Le Double Jeu Des Acteurs Aux Cinéma

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Mais dans certains films, il arrive que certains acteurs aient à jouer un personnage qui lui même joue la comédie dans l'histoire, d’où la notion de « double jeu » pour ces acteurs qui jouent le rôle d'un comédien ou d'un personnage qui se crée une autre identité. On retrouve ce genre de situation en particulier dans les comédies, le côté burlesque du film provenant du comique de situation ou encore du comique de duplication, lorsque, par exemple, le ou les personnages principaux se travestissent afin de survivre à des situations compliqués, voir dangereuses. L'un des exemples le plus connus de ce genre de situation est très certainement le film de Billy Wilder, "Certain l’aime chaud" où Tony Curtis et Jack Lemmon jouent le rôle de deux musiciens fauchés qui, ayant assisté à un règlement de compte de maffieux et afin d'échapper aux représailles de ces derniers, doivent se travestir pour se faire enrôler dans un orchestre composé uniquement de femmes. Les deux comédiens principaux du film jouent bien ici un « double-jeu » car ils doivent à la fois interpréter des musiciens masculins qui ont été témoins du meurtre commis par la maffia et jouer le rôle de deux femmes, ces nouvelles identités étant censées les protéger. Le comique du film nait du va et vient entre les identités masculines et féminines des deux héros qui ont du mal à ne pas se trahir sous leurs nouveaux déguisements. La comédie repose aussi sur le fait que ce travestissement fait d'eux des espions malgré eux, situation dont les deux protagonistes se serviront par la suite. Marylin Monroe, pulpeuse musicienne de la troupe, énonce ses fantasmes tout haut à ses nouvelles« copines » (qui sont en réalité Tony Curtis et Jack Lemmon déguisés en femme) et ses désirs sont, comme par hasard, réalisés le jour d’après. Ainsi, lorsqu'elle dit qu’elle n’en peut plus de tomber pour des joueurs de saxophones mais voudrait rencontrer un milliardaire, bien entendu, le lendemain, elle rencontre sur la plage l’un des « soi-disant » hommes les plus riches de la planète, qui n’est autre que Tony Curtis jouant de nouveaux la comédie pour séduire le cœur de sa bien-aimé.

Ce qui est intéressant ici c'est que les deux héros du film, devenus "acteurs" dans l'histoire, sont eux mêmes transformés par l'expérience. Celui, par exemple, qui supportait le moins l’idée d’être une femme, le personnage macho de Jack Lemmon, qui semblait ne penser aux femmes qu'en termes d'objet de consommation, adopte très vite un comportement féminin une fois vêtu de ses vêtements de femme, et se métamorphose au contact des hommes. Il se choisit un prénom de femme original, qui n'est pas dérivé de son prénom d'homme. Et à force de « faire la femme », il devient une femme, plus féminine que les autres : son travestissement l'a littéralement transformé!

Jack Lemmon recevra par ailleurs en 1960, le BAFTA du meilleur comédien étranger ainsi que le Golden Globe du meilleur acteur dans une comédie pour sa prestation dans ce film, qui confirme, encore une fois, l’incroyable performance du comédien derrière ce "double rôle".

Certain l’aime chaud n’est pas le seul film à utiliser le thème de l'ambiguïté sexuelle comme levier comique. Dans Tootsie de Sydney Pollack, Dustin Hoffman joue un acteur qui n’arrive pas à trouver de travail à cause de son caractère trop exigent. Il décide donc de passer une audition déguisé en femme et contre toute attente, décroche le rôle. C’est alors que Michael (jouée par Dustin Hoffman) doit se créer une nouvelle identité et se nommera dorénavant Dorothy Michaels. La vraie difficulté survient pour lui, lorsque sur le plateau de tournage, l'homme qu'il est sous son déguisement de femme, tombe amoureux d’une certaine Julie…

Ce film repose sur les mêmes principes que Certain l’aime chaud. En effet le personnage principal doit, non pas pour sauver sa peau mais pour survivre, se déguiser en femme et comme Tony Curtis, Dustin Hoffman tombe amoureux d’une femme alors qu’il est censé en être une.

