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Ligne De Faille

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retrouvera le sourire à New-York quand elle découvrira avec son nouveau papa les bagels de chez Katz ! Mais le passé ressurgit et c'est donc dans la dernière partie consacrée à Erra, Kristina, AGM, la mère de Sadie, en 1944-1945 en Allemagne, que l'on connaîtra la vérité sur cette famille. On comprendra alors l'intérêt de Sadie pour les origines de sa mère, et l'importance de cette cassure originelle. Cassure qui prend ici le visage de la politique nazie du Lebensborn. L'évolution de la trame de l'histoire, qui se tisse comme une toile d'araignée, aborde le poids du passé et son influence sur le présent. Le regard des enfants l'année de leurs 6 ans, à des moments charnières (Guerre du Liban, conflit israëlo-palestinien, Seconde Guerre Mondiale, l'Amérique de Bush), sert magnifiquement le propos. Le livre aborde également le thème des origines : d'où l'on vient, où est-ce que l'on va ? C'est un peu la trame de cette histoire, qui nous promène des États-Unis au Canada, en passant par l'Allemagne, l'Ukraine et Israël. C'est aussi une autre des thématiques «fétiches» chez Nancy Huston, canadienne anglophone qui vit

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aujourd'hui en France. Nancy Huston frappe fort avec ce nouveau livre, ultra documenté et fort bien écrit comme toujours. Il est d'une intelligence, d'une sensibilité, et d'une humanité remarquables. Les points de vue sont très singuliers et certaines métaphores délicieuses. Même si le résumé de l'histoire vous a paru un peu compliqué, n'hésitez pas à vous emparer de cette histoire pour en démêler toutes les subtilités. Tout en écrivant ceci, je prends d'ailleurs conscience de certains aspects du livre que je n'avais pas saisi de prime abord. Cela mériterait presque une deuxième lecture ! Texte 2 Je viens de terminer ce livre, et je peux vous dire que c'est pour moi un grand coup de coeur. J'ai l'impression ces derniers temps que les romans qui évoquent la Seconde Guerre mondiale sont à la mode. Je ne dis pas que c'est gênant en soi. Cela nous permet au contraire de découvrir des horreurs méconnues. Surtout, ça prouve ce que Nancy Huston révèle dans ce livre, et que l'on semble vouloir oublier ces temps-ci : le fait que, même si l'on fait ses propres choix, le passé imprègne également le présent. Ainsi, si l'on n'a pas réglé les blessures du passé, elles nous poursuivent inlassablement, de génération en génération.

Ce qui me gêne dans cette "mode", c'est que tout le monde peut y aller de son propre hommage très facilement. Or, quand on écrit un roman, il y a d'autres exigences, littéraires celles-ci, qui devraient servir le sujet, le cadrer, et ne pas s'effacer devant lui. C'est dans ce piège que n'est pas tombée Nancy Huston, que je ne connaissais pas et qui m'a véritablement époustouflée. Ce sont quatre enfants de six ans d'une même famille et à des époques différentes qui enquêtent pour nous, à travers leurs jeunes yeux un peu naïfs, mais pas tant que cela en fait. Ils ont tous six ans et un grain de beauté un peu étrange, parce que l'histoire se répète à chaque génération depuis 1944. Comme ils ne comprennent pas l'importance des faits dont ils sont les témoins involontaires, leur récit est dépourvu de tout artifice, et donc sincère. Ils sentent seulement qu'un secret empoisonne l'histoire de leur famille, y crée une atmosphère tendue, mais ni ce qu'est ce secret, ni de quand il date. J'ai été un peu déboussolée au début par le discours de Sol, qui m'a paru beaucoup trop mature (et à moitié cinglé). Mais les autres enfants sont beaucoup plus crédibles. De plus, pour Sol, c'est le moyen qu'a trouvé Nancy Huston pour nous montrer, sans trop faire de psychologie, que l'éducation que l'on reçoit, les choses dont nous sommes témoins enfant, même lorsqu'on ne les comprend pas, sont assimilées et servent à se façonner. Randall a choisit le protestantisme pour brouiller les cartes, sa femme cherche même à effacer la tache sur la figure de son fils, qui

