Faut Il Être Seul Pour Être Soi Même

société, je passe mon temps à jouer un rôle. Le rôle de l'élève, le rôle de la fille, le rôle que la personne que l'on a en face de soi s'attend à voir dans notre comportement. D’ailleurs Rousseau affirmait, dans Discours sur les sciences et l'art: "Il règne dans nos mœurs une vile et trompeuse uniformité, et tous les esprits semblent avoir été jetés dans le même moule". La vie en société prive l'Homme de dévoiler ses pensées et ses sentiments les plus sincères. Enfin, selon Sartre, l'existence d'autrui est ma chute originelle, car dès que l'autre apparaît je ne me vois plus qu'à travers son regard. Comme il me renvoie une fausse image de moi-même, je ne me vois plus tel que je suis, et donc je n'agis plus comme je suis mais comme il me voit. A travers l'autre je deviens un objet et non pas ce que je suis mais ce que l’autre veut voir en moi. Mais également dans l’éducation : Les enfants, par exemple, sont obligés de répondre à des modèles sociaux qui ne respectent pas leur individualité. Pour s'affirmer, l’homme a besoin dès son enfance de rompre le lien psychologique qu’il à avec sa famille et son entourage pour pouvoir sa forger sa propre personnalité et ses propres choix et opinions. Seule la solitude permet de me retrouver. Plus un individu a une personnalité forte, plus il cherchera à s'isoler pour ne pas être obligé de moduler son moi en fonction des autres. Seul avec moi-même je peux me connaître tel que je suis. Aucun homme ne se montre jamais totalement dans ce qu’il fait, dans ce qu’il dit. Il y a cette intériorité à laquelle l’autre n’a pas accès. Cette connaissance me permet d'exister, non en fonction des autres, mais par rapport à ma nature profonde et véritable.

Cependant, vouloir la solitude c'est encore penser aux autres. Ce n'est qu'une fois éduqué par les autres que l'on peut désirer être seul.

Il y a trois hommes en chaque homme : le moi biologique, le moi sociale et le moi moral. Au départ de la vie, chacun dépend des autres : matériellement puisque l’enfant a besoin que l’on prenne soin de lui, et assez longtemps ; culturellement, puisque nous sommes tous héritier de ceux qui nous ont précédés et transmis leur savoirs ; et de façon plus essentielle encore, nous dépendons des autres affectivement, c’est autrui qui me donne sens, c’est son regard qui me dit que j’existe. Autrui est donc la condition de ma première expérience du monde. Autrement dit, seul je crains de me renfermer sur moi-même est de ne pas pouvoir tester ma personnalité et en changer, mais également tester mes attitudes et mes pensées. Robinson Crusoé en est bon exemple. Serait-on heureux seul sur une île déserte ? On aimerait le croire, mais quel liberté ? Cette image n’est paradisiaque qu’en apparence. En effet vivre seul c’est se priver de toute liberté. Robinson supporte seul ses craintes, il doit tout assumer : sa nourriture quotidienne, les intempéries de la nature. Il est constamment soumis à la nécessité. Il n’est donc pas libre. Selon Gilles Deleuze autrui est l’expression d’un monde possible, « autrui est l’existence du possible en générale ». Sans l’autre aucune ouverture, aucune horizon. Hors de la société, l'homme se déshumanise, perd son « moi ». Autrui me permet donc d’accéder à l’humanité en général, mais d’abord à la mienne, lorsque je me découvre conscience libre. Le dialogue permet de se connaître soi-même, Selon Sartre « pour obtenir une vérité quelconque sur moi, il faut que je passe par l’autre. L’autre est indispensable à mon existence, aussi bien d’ailleurs qu’à la reconnaissance que j’ai de moi ». Je ne peux être moi-même sans le regard des autres. La solitude ne permet aucune évaluation. Pour être moi-même j'ai besoin de points de repère afin de savoir qui je suis. Le meilleur moyen pour apprendre à se connaître, c’est de chercher à comprendre autrui. Il est important de savoir que le cycle infernal de la dépendance à autrui ne peut être brisé. En effet, j'ai besoin des autres pour me connaître, mais les autres m’empêchent d'affirmer mon individualité car ils me renvoient une fausse image de moi-même. Je ne peux échapper à ces contradictions, je ne peux sortir de ce cycle infernal. Oui,