L'Impact d'Internet Sur l'Espace Public
Recherche de Documents : L'Impact d'Internet Sur l'Espace Public. Rechercher de 53 000+ Dissertation Gratuites et Mémoiresier de libertaire. L'objectif initial est simple: être capable d'échanger de l'information entre ordinateurs dans un réseau résilient. Au milieu des années 1970 les fondations techniques du réseau global qui deviendra Internet sont désormais posées. Tout d'abord, Internet fut élaboré par une communauté de chercheurs en dehors de toute pression commerciale, tout le développement d'Internet se fait dans un esprit collaboratif entre chercheurs issus de pays et d'organisations diverses. La culture scientifique de partage des connaissances et dont Internet est le fruit est en contradiction avec les logiques commerciales qui voient dans le secret et la rétention d'innovations la source d'avantage compétitifs sur les concurrents potentiels. Le modèle d'Internet est fondamentalement différent. Issu de la recherche universitaire et de financements publics, les fondateurs d'Internet ont toujours fait en sorte que les produits qu'ils développaient soient publics : ils n'appartenaient à personne, et donc à tout le monde. Les brevets et autres droits de propriété intellectuelle ne sont pas de mise. Chacun est libre de les tester, de les modifier, de les distribuer. Et tous ont conscience de participer à une avancée technologique.
Les universitaires ont fourni les premiers sites, développé des spécifications en toute indépendance des constructeurs et des grands opérateurs de télécommunications, inventé les premières applications. Le partage des ressources, en matériel, logiciels, données ainsi que des ressources humaines étaient un objectif majeur. S'y ajoute une culture de l'échange. Le réseau devient vite aussi un moyen de soumettre à la communauté des utilisateurs des algorithmes à vérifier, des programmes à tester, des données à archiver. Il deviendra un levier pour les promoteurs du logiciel libre. Il a su galvaniser des énergies et des intelligences désintéressées, individuelles et collectives. Le modèle de développement fondé sur le partage et la participation la plus large possible relève d'un fonctionnement décentralisé. Aussi, la communauté reste ouverte et fonctionne selon un modèle ouvert et méritocratique. Chacun doit être en mesure de proposer son idée. En fonction de sa pertinence, elle sera éventuellement prise en compte, débattue et, peut être, finalement mise en œuvre.
De l'idée qu'Internet est un bien commun et dans le choix d'un schéma organisationnel décentralisé découle une conviction, censée les débats sur les choix techniques relatifs au développement du réseau : la recherche du consensus. Et si le partage d'informations et le consensus sont si importants, c'est qu'Internet consiste justement à créer une harmonie technique entre des équipements et des communautés diverses. Chacun peut ainsi prendre part au débat scientifique et proposer une idée. Si suffisamment de personnes pensent qu'elle est pertinente et l'utilisent au sein du réseau qu'elles opèrent, alors cette idée devient un standard qui s'imposera pour assurer la comptabilité de leur propre réseau informatique avec le « réseau des réseaux ». Il y avait et il y a toujours un impératif technique au fait de parvenir à un consensus. Les désaccords devaient être surmontés.
Après avoir étudié la formalisation progressive du processus décisionnel, on peut estimer qu'il s'agit de l'institution existante qui se rapproche le plus du modèle habermassien de « situation idéale de parole », capable d'aboutir à une délibération argumentée et légitimant la prise de décision. Que l'on partage ou non son analyse, force est de constater qu'Internet est le résultat d'une « fabrique sociale » caractérisée par un esprit de collaboration et d'échange. Même si plusieurs éléments portent à croire que les personnes qui ont pris part à cette aventure avaient l'intuition de participer à la construction d'un réseau de communication qui allait changer le monde, il importe finalement peu de savoir s'ils étaient animés d'un projet humaniste. Il suffit de se rendre compte que le but même que cette communauté scientifique s'était fixé – la construction d'un réseau de communication universel – lui a imposé de recourir à une méthodologie de travail fondée sur des valeurs d'ouverture. Or, ce mode de fonctionnement l'a conduit à faire un certain nombre de choix techniques qui sont au cœur de la liberté de communication permise par Internet.
