Le Père Goriot "Fragment: "Rastignac Ou l'Appétit De Réussite »

Louis Lambert et Serphita, Balzac reste avant tout romancier.

En effet, 1833 est l’année de son premier chef d’oeuvre: Eugénie Grandet 1834, celle du Père Goriot où est fixé définitivement le système romanesque balzacien: placer les personnages dans un univers fermé et les faire revivre dans toutes ses oeuvres. Le travail est énorme, l’oeuvre immense. Les chefs d’oeuvre succèdent aux chefs-d’œuvre: Le Lys Dans La Vallée, Histoire de la grandeur et de la décadence, Les illusion perdues, Le cure de village. Balzac devient un forçat de la littérature.

En 1842, pour mieux souligner l’unité de son oeuvre, il lui choisit un titre général: La comédie humaine; mais celle-ci n’est pas achevée.

En 1850, épuisé par son travail, Balzac meurt, quelques mois après avoir épousé Madame Hanska.

1.2. Résumé du roman « Le Père Goriot »

Roman extrait de la comédie humaine écrit par Balzac en 1835.

A la fin de l'année 1819, la maison Vauquer à Paris, abrite plusieurs pensionnaires dont certains ont un comportement assez mystérieux. Parmis eux un certain M. Vautrin et un vieillard, le père Goriot. Deux jeunes gens : Victorine Taillefer, une orpheline, et Eugène de Rastignac, un étudiant.

C'est Rastignac qui révèle le mystère du père Goriot grâce à sa cousine, la vicomtesse de Beauséant. Goriot s'est ruiné pour ses filles : Anastasie de Restaud et Delphine de Nucingen. Mais celles-ci ont honte de leur père, enrichi sous la révolution dans la fabrication des pâtes alimentaires.

Vautrin révèle à Rastignac les rouages de la société et les moyens de parvenir. Il veut faire sa fortune et le pousse à épouser Mlle de Taillefer, dont il s'arrange pour faire tuer le frère en duel afin de lui rendre la disposition d'un riche héritage. Rastignac refuse de le suivre; il s'engage dans une relation amoureuse avec Delphine. Une enquête révèle que Vautrin est un ancien forçat. On vient l'arrêter.

Au moment où il croyait pouvoir quitter la pension, Goriot est frappé à mort en apprenant brutalement la situation familiale et financière désastreuse de ses filles, qui lui réclament son aide sans ménagement. Rastignac assiste seul à l'enterrement du vieillard, puis lance un défi à Paris et à la société.

1.3. Thèmes du roman:

• Paris sous la restauration

• La condition des femmes et le mariage

• Le drame de la paternité

• La critique de la société

• Le pouvoir corrupteur de l’argent.

1.4. La période historique du roman « Le père Goriot » : la

Restauration (1814-1848)

La Restauration est la période d’histoire de France restaurant la monarchie française classique, celle des Bourbon, et la chute du Premier Empire. La Restauration consiste en un retour à la souveraineté monarchique, comme sous l’Ancien Régime, avec bien entendu quelques adaptations à l’égard à l'épisode révolutionnaire, qui se traduit essentiellement par la rédaction d’une constitution.

La réalité de cette période historique, dans laquelle se déroule le roman « le Père Goriot » peut se résumer en deux point :

• Instabilité politique

Empire et Restauration et Monarchie de Juillet ne sont pas parvenus à avoir une pleine légitimité.

• Bouleversement social

La société est sujette à de profonds bouleversements. La première moitié du XIXème siècle est une phase transitoire où le mouvement social en plein bouleversement.

Eugène de Rastignac dessiné par Charles Huard, illustration pour l'édition Conard de La Comédie humaine.

1.5. L’extrait

Retours de Rastignac des vacances pour commencer à sa deuxième année d’étudiant. Les atouts naturels du jeune homme.

1. Eugène de Rastignac était revenu dans une disposition d'esprit que doivent avoir

2. connue les jeunes gens supérieurs, ou ceux auxquels une position difficile

3. communique momentanément les qualités des hommes d'élite.

Retour en arrière (flash back) : peu du travail dans la faculté et réjouissance « visuelle ».

4. Pendant sa première année de séjour à Paris, le peu de travail que veulent les premiers

5. grades à prendre dans la Faculté l'avait laissé libre de goûter les délices visibles du

6. Paris matériel.

La vie d’un étudiant !

6.

7. Un étudiant n'a pas trop de temps s'il veut connaître le répertoire de chaque théâtre,

8. étudier les issues du labyrinthe parisien, savoir les usages, apprendre la langue et

9. s'habituer aux plaisirs particuliers de la capitale; fouiller les bons et les mauvais

10. endroits, suivre les cours qui amusent, inventorier les richesses des musées. Un

11. étudiant se passionne alors pour des niaiseries qui lui paraissent grandioses. Il a son

12. grand homme, un professeur du Collège de France, payé pour se tenir à la hauteur de

13. son auditoire. Il rehausse sa cravate et se pose pour la femme des premières galeries de

13. l'Opéra-Comique.

14. Dans ces initiations successives, il se dépouille de son aubier,

15. agrandit l'horizon de sa vie, et finit par concevoir la superposition des couches

16. humaines qui composent la société. S'il a commencé par admirer les voitures au défilé

17. des Champs-Elysées par un beau soleil, il arrive bientôt à les envier.

Les effets de l’apprentissage sur Rastignac

18. Eugène avait subi cet apprentissage à son insu, quand il partit en vacances, après avoir

19. été reçu bachelier en Lettres et bachelier en Droit. Ses illusions d'enfance, ses idées de

20. province avaient disparu. Son intelligence modifiée, son ambition exaltée lui fit voir

21. juste au milieu du manoir paternel, au sein de la famille.

Retour chez ses parents pour les vacances. Comparaison entre la vie de province et la vie parisienne incite son désir à réussir.

22. Son père, sa mère, ses deux frères, ses deux soeurs, et une tante dont la fortune

20. consistait en pensions, vivaient sur la petite terre de Rastignac. Ce domaine d'un

21. revenu d'environ trois mille francs était soumis à l'incertitude qui régit le produit tout

22. industriel de la vigne, et néanmoins il fallait en extraire chaque année douze cents

23. francs pour lui. L'aspect de cette constante détresse qui lui était généreusement cachée,

24. la comparaison qu'il fut forcé d'établir entre ses soeurs, qui lui semblaient si belles

25. dans son enfance, et les femmes de Paris, qui lui avaient réalisé le type d'une beauté

26. rêvée, l'avenir incertain de cette nombreuse famille qui reposait sur lui, la

27. parcimonieuse attention avec laquelle il vit serrer les plus minces productions, la

28. boisson faite pour sa famille avec les marcs de pressoir, enfin une foule de

29. circonstances inutiles à consigner ici, décuplèrent son désir de parvenir et lui

30. donnèrent soif des distinctions.

Les femmes, la porte de la réussite !

31. Comme il arrive aux âmes grandes, il voulut ne rien

32. devoir qu'à son mérite. Mais son esprit était éminemment méridional; à l'exécution, ses

33. déterminations devaient donc être frappées de ces hésitations qui saisissent les jeunes

34. gens quand ils se trouvent en pleine mer, sans savoir ni de quel côté diriger leurs