Et sa relation avec Julie va très loin. Bien qu’il la côtoie comme « amie », devenant de plus en plus proche d'elle dans son rôle de Dorothy, il la désire et l’aime en tant que Michael, l’homme qui existe forcément toujours en lui. Julie sent quelque chose, mais ne comprend pas ce qui lui arrive. On atteint le sommet quand Julie confie à Dorothy qu’elle rêverait d'un homme qui lui avouerait sans détours son désir pour elle, et qui lui demanderait simplement de coucher avec elle sans passer par tous les artifices de la séduction. Bien entendu, Michael voudra réaliser le fantasme de celle-ci, tout comme Tony Curtis cherche à séduire Marylin Monroe dans "Certain l’aime chaud". L’ambiguïté des personnages est une fois de plus à son comble car nous assistons une nouvelle fois aux perturbations émotionnelles ainsi qu’aux découvertes sensibles que le changement de sexe génère. Les personnages, à un moment ou un autre du film, ne savent plus ce qu’ils sont censés faire (s'ils doivent redevenir ce qu’ils étaient avant ou rester ce qu’ils « sont ») et perdent, en quelque sorte, une grande partie de leur personnalité. Ils sont troublés par leurs nouveaux comportements et les réactions qu'ils suscitent car ces personnages travestis tombent amoureux et font naître l'amour chez des êtres du même sexe qu'eux.

Même si Dustin Hoffman n’a pas reçus de d’oscars pour ce film, il reçut tous de même le BAFTA et le Golden Globe du meilleur acteur. Les spectateurs comme les critiques de cinéma sont d’accord pour dire que sa prestation est sidérante tout au long du film, certains n’arrivant même plus à le reconnaitre lorsqu'il est déguisé en femme. Le double rôle est si crédible ici qu'on en oublie parfois que c'est le même acteur qui joue les deux personnages ce qui nous montre encore une fois le travail exceptionnel du comédien dans la superposition de ces deux rôles.

Un autre film aborde ce sujet également, il s’agit de Victor Victoria de Blake Edwards mais, contrairement aux deux autres, ce film ne traite pas d’hommes se travestissant pour survivre mais d’une femme, jouée par Julie Andrews, qui se fait passer pour un homme. Bien entendu, la trame est similaire aux deux films cités précédemment. Il s’agit d’une chanteuse classique qui, ne trouvant plus aucun contrat pour subsister, décide de se faire passer pour un homme spécialisé dans les spectacles de travesti et finit par connaitre le succès sous sa fausse identité. Mais un jour, elle rencontre un producteur qui ne comprend pas pourquoi il est attiré par un travesti et c’est là que les ennuis commencent…

Bien que l’histoire soit comparable, celle-ci se distingue des deux autres car, hormis le fait que ce soit une femme qui se travestisse, il s’agit d’une comédie musicale, ce qui rend la prestation de Julia Andrews encore plus surprenante car elle doit à la fois jouer un homme et chanter. Nous avons donc un « triple jeu » pour cette actrice étonnante qui joue tout d’abord le rôle d’une femme, puis d'un homme, et qui doit de surcroit danser et chanter tout au long du film.

Telle est la vocation des grands acteurs, devenir coûte que coûte le personnage qu’ils sont supposés interpréter, ce qui valut a Julia Andrews deux nominations aux Oscars et le Golden Globe de la meilleure actrice, sans oublier l’immense reconnaissance des critiques pour sa prestation dans Victor Victoria.

Mais le « double jeu » des acteurs n'est pas utilisé uniquement dans le registre de la comédie. En effet, le fait que certains des personnages d’un film changent d'identité ne crée pas toujours une situation comique, et peut être utilisé par le thriller ou le film policier. Dans le film policier de Mike Newell, "Donnie Brasco", par exemple, un agent du FBI, joué par Jonny Depp, infiltre le clan maffieux des Bonanno en gagnant la confiance de leur tueur Lefty. Mais pour devenir une taupe insoupçonnée, il doit rompre tous liens personnels avec ses proches. C’est alors qu’il s’habitue de plus en plus à son nouveau milieu et commence à y prendre goût…

Dans ce film, le personnage de Jonny Depp joue le rôle d’un agent double mais plus le film avance, plus il se lie d’amitié pour le tueur qu’il doit suivre et commence à se remettre en question jusqu’au moment où il n'arrive plus à faire la part des choses, mêlant travail et vie privée jusqu'à ne plus donner de nouvelles au FBI. Johnny Depp joue