Cette architecture technique permet donc un modèle de fonctionnement décentralisé, ou les différents acteurs du réseau peuvent agir en toute autonomie sans avoir à se soucier des actions des autres. Chacun peut donc participer au développement de l'architecture globale sans besoin de coordination. Selon le nombre de destinataires et le caractère ou non confidentielle de la communication, on passe alors dans un schéma de « communication », c'est-à-dire de mise d'un message à disposition du public. Enfin, et c'est là une vraie nouveauté, Internet permet aussi q`une diversité d'émetteurs pourriront envoyer de l'information à une diversité de récepteurs. La commutation adressée séparément les uns des autres permet, enfin, qu'un même point du réseau établit simultanément un nombre potentiellement infini de communications distinctes. Ainsi, on peut écouter de la musique en streaming, tout en échangeant avec un ami au travers d'un client de messagerie instantanée, tout en diffusant depuis un serveur hébergé chez soi des articles publiés sur un blog personnel. Du point de vue des modes de communication qu'il rend possible, Internet est donc extrêmement versatile. Internet est un réseau, ne limitant pas les utilisations qui peuvent en être faites puisqu'adaptables à l'envie par ses utilisateurs. Cette plasticité du réseau Internet est une caractéristique essentielle qui explique sa supériorité sur d'autres réseaux de communication.
Cet écosystème est propice à l'innovation. La création du World Wide Web est un exemple majeur de cette faculté d'Internet d'engendrer de nouvelles manières de communiquer. Avant la création de la « toile », Internet était un outil utilisé par la communauté scientifique, et les applications étaient pour l'essentiel limitées à l'envoi de courriers électroniques, au transfert de fichiers ou à la participation à des groupes de discussion et autres forums thématiques. C’est une remarquable invention sociale, car elle permet une création distribuée, avec un très faible coût d’entrée pour devenir auteur ». Avec le Web, Internet devient un moyen de communication grand public, il se démocratise. Et puisque de nouvelles audiences se constituent dans cet espace public en gestation, les premiers acteurs commerciaux y investissent pour se rendre visibles mais aussi et surtout pour profiter de cet extraordinaire canal de distribution de biens et services, avec le développement progressif de ce qu'on appelle assez étrangement le « commerce électronique ». En retour, on assiste à l'arrivée de ces nouveaux adeptes d'Internet, qui sont ainsi introduits à ce nouvel univers communicationnel. Depuis le World Wide Web, des milliers d'autres innovations ont eu lieu, prises dans leur ensemble, elles font d'Internet un moyen de communication d'une richesse inégalée ; un réseau en constante évolution, inventant sans cesse de nouvelles formes d'action communicationnelle.
L'utilisateur final préserve l'autonomie nécessaire à une libre utilisation de cet outil de communication et notamment du type d'information qu'il entend y faire circuler. C`est possible au cause de la neutralité du réseau. En 2010, plus de 1,8 milliards d'êtres humains se connectent régulièrement en ligne et ont pour l'essentiel le choix des outils qu'ils utilisent pour s'y connecter. La neutralité du Net garantit ainsi que les données transitent de manière non discriminée sur le réseau. Le mode de transport dépend des décisions et des protocoles choisis par l'utilisateur final, en bout de réseau. C'est aujourd'hui ce concept de neutralité qui cristallise les débats politiques et juridiques relatifs sur la manière dont le droit doit s'appliquer sur Internet.
Le principe bout-à-bout, la plasticité du réseau qu'il engendre, ainsi que la neutralité de l'infrastructure de transport constituent l'identité d'Internet. Elles en font un réseau de pairs, où chaque nœud est égal à tous les autres. Internet a toujours été un réseau de communication pair-à-pair, et tel est toujours le cas malgré l'influence croissante de certains acteurs au sein de cet écosystème. Il s'agit simplement des potentialités qu'offre une situation sociale particulière, un objet où une technologie, pour faciliter certains modes d'interaction sociale ou de configurations politiques. L'environnement socioculturel conditionne en première instance les effets de la technique. Il est important de s'interroger sur les enjeux sociopolitiques d'une technologie donnée tout en sortant de l'impasse conceptuelle du déterminisme technologique, qui pose une relation de stricte causalité entre une technologie et un processus de changement social qu'elle est supposée provoquer. La technologie ne fait que faciliter certains processus.
Or, bien qu'on ne puisse évidemment pas prédire le futur, nous devons néanmoins tenter de comprendre comment
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