La Mort De Manon Lescaut
Dissertation : La Mort De Manon Lescaut. Rechercher de 53 000+ Dissertation Gratuites et Mémoiresutenir, […] car cette amante incomparable refusa constamment de s’arrêter plus tôt », lorsqu’elle meurt sans rien dire, seulement en soupirant. En outre, l’amour des deux personnages est visible grâce aux connotations érotiques qui sont utilisées par le narrateur, le Chevalier Des Grieux : « je me soumis durant quelques moments à ses désirs » ; « je me dépouillai de tous mes habits » ; « à me voir employé à son usage tout ce que je pus imaginer de moins incommode » ; « par mes baisers ardents et par la chaleur de mes soupirs ». Aussi, le Chevalier est si amoureux de Manon qu’il en vient à prier le « Ciel » de manière vive jusqu’à l’apostropher : « Ô Dieu ! » ; « et à prier le ciel de lui accorder un sommeil doux et paisible ». Cela est une nouvelle preuve que Des Grieux se préoccupe de Manon, c’est une nouvelle expression d’amour à une époque où la France est encore très majoritairement croyante. Les références au Ciel et à la religion sont, par ailleurs, nombreuses, avant mais aussi après la mort de Manon : « le Ciel ne me trouva point, sans doute, assez rigoureusement puni » ; « j’invoquai le secours du Ciel et j’attendis la mort avec impatience » ; « elle me confessa ».
Le jeune chevalier Des Grieux interrompt son récit pour laisser place à un discours qui est révélateur de ses sentiments, de sa tristesse, de ses émotions. Il fait ce basculement en interpelant le lecteur : « Pardonnez-moi ». Il s’adresse aussi à lui lors de son discours : « je vous raconte » ; « N’exigez point de moi que je vous décrive mes sentiments » ce qui permet au lecteur de se sentir concerné par le discours, de ne pas se sentir passif. Le décalage temporel entre l’événement et la narration permet de crédibiliser les sentiments du narrateur puisqu’il a, normalement, eu le temps de prendre du recul sur l’événement en question. Cela donne au lecteur l’impression que la vive émotion du narrateur est toujours présente même si un certain temps s’est écoulé depuis le drame : il ne s’agit pas seulement d’une émotion perçue sous le choc de l’événement : «je vous raconte un malheur qui n’eut jamais d’exemple » ; « je le porte sans cesse dans ma mémoire » ; « mon âme semble reculer d’horreur chaque fois que j’entreprends de l’exprimer ». En outre, le décalage temporel permet au narrateur de choisir les éléments de l’action sur lesquels il vaut mieux s’attarder ou, au contraire, les éléments sur lesquels il vaut mieux faire bref : ici le narrateur ne s’attarde pas sur les circonstances de la mort : « N’exigez point de moi […] que je vous rapporte ses dernières expressions » mais sur les événements qui précédèrent celle-ci : « Je les approchai de mon sein, pour les échauffer. Elle sentit ce mouvement, et, faisant un faisant un effort pour saisir les miennes, … ».
La mort de Manon est montrée comme exemplaire : elle ne se plaint pas, elle ne montre pas tant de douleur, seuls des signes extérieurs tels que ses mains « tremblantes » et « froides » témoignent de son état, elle parait accepter son destin. Cette sérénité contraste avec le fait que Des Grieux soit totalement effondré et perdu après cette terrible mort : « C’est tout ce que j’ai la force de vous apprendre de ce fatal et déplorable événement » ainsi, Des Grieux souhaite lui aussi « partir » : « j’attendis la mort avec impatience ». La visée pédagogique religieuse est évidente ici : « j’invoquai le secours du Ciel » ; « Le Ciel ne me trouva point » ; « Ô Dieu ». La mort de Manon semble être le fruit de son passé peu honorable, le « Ciel » voudrait-il la punir ainsi ? Il punirait aussi Des Grieux qui se voit séparé de sa bien-aimée qu’il ne réussit pas à rejoindre pour l’instant. Cette mort qui intervient à un moment où les deux personnages étaient au paroxysme de leur amour est vécue par Des Grieux comme étant une punition de la part du Ciel : « Le Ciel ne me trouva point, sans
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