effet les scènes au tribunal et en prison se succèdent et permettent de mettre en scène différents aspects du procès et participent presque autant à créer une tension narrative qu’à faire la synthèse des mouvements majeurs de ce procès. Les rideaux s’ouvrent sur le procureur et le jeune psychologue exposant les enjeux de ce procès qui doit absolument aboutir à une condamnation et ainsi instaure une tension politique qui sera le moteur de la pièce. Le témoignage d’une déportée qui insiste sur le vécu d’une victime directe des camps de concentration et d’extermination. Différents épisodes de procès montrent le conflit entre procureur et accusé. R.Jackson, qui réussit à reprendre le dessus après avoir buté sur la forte personnalité de Goering. La personnalité ambigüe de ce dernier nous est montrée dans les phases de procès par son impassibilité face aux atrocités commises par son gouvernement, la totale négation des faits qui lui sont reprochés et la profonde confiance en son propre discours pour le dédouaner de toute responsabilité qui en font un personnage monstrueusement antipathique. Cependant à ceci, s’oppose un homme affichant un amour profond pour le peuple allemand et un grand respect pour le code d’honneur des militaires. Capable d’une grande jovialité que l’on capte au travers de sa relation avec son gardien. Ce dernier devient au fil de la pièce un ami et un admirateur du chef nazi qui montre son talent à flatter les gens et à corrompre leur intégrité morale.

Malgré un sujet lourd et difficile, Arnaud Denis réussi à nous présenter un spectacle attractif, ceci grâce à un grand dynamisme, à la force de ses personnages que les acteurs incarnent à merveille.

Le décor d’Edouard Laug et les lumières de Laurent Béal ont dans ce spectacle une très grande cohérence qui permet de dynamiser l’espace. En effet, ils s’allient afin de permettre une bonne représentation de lieux (principalement la cellule et la salle du procès) : les reflets blafards de la lumière passant au travers de barreaux de la prison figurent un couloir autour de la cellule, une lumière plus chaude fait apparaitre les plaintes qui ornent le plafond de la cours. De plus le décor en lui-même est entièrement mobile et n’est constitué que d’éléments symboliques. Ainsi la prison n’est qu’une plateforme à roulettes dotée d’une porte et d’un mobilier rudimentaire qui se « range » en fond de scène, lorsque l’on passe à l’espace de la cour simplement constituée des pupitres aussi montés sur roues qui entrent et sortent des coulisses. Ceci palie à la redondance de l’alternance cour/cellule en permettant des transitions quasi instantanées entre chaque scène. De plus la mobilité des éléments du décor permet de montrer la salle d’audience sous différents angles, ce qui donne lieu lors d’une scène à une inversion du point de vue : les spectateurs jusqu’alors à la place de la cour se retrouvent à la place habituelle du public dans une cour de justice ce qui permet d’insister sur le rapport de force entre l’accusé et le procureur.

Le choix de Götz Burger, un acteur allemand à l’accent très marqué, pour jouer Goering est une excellente idée qui donne au personnage plus de réalisme et de force. Les quelques erreurs ou bafouillages à peine audibles de l’acteur sûrement dus à la difficulté de jouer en français, rajoutent encore au charme de son jeu qui n’en parait que plus naturel. Le procureur Robert Jackson est celui qui a la lourde tâche de ne pas faillir, il est le personnage qui au fil de la pièce évolue le plus, gagnant en assurance face à la figure imposante de Goering. Jean-Pierre Leroux lui donne une certaine sobriété et sa voix douce apporte aux discours prononcés un timbre presque majestueux. Arnaud Denis, quant à lui interprète lui-même le jeune psychiatre militaire et réussit à lui donner une certaine sensibilité. On ne peut que regretter que ce personnage ne soit pas plus exploité. Le personnage du lieutenant permet de mettre en valeur la sympathie pernicieuse de Goering comme je l’ai dit plus tôt. Jonathan Max-Bernard l’enrichit par sa capacité de transmettre des émotions complexes et ambigües tout en conservant une authenticité dans son rôle de lieutenant. Marie-Claude Vaillant-Couturier déportée d’Auschwitz témoignant au procès est incarnée par Raphaëlle Cambray dont l’interprétation aurait peut-être gagné à être un peu plus ténue, mais qui réussit tout de même bien à transmettre la grande solennité et la grande force du personnage traumatisé par la « lente monotonie » des camps.

Le spectacle d’Arnaud Denis est aussi apte à nous inviter à une réflexion sur ce qui est représenté, en créant une relative distanciation et en engageant les acteurs et le public dans le propos tenu par la pièce.

Les comédiens font eux-même les changements de décors, dans une demi-pénombre qui permet de les voir à l’œuvre. Cela met en évidence les dispositifs théâtraux. Par ailleurs, certains effets sont présents et permettent de rompre avec l’impression de réalité qui émane du spectacle. Tout en mettant en avant la dimension théâtrale de la représentation. Par exemple, un arrêt sur image de Marie-Claude Vaillant-Couturier qui quitte la cellule de Goering .À ce moment, ce dernier franchit les murs invisibles de sa cellule sur l’hymne de la Luftwaffe . Celle-ci symbolisant l’évasion mentale que lui permet l’évocation de sa gloire passée. Tout cela permet aussi d’acquérir un certain recul sur ce que nous voyons en tant que spectateur, sans en oublier le contexte : cette représentation est avant tout une pièce de théâtre. Il est cependant dommage que ce point-ci ne soit pas plus mis en valeur car ces éléments ne sont présents que de façon assez discrète.

Le public est directement impliqué dans le spectacle.

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