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Crique De Film " Frankenstein Junior "

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insi un personnage nuancé dans un univers à la fois d’épouvante et de rire.

Marty Feldman, quant à lui, serait plutôt l’incarnation du burlesque le plus déjanté dans son rôle du bossu Igor. Avec lui, on est carrément dans un grotesque rappelant la culture carnavalesque médiévale qui ne manque pas de charme. Du début à la fin du film, il a un admirable strabisme divergent, une bosse mobile et un air hagard. Un personnage bouffon extrêmement succulent et attachant malgré ses mauvaises habitudes.

Peter Boyle, la Créature, joue à la perfection ce géant balourd hypersensible et attardé. Son visage vous inspire tantôt l’effroi, tantôt la compassion… Une figure de style que ce monstre mitigé ! (David Lynch reprendra ce caractère esthétique dans Elephant Man, en 1980).

Cloris Leachman endosse le rôle de Frau Blücher – une femme d’aspect frigide, fort insistante, qui sait ce qu’elle veut – avec une perfection d’exquisité toute authentique. Son visage reste sévère et fermé alors même que son attitude la contredit. Il y a là une véritable maîtrise des mimiques !

Reste Teri Garr qui incarne Inga, l’assistante blonde pas très intelligente du docteur. Elle parvient à si bien jouer qu’il est presque inévitable de se demander si c’est vraiment un rôle… Sa candeur amène des solutions sans en avoir l’air et si elle n’était pas là, il n’est pas dit que Frederick eût réussi son formidable tour de maître !

Au niveau des acteurs, je ne peux m’empêcher de souligner la courte – mais excellente – prestation de Gene Hackman dans la peau d’un non-voyant plutôt gauche et plein de bonnes intentions pour celui qu’il croit être un pauvre muet… S’il faut verser une larme à un moment du film, c’est bien à celui-là ! Mel Brooks peut donc aussi faire jouer la corde sensible !

Young Frankenstein exhale une atmosphère sensiblement identique à celle des films d’horreur datant des années trente et quarante, à l’aide de décors gothiques tant au sens propre qu’au figuré, d’une ambiance lumineuse hyperbolique mettant en évidence le côté tremblotant des flammes des chandelles ou l’aspect lugubre des draperies arachnéennes des caves, ainsi que d’une musique litanique obsédante et quasiment oppressante avec ses jeux de violons utilisés à outrance mais qui colle parfaitement à sa fonction première : celle d’attendrir le monstre et de le guider vers son maître…

Le climat est si proche de celui d’un antique film d’épouvante que l’humour y surprend toujours de manière certainement inattendue.

Pour ce qui relève des jeux de caméra, tout est, une fois encore, fait pour emmener le spectateur dans cet environnement singulier proche du « wunderlich » de Goethe (cf. Faust), simultanément fascinant et angoissant. Bien sûr, il suffit d’un gros plan sur Marty Feldman et le côté angoissant devient instantanément cocasse. Les différents plans sont étudiés et dosés pour maintenir cette impression d’un milieu hybride où il est difficile de situer clairement ses sentiments.

Outre tout ceci, ce long métrage regorge de topoï classiques du film d’épouvante, comme, par exemple, les hennissements de chevaux chaque fois que le nom de « Frau Blücher » est prononcé, le portrait du baron Victor von Frankenstein qui semble sourire de manière machiavélique, les hurlements lupins, l’omniprésence de l’orage et du feu, etc. Et surtout ce topos de l’homme civilisé qui débarque dans une région où le progrès n’a que peu de place dans la vie quotidienne : il suffit de mettre en parallèle le début du film et la fin pour mettre en rapport la vie quotidienne de Frederick en Amérique et celle qu’il vit en Transylvanie. Ajoutons aussi que cette région n’a pas été choisie au hasard. La Transylvanie est réputée pour ses innombrables légendes de monstres, vampires, créatures, harpies et autres lycanthropes censés séjourner dans les forêts, manoirs et châteaux et qui assurément ne veulent pas que du bien aux êtres humains. Mais rien de méchant chez Mel Brooks. Même son comte Dracula (Dracula, mort et heureux de l’être) n’a rien d’une sangsue géante ne désirant que s’abreuver… Il est une récurrence chez Brooks facilement relevable, même en ne visionnant

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