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Anthologie Le Temps Qui Passe

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un papillon d’acier.

C’est bien de moi ! Quand je chevauche

L’Hippogriffe, au pays du Bleu,

Mon corps sans âme se débauche,

Et s’en va comme il plaît à Dieu !

L’éternité poursuit son cercle

Autour de ce cadran muet,

Et le temps, l’oreille au couvercle,

Cherche ce coeur qui remuait ;

Ce coeur que l’enfant croit en vie,

Et dont chaque pulsation

Dans notre poitrine est suivie

D’une égale vibration,

Il ne bat plus, mais son grand frère

Toujours palpite à mon côté.

- Celui que rien ne peut distraire,

Quand je dormais, l’a remonté !

Théophile Gautier

La nuit

Quand la lune blanche

S’accroche à la branche

Pour voir

Si quelque feu rouge

Dans l’horizon bouge

Le soir,

Fol alors qui livre

A la nuit son livre

Savant,

Son pied aux collines,

Et ses mandolines

Au vent ;

Fol qui dit un conte,

Car minuit qui compte

Le temps,

Passe avec le prince

Des sabbats qui grince

Des dents.

L’amant qui compare

Quelque beauté rare

Au jour,

Tire une ballade

De son coeur malade

D’amour.

Mais voici dans l’ombre

Qu’une ronde sombre

Se fait,

L’enfer autour danse,

Tous dans un silence

Parfait.

Tout pendu de Grève,

Tout Juif mort soulève

Son front,

Tous noyés des havres

Pressent leurs cadavres

En rond.

Et les âmes feues

Joignent leurs mains bleues

Sans os ;

Lui tranquille chante

D’une voix touchante

Ses maux.

Mais lorsque sa harpe,

Où flotte une écharpe,

Se tait,

Il veut fuir… La danse

L’entoure en silence

Parfait.

Le cercle l’embrasse,

Son pied s’entrelace

Aux morts,

Sa tête se brise

Sur la terre grise !

Alors

La ronde contente,

En ris éclatante,

Le prend ;

Tout mort sans rancune

Trouve au clair de lune

Son rang.

Car la lune blanche

S’accroche à la branche

Pour voir

Si quelque feu rouge

Dans l’horizon bouge

Le soir.

Alfred de Musset, Poésies posthumes

Le Lièvre et la Tortue

Rien ne sert de courir ; il faut partir à point.

Le Lièvre et la Tortue en sont un témoignage.

Gageons, dit celle-ci, que vous n’atteindrez point

Sitôt que moi ce but. - Sitôt ? Etes-vous sage ?

Repartit l’animal léger.

Ma commère, il vous faut purger

Avec quatre grains d’ellébore.

- Sage ou non, je parie encore.

Ainsi fut fait : et de tous deux

On mit près du but les enjeux :

Savoir quoi, ce n’est pas l’affaire,

Ni de quel juge l’on convint.

Notre Lièvre n’avait que quatre pas à faire ;

J’entends de ceux qu’il fait lorsque prêt d’être atteint

Il s’éloigne des chiens, les renvoie aux Calendes,

Et leur fait arpenter les landes.

Ayant, dis-je, du temps de reste pour brouter,

Pour dormir, et pour écouter

D’où vient le vent, il laisse la Tortue

Aller son train de Sénateur.

Elle part, elle s’évertue ;

Elle se hâte avec lenteur.

Lui cependant méprise une telle victoire,

Tient la gageure à peu de gloire,

Croit qu’il y va de son honneur

De partir tard. Il broute, il se repose,

Il s’amuse à toute autre chose

Qu’à la gageure. A la fin quand il vit

Que l’autre touchait presque au bout de la carrière,

Il partit comme un trait ; mais les élans qu’il fit

Furent vains : la Tortue arriva la première.

Eh bien ! lui cria-t-elle, avais-je pas raison ?

De quoi vous sert votre vitesse ?

Moi, l’emporter ! et que serait-ce

Si vous portiez une maison ?

Jean de La Fontaine ,1668

Le Pont Mirabeau

Sous le pont Mirabeau coule la Seine

Et nos amours

Faut-il qu’il m’en souvienne

La joie venait toujours après la peine.

Vienne la nuit sonne l’heure

Les jours s’en vont je demeure

Les mains dans les mains restons face à face

Tandis que sous

Le pont de nos bras passe

Des éternels regards l’onde si lasse

Vienne la nuit sonne l’heure

Les jours s’en vont je demeure

L’amour s’en va comme cette eau courante

L’amour s’en va

Comme la vie est lente

Et comme l’Espérance est violente

Vienne la nuit sonne l’heure

Les jours s’en vont je demeure

Passent les jours et passent les semaines

Ni temps passé

Ni les amours reviennent

Sous le pont Mirabeau coule la Seine

Vienne la nuit sonne l’heure

Les jours s’en vont je demeure

Guillaume Apollinaire, Alcools, 1913

L’Ennemi

Ma jeunesse ne fut qu’un ténébreux orage,

Traversé çà et là par de brillants soleils ;

Le tonnerre et la pluie ont fait un tel ravage,

Qu’il reste en mon jardin bien peu de fruits vermeils.

Voilà que j’ai touché l’automne des idées,

Et

...

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