Perdre Son Temps Est Ce Le Perdre ?
Documents Gratuits : Perdre Son Temps Est Ce Le Perdre ?. Rechercher de 53 000+ Dissertation Gratuites et Mémoiresttendre à ce qu’il loue le temps passé à user, à bon escient, du pouvoir. En fait il le stigmatise de la même façon.
De quel gaspillage parle t-il et quels solutions propose t-il pour y remédier ? C’est l’objet de cet extrait, où Sénèque va d’abord, en bon philosophe, poser le problème sous forme de paradoxe, puis dénoncer les obstacles qui nous empêchent de gagner notre temps, avant d’expliquer la cause principale de ce gaspillage, à savoir le fait que nous vivions comme si nous étions immortels.
Mouvement du texte
Dans le 1er §, Sénèque s’oppose donc à l’opinion commune (doxa) qui veut qu’on ne puisse voler que les biens matériels. Il dénonce ce mensonge de l’opinion en montrant qu’au-delà du monde rassurant des idées toutes faites, il est un monde plus inquiétant, mais aussi plus passionnant dans ce qu’il recèle d’inconnu et de surprise. Il n’expose pas une contradiction entre la pensée et le réel, mais une contradiction au sein de la pensée elle-même. Celle-ci admet que l’on puisse prendre les armes pour défendre ses biens, mais admet que n’importe qui puisse vous dérober votre bien le plus précieux, à savoir votre temps.
Dans le 2nd §, Sénèque nous invite à faire le bilan du gaspillage de notre existence. Pour lui, la vie heureuse n’est possible qu’à celui qui s’en donne les moyens. L’homme heureux est d’abord un homme d’effort : son bonheur est une conséquence de l’exercice de sa raison. Pour Sénèque, le temps est ce qui doit être mis à profit pour développer ses dispositions à la vertu, donc devenir meilleur, donc être heureux. Perdre son temps c’est perdre la possibilité de devenir sage, c'est-à-dire de devenir pleinement homme dans tout ce que cela signifie de noblesse et de dignité, de coïncidence avec soi-même et sa nature.
Dans le 3ième §, Sénèque explique que les hommes insensés perdent leur temps, parce qu’ils oublient qu’ils sont mortels. Ils vivent comme s’ils ne devaient jamais mourir. L’homme sage au contraire, sachant que la vie est brève, gagne son temps en maîtrisant le présent. Pour Sénèque, en effet, le passé est incertain, le présent bref et l’avenir instable et douteux. Le passé désespère le nostalgique qui soufre de ne pouvoir agir sur lui, et l’avenir inquiète l’angoissé qui craint son incertitude. Seul celui qui possède le présent possède tout le temps.
Conclusion
L’objectif que nous propose Sénèque, c’est la conversion à soi. Il s’agit d’échapper à tous les opportuns, à toutes les contraintes externes, aux événements, aux occupations vaines, et de se rejoindre en soi-même, dans une citadelle intérieure, une « tour d’ivoire ».Cette recette, Sénèque ne se l’ai appliquée à lui-même que dans les 3 dernières années de sa vie. En effet si dans ses œuvres Sénèque a toujours dénoncer les richesses et le pouvoir qui possèdent ceux qui croient les posséder, et affirmer avec vigueur que le temps passé à cultiver sa fortune ou son pouvoir est autant de temps perdu pour cultiver son jardin (la vertu en soi), c’est en grande partie parce que lui-même était pris au piège de la bienveillance et des largesses de Néron, et lorsque ce dernier lui demandera de se suicider, Sénèque le fit illico.
Intérêt philosophique
L’intérêt philosophique de ce texte est de montrer qu’il existe des points de convergence entre le stoïcisme et l’épicurisme. Habituellement on oppose les 2 philosophies au motif que pour les épicuriens le bonheur est dans le plaisir (mesuré) et pour les stoïciens dans la vertu. Pour les stoïciens c’est en acquiesçant à l’ordre du monde et en distinguant ce qui dépend de lui et ce qui n'en dépend pas que le sage est heureux, alors que pour les épicuriens c’est en n’abdiquant pas devant le destin et en acquérant la maîtrise rationnelle de lui-même.
Sénèque développe ici des thèses proches de l’épicurisme en faisant de l’oubli de la mortalité de l’homme la cause du gaspillage de la vie et de l’attention portée au présent, le remède à la situation qu’il dénonce. Le 1er thème est proche de celui développé par Epicure dans son tetrapharmakon, à savoir qu’il ne faut pas craindre la mort car celle-ci nous délivre du fardeau que représenterait l’immortalité. Le 2nd thème consiste à affirmer avec Epicure que le bonheur réside dans une certaine façon de vivre la temporalité. Pour les 2 philosophes, nous devons vivre en étant attentif au présent.
