Le Déterminisme De l'Hérédité

rages.

Le docteur Claude Bernard, quant à lui, n'a jusqu'à présent pas spécialement travaillé sur l'hérédité. Il est l'auteur de «L'introduction à l'étude de la médecine expérimentale», une théorie qu'on peut résumer en quelques mots:

1- on constate les faits bruts (pour s'assurer de leur existence);

2- on observe les faits (pour chercher leurs rapports, leurs lois);

3- on analyse expérimentalement les faits (pour chercher leurs causes et agir sur la manifestation des phénomènes).

Moi, j'ai appliqué cette méthode à la littérature.

Mon oeuvre «Les Rougon-Macquart, histoire naturelle et sociale d'une famille sous le second empire» est un laboratoire d'expérimentation du déterminisme social. Dans les «Rougon-Macquart» je fais des expériences: je mets des personnages dans une éprouvette, j'ajoute des événements, d'autres personnages, et je décris ce qui se passe sans jamais m'écarter des lois de la nature. J'ai écrit un jour que j'étais un «romancier naturaliste», dont l'expérience consistait à «faire mouvoir les personnages dans une histoire particulière pour y montrer que la succession des faits y sera telle que le déterminisme l'exige».

J'ai même fait un dessin pour illustrer cela: l'arbre généalogique des Rougon-Macquart avec, à l'origine, la Tante Dide, dont la tare initiale détermine «selon les milieux, chez chacun des individus de cette race, les sentiments, les désirs, les passions, toutes les manifestations humaines, naturelles et instinctives dont les produits prennent les noms de vertu et de vice».

Mais certains, dans ton XXIème siècle, estimeront peut-être que j'ai accordé une place exagérée au déterminisme et à l'hérédité...

Émile Zola