Asie Orientale

e donc comme un espace tourné vers l’Est et le Sud, une façade avant tout maritime. Les littoraux sont marqués par de vastes plaines (plaine de Chine) ou de bas plateaux (Chine du sud) et de collines (Vietnam) propices à l’implantation humaine. Ces régions de faible altitude sont en outre bien irriguées par de larges bassins versants dont les fleuves principaux, le Huang He (Fleuve jaune) au nord, le Yangze-Kiang (Fleuve bleu) et la Rivière des perles au centre, le Mékong au sud (sud Vietnam), sont largement navigables et offrent la possibilité de pénétrer facilement dans un arrière-pays fertile. Leur embouchure, estuaires pour les trois premiers, delta pour le dernier sont en outre très fertiles et ont permis la culture du riz dès l’Antiquité. Celle-ci a permis l’émergence de civilisations anciennes.

Enfin, l’Asie orientale est avant tout un espace maritime car elle est aussi formée de péninsules (Corée, Indochine) d’archipels (Japon, Philippines, Indonésie) et d’îles (Taïwan, Hainan). Ils ont pour la plupart une origine volcanique et forment un arc fermant le continent à l’Océan Pacifique. Entre cet arc et le continent, trois mers (Mer du Japon au Nord, Mer jaune au centre-Nord et Mer de Chine) sont moins soumises aux caprices météorologiques du Japon et forment un couloir maritime d’orientation Sud-Ouest/Nord-Est, propice à la navigation.

Il paraît donc essentiel de se demander en quoi l’Asie Orientale forme-t-elle une aire de puissance organisée comme les deux autres (Etats-Unis et Union Européenne) ou si elle demeure marquée par des disparités spatiales et des inégalités de développement.

PLAN :

I) Le plus grand foyer de peuplement au monde divisé politiquement

A) L’Asie des foules

B) Une métropolisation poussée

C) Des Etats à l’histoire et aux régimes contrastés

II) La façade maritime la plus dynamique au monde

A) Des économies externalisées

B) Des activités littoralisées

C) Une façade polarisée par ses mégapoles portuaires

III) Un espace encore inégalement développé

A) Au nord, le Japon, l’un des trois pôles de la triade

B) Au centre, les espaces encore mal reliés de la Chine

C) Au sud, Singapour au centre d’une région moins développée

Conclusion : croquis

I) Le plus grand foyer de population au monde divisé politiquement

A) L’Asie des foules

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Avec une population de plus de deux milliards d’habitants, l’Asie orientale est lieu de vie de près d’un humain sur trois. Il s’agit indéniablement d’un facteur de puissance. Premier point commun : cette population se concentre principalement sur les littoraux formant l’axe de peuplement le plus dense et le plus important du monde : de Tokyo à Ho Chi Minh ville (Saigon au Vietnam) soit une bande longue de 5 000 kms. A l’est et au sud de cet axe, le peuplement est plus contrasté. Des régions de très fortes densités comme l’île de Luçon au nord des Philippines ou l’île de Java (Indonésie) y voisinent des zones vides comme les îles de Bornéo, de Sulawesi (Célèbes) ou de Nouvelle-Guinée.

En termes d’évolution démographique, ce sont les contrastes qui l’emportent. Si le Japon a terminé sa transition démographique dès les années 20, il en a été de même pour la Corée, Singapour et Taïwan qu’à la fin des années 60, pour la Chine, à la fin des années 70, pour le Vietnam et l’Indonésie au milieu des années 2000. Cette variabilité a pour effet principal une structure par âge très diverse. Si la population du Japon vieillit et augmente peu, celle de la Chine est beaucoup plus contrastée. Ainsi la fécondité y reste élevée dans les provinces rurales du centre mais très faible dans les provinces littorales. Au Sud, les populations vietnamiennes ou indonésiennes restent jeunes, le taux de natalité y a baissé mais la population continue d’augmenter. En outre, souvent et particulièrement en Chine, le sex ratio est déséquilibré. Par exemple, il est de près de 110 hommes pour 100 femmes dans le Guangxi (au sud, sur la frontière du Vietnam) pour 96 à Shanghai. Cette évolution se traduit aussi par des conséquences urbaines.

B) Une métropolisation poussée

Doc : la carte de la page 3.

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T.E. : L’Asie orientale est l’une des régions à la plus forte densité urbaine.

