Les limites du maintien à domicile

HAUTE ECOLE LIBRE DE BRUXELLES ILYA PRIGOGINE

Ecole Ouvrière Supérieure - Catégorie Sociale

Section Assistant(e) Social(e)

'Les limites du maintien à domicile des personnes âgées'

Année académique: 2006-2007

Introduction

Le vieillissement est le fait de devenir vieux ou de s’affaiblir par le fait de l’âge, autrement dit c’est le processus physiologique normal que subit tout organisme vivant au cours de la dernière période de sa vie. Le vieillissement de la population par contre, est l’augmentation de la proportion des personnes âgées résultant de l’allongement de l’espérance de la vie et de la baisse de la natalité. La tranche d’âge concernée peut valablement être située entre 60 et 90 ans.

Toutefois, cette terminologie ne peut pas être prise dans son acception étymologique.

La situation particulière des personnes âgées et le changement brusque de leur mode de vie nécessitent qu’on puisse ne pas les couper de leurs habitudes quotidiennes, en opérant une rupture avec leur milieu ambiant. D’où le maintien à domicile se trouve être un début de  solution à apporter à cette brusque rupture.

Nonobstant cette prise de conscience évitant l’écueil de la rupture brutale avec leur milieu ambiant, il ne reste pas moins vrai que certaines complications dues à l’âge, entre autre certaines défaillances biologiques et physiologiques nécessitent un cadre approprié qui semble ne pas être le domicile des intéressés, ainsi cette idée présente- t- elle des failles ou des limites. Les services publics du domaine social de la plupart des pays industrialisés se trouvent confrontés à ce nécessaire besoin des personnes âgées de rester dans leur milieu ambiant.

En effet, des personnes âgées restent autant que possible dans un environnement  familial et nombre d’entre eux évoquent le désir de finir leur vie parmi les leurs.

En Belgique, et plus particulièrement à Bruxelles les pouvoirs publics organisent des structures de coordination pour le maintien à domicile des personnes âgées.

Il y a ainsi des centres de coordination des services d’aide et de soins à domicile, qui répondent de façon satisfaisante aux besoins quotidiens des personnes âgées.

Le stage effectué à l’ASBL «Senior Service» de la commune d’Anderlecht, a eu comme objectif le maintien à domicile des personnes âgées. Les responsabilités ont amené à réaliser des enquêtes à domicile, ce qui a conduit à constater que certaines personnes âgées se maintiennent à leurs domiciles de manière pathétique alors que leur situation devient de plus en plus difficile et dangereuse.

Cette expérience a permis de déceler  la difficulté de faire admettre aux personnes âgées la nécessite d’intégrer une institution non seulement pour garantir leur sécurité, mais aussi pour bénéficier des soins appropriés.

Ainsi est-on appelé à se poser la question suivante, les pouvoirs publics dans leur approche humaniste et économique du maintien à domicile des personnes âgées n’ont ils pas sous-estimé les difficultés  attenantes (limites)?

La première partie abordera de manière générale le vieillissement de la population, son évolution, ses causes et ses conséquences ainsi que la mise en place des structures  de rémunération. La deuxième partie  démontrera l’applicabilité des principes au champ du travail qui a été le nôtre à savoir; l’asbl «Senior Service», et plus particulièrement le service de «Coordination d’aide à domicile».

Enfin, la troisième et dernière partie présentera et analysera les différentes situations (cas) rencontrées.

 Première partie: Elément théorique

«Le vieillissement de la population et les structures mises à la disposition des personnes âgées»

Trois subdivisions s’imposent dans cette première partie: Le premier chapitre traitera du vieillissement de la  population dans son évolution, ses causes et ses conséquences.

Et le second chapitre présentera les différentes structures mises en place pour les personnes âgées et enfin  le troisième et dernier chapitre de cette première partie déclinera la politique en faveur des seniors.

Chapitre 1: Le vieillissement de la population

1.1: L’évolution du vieillissement en Europe

La perspective de l’évolution du vieillissement ne pouvait être appréhendée avec exactitude il y a encore trois siècles; dans la mesure où la pénibilité des activités quotidiennes pour la survie de la majeure partie de la population ne présageait guère cette possibilité. Il a fallu attendre le début du 20ième siècle avec l’essor de la technique entraînant de facto l’industrialisation pour s’apercevoir de ce fait nouveau.

