L'Ordre Politique Excut-Il La Violence ?
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L’ordre politique, assimilable bien souvent à l’Etat, n’exclut pas la violence. En effet, la brutalité n’est pas éradiquée de nos sociétés. De plus, l’Etat fait violence à l’homme, qui doit annihiler sa liberté naturelle et donc se faire violence en réduisant l’assouvissement irréfléchi de ses passions. Si l’ordre politique n’exclut pas la violence, c’est parce qu'il il est lui-même violent. Ainsi, il peut violer les droits d’un individu, il peut instaurer l’inégalité et être la cause de guerres et donc parfois à l’origine de la barbarie.
La présence d’institutions à caractère politique - c'est-à-dire visant à permettre, organiser, gérer la vie en société tels la justice, les ministères -, ne mettent pas fin à la brutalité. Ainsi, même si le but de l’Etat démocratique est de réduire les injustices, c’est sous le régime démocratique d’Athènes que Socrate fut condamné injustement à mort. Or, une peine injuste fait violence à l’individu qui la subit d’autant plus si, comme c’est le cas ici, c’est la majorité, c'est-à-dire la force qui l’impose et non la loi, expression de l’intérêt général. Aujourd’hui, la perpétration d’actes criminels, et même leur augmentation dans certains Etats européens, montre bien que l’ordre politique n’évince pas la brutalité. De plus, l’Etat, ses structures, peuvent permettre la mise en œuvre d’actes barbares, à grande échelle. Ainsi, le nazisme s’est fondé sur un « ordre » politique pour imposer un Etat barbare, totalitaire.
Si l’ordre politique n’exclut pas la violence, c’est aussi parce qu’il fait violence aux hommes. Lorsque l’individu entre en société, il doit annihiler sa liberté naturelle. Il doit donc se faire violence, se contraindre, par exemple s’interdire d’assouvir toutes ses envies. De plus, l’ordre politique n’est-il pas le fondement des inégalités ? En effet, l’Etat reconnaît la propriété et met ainsi fin à l’égalité des hommes, comme le souligne Rousseau dans Discours sur l’origine et les fondements de l’inégalité parmi les hommes. Ainsi, l’ordre politique, instaure des rapports de force qui ne sont pas jugés naturels par l’auteur. Il institutionnalise un état de violence car l’inégalité entre les individus a pour conséquence toutes sortes d’actes brutaux :le vol,… Or, ces sentiments, créés par l’inégalité, découlent de l’entrée en société, fondant la propriété, inexistante dans l’état de nature. De plus, il a aussi pour conséquence une société brutale où l’on voit, encore au XXI siècle, dans des pays assez riches pour nourrir toute leur population, des gens démunis et sans ressources, forcés de vivre dans la rue, manquant des denrées les plus nécessaires. Alors que, dans des sociétés dites primitives et donc plus proches de l’état de nature, seuls les hommes ayant commis un crime grave sont ainsi condamnés à vivre hors de la société, isolés et démunis.
En outre, l’ordre politique, peut faire violence aux individus en ne respectant pas les droits de l’homme. C’est ainsi qu’au XIX siècle, l’affaire Dreyfus éclate et prive un homme de ses droits face à la toute puissance de l’Etat et de l’institution étatique qu’est l’armée. Ils préfèrent sacrifier un individu plutôt que de remettre en cause l’autorité de l’armée. L’Etat, puissant, parce qu’il détient le pouvoir, peut se montrer dangereux pour les droits de l’homme et du citoyen et leur faire violence comme l’exprime cet exemple.
De plus, les proclamations de guerres qui sont le fait du gouvernement et du chef de l’Etat, représentants de l’ordre politique, font violence aux peuples. Ainsi, la Première Guerre mondiale et la Seconde Guerre mondiale ont été les théâtres de barbaries. Certains Etats, en en attaquant d’autres, font violence aux hommes. C’est actuellement le cas dans de nombreux pays du monde, entre autres, l’Irak et l’Afghanistan.
L’ordre politique ne semble pas garant de la paix sociale, de la paix civile ni de la paix internationale et il n’exclut pas la violence. Car il ne met pas fin aux actes de brutalité, ni aux inégalités et parce que l’entrée en société, donc dans la sphère régie par l’ordre politique, nécessite que l’homme se fasse violence à lui-même. Cependant, le but de l’Etat n’est-il pas de mettre fin à la violence ? L’Etat de droit ne fait-il pas taire la force, l’Etat démocratique les inégalités ?