Peut-être parce qu’il était teinté d’épicurisme, le stoïcisme de Sénèque a profondément influencé Montaigne qui méprise avec lui la douleur et la mort, Descartes qui adopte provisoirement sa morale et « préfère changer ses désirs plutôt que l’ordre du monde » et Spinoza qui comme lui « distingue le déterminisme selon qu’il est interne ou externe ».
Texte étudié
(1) « Quand tous les génies qui ont jamais brillé se réuniraient pour méditer sur cet objet, ils ne pourraient s'étonner assez de cet aveuglement de l'esprit humain. Aucun homme ne souffre qu'on s'empare de ses propriétés; et, pour le plus léger différend sur les limites, on a recours aux pierres et aux armes. Et pourtant la plupart permettent qu'on empiète sur leur vie; on les voit même en livrer d'avance à d'autres la possession pleine et entière. On ne trouve personne qui veuille partager son arg(...)ent, et chacun dissipe sa vie à tous venants. Tels s'appliquent à conserver leur patrimoine, qui, vienne l'occasion de perdre leur temps, s'en montrent prodigues, alors seulement que l'avarice serait une vertu.
(2) Je m'adresserai volontiers ici à quelque homme de la foule des vieillards : «Tu es arrivé, je le vois, au terme le plus reculé de la vie humaine; tu as cent ans ou plus sur la tête; eh bien, calcule l'emploi de ton temps; dis-nous combien t'en ont enlevé un créancier, une maîtresse, un accusé, un client; combien tes querelles avec ta femme, la correction de tes esclaves, tes démarches officieuses dans la ville. Ajoute les maladies que nos excès ont faites; ajoute le temps qui s'est perdu dans l'inaction, et tu verras que tu as beaucoup moins d'années que tu n'en comptes.
(3) Quelle en est donc la cause ? Mortels, vous vivez comme si vous deviez toujours vivre. Il ne vous souvient jamais de la fragilité de votre existence; vous ne remarquez pas combien de temps a déjà passé; et vous le perdez comme s'il coulait d'une source intarissable, tandis que ce jour, que vous donnez à un tiers ou à quelque affaire, est peut-être le dernier de vos jours. Vos craintes sont de mortels; à vos désirs on vous dirait immortels. »
Sénèque, De la brièveté de la vie
Qu'est-ce que je perds quand je perds mon temps ?
Commencez par vous demander pourquoi on vous pose la question afin de déterminer le problème du sujet. Ce dernier est ici construit à partir d'une expression courante. Il serait donc intéressant d'analyser le sens de cette expression. Toutefois, si on lit simplement le sujet, on se rend compte que la réponse est apparemment donnée dans la question. Qu'est-ce que je perds quand je perds mon temps ? Réponse : mon temps. Mais encore faut-il savoir ce qu'on entend par là. Lorsqu'on dit que l'on perd son temps, on signifie généralement qu'on aurait mieux à faire, que ce que l'on fait est inutile, ne nous sert à rien et que notre temps pourrait être beaucoup mieux employé. On entend ainsi par là que notre temps nous est compté, que notre temps est ce que nous possédons pour agir, distinguant alors le temps en général et l'usage que nous pouvons en faire. Mais en quoi le temps pourrait-il nous appartenir ? en effet, dire " mon temps " c'est témoigner d'une possession possible, comme nous pouvons posséder un objet quelconque. En quoi le temps pourrait- il ainsi nous appartenir ? Est-ce vraiment du temps dont nous parlons ? Nous avons remarqué que l'expression " perdre son temps " renvoyait à cette situation dans laquelle nous n'agissons pas à notre guise, dans laquelle nous aurions beaucoup mieux à faire. C'est ainsi par rapport à une fin, un but que nous nous fixons que nous pouvons considérer que nous perdons notre temps puisque nous sommes alors inefficaces. La perte de notre temps n'est-elle donc pas une perte de notre capacité d'agir efficacement ? Toutefois, si le sentiment de perdre son temps apparaît au regard d'une fin que l'on s'est fixée, on peut se demander si ce sentiment n'est pas relatif ou même s'il ne peut pas nous tromper. Je peux en effet avoir le sentiment de perdre mon temps parce qu'il ne se passe apparemment rien alors que ce que je fais est très utile. Vous trouverez de nombreux éléments pour développer ces points en vous reportant aux sujets indiqués au bas de cette réponse. A partir de là, c’est à vous de formuler la problématique du sujet. Voilà les premières pistes que nous vous proposons. Nous espérons qu’elles vous seront utiles. N’hésitez pas à nous contacter pour nous faire part de vos difficultés et de l’évolution de votre réflexion.
Peut-on perdre son temps ?
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