En effet, « La nouveauté 'démographique' de la fin du second millénaire et du début du troisième, c’est le vieillissement de la population. Ce terme recouvre deux notions distinctes. Le vieillissement désigne d’abord un phénomène individuel, celui des incidences de l’âge, dans ses dimensions biologique et psychologique, depuis la naissance jusqu’à la mort. Il s’agit d’un processus dont les étapes sont difficiles à marquer. Les seuils retenus (l’âge de 60 ou de 65 ans) relèvent plus de représentations sociales que d’une réalité physiologique qui évolue au gré des progrès de l’espérance de vie^[1]». Partant, l’approche sociale que l’on pouvait avoir de l’âge il y a encore 25 ans n’est plus du tout la même actuellement. Il va de soi que la perception de l’âge est liée de manière incontestable à la capacité de l’individu dans une société donnée de répondre aux réalités et exigences de la compétition. Mais au-delà de cet aspect, un autre critère et de plus essentiel est à prendre en considération: la technisation de quasi tous les secteurs d’activités et le perfectionnement de la médecine.

De fait, on peut valablement parler d’une mutation bien plus que d’un changement de société. Cette facilité de la vie, permet aujourd’hui de prolonger d’à peu près un trimestre par an pour les pays membres de l’OCDE, ce qui de toute évidence influe aujourd’hui sur les allocations de retraites pour les pays qui n’ont pas anticipé cette nouveauté.

Le millénaire qui vient de s’écouler a vu la population mondiale être multipliée par vingt-deux, passant d’environ 270 millions d’individus en l’an mil à plus de six milliards en l’an deux mille. Cette progression de la population ne s'est pas effectuée de manière continue. Après des siècles d'une stabilité caractérisée par de forts niveaux de mortalité et de natalité, la transition démographique s'amorce en Europe à partir de 1700/1750 grâce à une baisse lente et irrégulière de la mortalité. Dans un deuxième temps, la forte diminution de la mortalité après 1820, alors que la fécondité restait élevée s’explique par l’arriver d’émigrants des divers horizons autant de l’Asie que du bassin méditerranéen au cours du XlXème siècle. «En l’an mil, l’espérance de vie au niveau mondial se situait probablement autour de 24 ans, en 1820, elle était d’environ 26 ans avant de croître d’une manière sans précédent: 31 ans en 1900, 49 en 1950 et 66 ans en 1999 ^[2] ». Au niveau mondial, d’après les dernières prévisions des Nations Unies, aujourd’hui, une personne sur dix dans le monde a plus de 60 ans: ce ratio passera à une personne sur cinq en 2050 et à une personne sur trois en 2150. A cette date, selon les prévisions, le nombre de personnes âgées de plus de 60 ans atteindra près de deux milliards et sera supérieur a celui des enfants (0-14 ans). Le groupe des personnes âgées lui-même vieillit: alors que les plus de 80 ans représentent 12% des plus de 60 ans aujourd’hui, ils représenteront 21% de cette classe d’âge en 2050. Le nombre de personnes âgées de 100 ans ou plus passera de 210.000 en 2002 à 3,2 millions en 2050^[3].

Des progrès spectaculaires ont été réalisés en termes d’allongement de l’espérance de vie. L’espérance de vie à la naissance a augmenté de 20 ans depuis 1950 pour les personnes atteignant 66 ans aujourd’hui. Mais ces chiffres masquent de grandes disparités : alors que l’espérance de vie pour les personnes ayant atteint 60 ans est de 18 ans pour les hommes et de 23 ans pour les femmes dans les pays développés, elle est respectivement de 15 et 16 ans dans les pays les moins avancés.

Il faut de fait se pencher sur les raisons majeures ou comme nous l’avons prévu dans le cadre de ce travail, les causes prédisposant les individus de sociétés modernes à une longévité qui bouleverse les structures de la vie habituelle.