L’Etat exclut théoriquement la violence, dans la mesure où il structure la société et est sa condition de possibilité. Or, l’entrée en société, mettant fin à l’état de nature, met fin à la brutalité, à l’ordre du plus fort pour instaurer celui de la loi et du droit. L’Etat démocratique, car il a pour but le règne de l’égalité, se propose de mettre fin à la violence sociale et l’Etat de droit propose de substituer au règne du plus fort celui de l’intérêt général.
La cité, qui rend nécessaire la création d’un ordre politique, est dès son origine liée à l’exclusion de la violence. Ainsi, Romulus, dont la légende dit qu’il fonda Rome, commence par délimiter l’enceinte de la cité, à l’aide d’une charrue, et pour première loi édicte qu’on ne pourra pas y pénétrer avec une arme. Il bannit donc, symboliquement, la violence de la cité. L’ordre politique, permettant la survie de la cité, fait respecter cette loi, par exemple en imposant que les exercices militaires se fassent sur le champ de mars, c'est-à-dire hors de son enceinte. Dès l’instauration de l’ordre politique, qui va de pair avec celle de la polis, la violence est chassée. De plus, la cité régie par un ordre politique, variant selon les époques, n’a-t-elle pas pour conséquence l’annihilation de la violence humaine ? En effet, en entrant dans la cité, l’homme annihile son animalité et la violence qui la caractérise. Ainsi, hors de la cité, l’homme, soumis à ses instincts, ses désirs, ses passions, ne se soumettrait qu’à la loi du plus fort et cet état naturel serait un véritable enfer où la violence se déchaînerait, (Hobbes, Léviathan). A contrario, la vie en société favoriserait son humanité. En effet, dans la cité, l’homme vit entouré de ses semblables et il peut, grâce à la parole, dialoguer avec autrui et ainsi apprendre à se connaître lui-même. Il répond donc à l’injonction de l’oracle de Delphes : « connais-toi toi-même » et accomplit de cette façon son humanité. Or, l’accomplissement de son humanité passe par le dépassement de son animalité et de ses passions. Il peut ainsi limiter la violence qui accompagnait son état premier, grâce à l’ordre politique régnant dans la cité.
De plus, l’Etat n’implique-t-il pas le règne de la loi ? Ne substitue-t-il pas à l’ordre de la force celui du droit ? Or, c’est l’instauration de l’Etat et de la Justice qui met fin à la loi du talion, de l’ « œil pour œil, dent pour dent », en introduisant un tiers objectif dans les conflits et par l’entremise des lois, instituant la répression d’un crime, d’un délit. L’ordre politique met ainsi un terme au cercle vicieux de la loi du talion, il met un terme au cercle sans fin des vengeances, de la vendetta et de la violence. L’ordre politique, incarné par l’Etat de droit, a pour objectif, en plus d’éradiquer la violence entre les individus, d’empêcher la violence de l’Etat, en pratiquant la séparation des pouvoirs, chère à Montesquieu. Ainsi, en séparant pouvoirs exécutif, législatif et judiciaire et en leur donnant une importance égale, chacun de ces pouvoirs peut contrebalancer les autres et en éviter les dérives et abus. Or, cela permet de protéger les individus face à la toute puissance de l’Etat. S’ils jugent leurs droits bafoués par celui-ci, ils peuvent s’en défendre puisque l’exercice de la justice est indépendant de celui du pouvoir exécutif. Et ce partage des pouvoirs réduit les possibilités d’établissement d’un régime despotique, puisqu’ils ne sont pas concentrés dans les mains d’un seul homme.
En outre, l’Etat instaure l’ordre du droit et met fin à celui de la force. En effet, dans un Etat républicain, par exemple, on n’obéit plus au plus fort mais on se soumet aux lois. Et ces lois permettent de sortir des relations brutales qui sont le corrélat du règne de la force car personne n’ayant de droits ou de devoirs, chacun agit selon sa force et essaye d’imposer sa volonté aux autres. Si quelqu’un me dérange et que je suis plus fort que lui, pourquoi ne pas répondre à ma première envie, qui est de m’en débarrasser, et donc le tuer ? Les lois et la justice, en imposant l’intervention d’un tiers mais aussi parce qu’elles obligent à prendre le temps de la réflexion, font taire les passions qui mènent souvent à des actes violents. Or, c’est l’ordre politique qui instaure ces institutions, ces formes donc qui canalisent la violence. De plus, les lois sont, par leur contenu, une entrave à la violence puisqu’elles condamnent le meurtre, le viol, le vol, les abus de pouvoirs et d’autorité et, de manière générale, les actes violents. Elles se montrent dissuasives,
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