Le Japon entre Tokyo et Fukuoka possède une mégalopole concentrant près de 80 millions de personnes (voir chapitre suivant). Tokyo en est la seule ville globale, elle est aussi l’agglomération la plus importante au monde (30 millions d’habitants).

La forte croissance économique et la formation de la façade favorise l’émergence d’une nouvelle mégalopole, à la fois continuité de la précédente vers l’ouest et le sud, elle couvre l’ensemble du littoral de l’Asie orientale jusqu’au Vietnam. Elle forme alors la mégalopole la plus importante au monde. Elle offre une organisation complexe, les métropoles sont encore mal connectées entre elles. A l’Ouest du Japon, le système urbain coréen est polarisé par Séoul et son axe joint Pusan, le premier port du pays. Plus au sud, le système chinois, plus important apparaît encore mal organisé. Il est polarisé par trois ensembles urbains :

- Au nord, le premier a Pékin pour centre, métropole politique du pays de près de 17 millions d’habitants. La capitale du Nord (Beijing) structure les communications entre les provinces industrielles de Mandchourie (Liaoning (Sheniang), Jilin et Heilongjiang au Nord de la Chine) et minières du Hebei. Cependant, en dépit de sa fonction de capitale ce qui en fait, une métropole mondiale, la région est encore modérément intégrée à la mondialisation.

-Au centre, les provinces littorales de Jiangsu (Nankin), Shanghai et Zhejiang sont fortement intégrés au marché mondial grâce à l’activité du port de Shanghai (19 millions d’habitants) devenu le premier port mondial en 2005. L’activité y est avant tout tertiaire, dans les transports, sur l’estuaire du Yangze, Shanghai possède un vaste hinterland drainé par le fleuve qui lui sert de grande voie pénétrante.

-Au sud, la conurbation constituée par Hong Kong/ Shenzen/Guangzhou (Canton)/ Macao forme le troisième centre métropolitain de la Chine. Fortement polarisé par le « dragon » Hong Kong, il est un centre mondial dynamique depuis les années 80. La décision de transformer Shenzen en zone économique spéciale au milieu des années 80 est à l’origine du développement économique de la Chine.

Au sud de la Chine, le système urbain vietnamien est articulé autour des deux capitales : Hanoï au Nord et Ho Chi Minh Ville (Saigon) au sud. Enfin, à l’extrême sud de la façade, Singapour, autre « dragon », demeure la dernière cité-Etat de la région avec ses 4,5 millions d’habitants, elle est l’un des premiers ports de la région et du monde et l’une des premières places boursières.

C) Des Etats à l’Histoire et aux régimes politiques contrastés.

1) Une Histoire ancienne marquée par la civilisation chinoise et récente par les guerres.

Les Etats qui composent l’Asie orientale ne possèdent pas tous la même civilisation. Toutefois, la Chine a toujours été la grande puissance de la région. Berceau de progrès techniques considérables (le papier, la boussole…), la Chine s’est longtemps considérée comme le centre du Monde, elle est littéralement l’ « Empire du Milieu ». Elle a diffusé sa culture (techniques, écriture) chez ses voisins (Corée, Japon, Vietnam) de façon plus ou moins violente et a exercé un quasi-monopole commercial entre l’antiquité et le XVIIIème siècle. C’est à cette époque que les marchands chinois s’installent aussi bien dans l’archipel malais qu’à Java, ce qui explique encore aujourd’hui l’importance de la diaspora chinoise dans la région. A la fin du XIVème siècle, sous la dynastie des Ming, une grande flotte appareille de Canton vers l’Ouest, elle traverse le détroit de la Sonde puis le Golfe du Bengale, croise au large de l’Inde, puis, ayant essuyé quelques tempêtes décide de rebrousser chemin au large de l’Afrique. Cent ans avant les premiers Européens, la Chine aurait pu découvrir et coloniser le monde ouvrant la voie à la première mondialisation.

Au XVIIIème siècle, la Chine tente de se fermer à la convoitise des Européens, elle ne leur donne accès qu’au port de Canton. Sur le siècle, les Hollandais, les Portugais puis les Britanniques et les Français échangent or contre porcelaines (les « chinoiseries ») et thé. Le Japon fait de même avec le port de Nagasaki où seuls les Hollandais, colonisateurs