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témoigne du passé, mais le fait est que ce n'est pas aussi simple. Il faut alors faire ce que Sadie a tenté de faire adulte, en tant qu'historienne, déterrer le passé. Au fur et à mesure que l'on remonte dans le temps, on comprend le présent. Car dans ce livre, la chronologie est inversée. Ca peut sembler dépourvu de logique si l'on considère l'histoire de façon linéaire, comme quelque chose de progressif. Mais pas ici. Car l'enfance de Sol de nos jours s'explique par l'enfance de Randall en 1982, qui fait écho à celle de Sadie en 1962, elle même étant le résultat de ce qui s'est produit en 1944 pour Erra. On a d'abord du mal à aimer Randall, Sadie et Erra adultes, puis on écoute l'enfant qu'ils ont été et on finit par comprendre ce qu'ils sont devenus. Si le spectre du nazisme est présent au cours du livre, et est le point d'aboutissement de l'histoire, Nancy Huston est parvenue à ne pas le laisser entacher son récit. Elle le tient véritablement à distance en utilisant surtout des suggestions, ainsi qu'un ton plutôt léger. A aucun moment, l'histoire ne tombe dans le larmoyant, nous suggère de façon artificielle que c'est le moment de pleurer. Nancy Huston ne se pose pas en juge, elle se contente de nous laisser découvrir l'histoire de cette famille et de tirer nos propres conclusions. Finalement, Nancy Huston se sert autant de l'histoire de cette famille pour évoquer les horreurs méconnues de la Seconde Guerre mondiale, que des blessures infligées par le nazisme pour évoquer l'influence du passé sur le présent.

Cela donne un livre maîtrisé de bout en bout, modéré, et donc efficace. En effet, ce roman bouleverse le lecteur parce qu'il lui fait prendre le recul qui permet de réfléchir par soi même. L'émotion n'est donc pas frontale et superficielle, elle s'insinue progressivement, subtilement et profondément en nous. En refermant ce livre, j'ai eu le sentiment que Nancy Huston m'avait mis délicatement les cartes en main pendant cinq cents pages, et qu'elle me regardait les sourcils relevés, comme pour dire "Et oui..." . " Le lendemain pendant la récré un garçon me court après en criant "Juive ! juive ! " - mais comme j'ai promis à Peter de ne plus jouer à ce jeu, je prends mes jambes à mon cou et trébuche et tombe et m'érafle le genou et dois aller à l'infirmerie, et quand l'infirmière ôte mon bas je vois que mon genou saigne et j'entends l'Ennemi Ricaner sur un ton jubilatoire en disant : Du sang nazi, Sadie ! Du sang nazi ! " (page 367) Texte 3 résumé Sadie et Kristina(Erra) Sadie vit chez ses grands-parents, au Canada. L’éducation vise à faire d’elle une bonne femme au foyer, sachant danser, jouer du piano. Les sources d’ennuis et de malheurs de Sadie sont multiples : en danse, on l’envoie au piquet parce qu’elle a raté pour la quatrième fois sa pirouette, les filles de son école se moquent d’elle et de sa maladresse. Au cours de piano, son professeur n’est jamais contente, la reprend sans cesse en lui tapant sur les doigts avec une règle, ce qui lui fait « vraiment mal ». Sadie a l’impression que

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dès qu’un objet peut lui faire du mal, il se précipite sur elle, et elle se fait souvent mal. Elle n’aime pas son prénom qui fait penser à sad, triste. Elle est aussi triste parce que sa mère n’est jamais là et ne l’a pas prise avec elle pour l’élever. Son père s’appelle Mortimer, surnommé « Mort ». Il a quitté sa mère lorsque Sadie est née. C’était un garçon dans une bande de beatniks (beat generation) que fréquentait sa mère à l’époque et qui, comme le dit sa grand-mère, « incapable d’entretenir une famille ». Sadie est sure qu’il y a un Ennemi qui lui veut du mal et qui s’acharne contre elle. Une preuve de la haine de cet Ennemi est que, comme sa mère, elle a un grain de beauté, mais que le sien est placé à une place horriblement honteuse : c’est une grosse tache sur la fesse gauche, comme si elle s’était mal essuyée. Sadie suppose que c’est pour cela que son père est parti. Sadie aimerait vivre avec sa mère et pouvoir lire, lire, lire sans qu’on l’en empêche. Contrainte de travailler son piano tous les jours, elle s’applique de son mieux et se dédouble peu à peu : la main gauche, le côté du grain de beauté, est celle qui fait le plus de fautes et se confond régulièrement en excuses, tandis que la main droite gronde, tempête et tape la main gauche. Sadie essaie de ne pas faire parler ses mains trop fort ni trop longtemps pour que sa grand-mère ne le remarque pas. Enfin, le jour de Pâques arrive et la mère de Sadie, Kristina vient pour le repas. Kristina annonce à ses parents qu’elle veut prendre Sadie chez elle samedi prochain et la ramener le lendemain. Elle viendra la chercher avec son impresario, Peter Silbermann. Ce nom semble

engendrer

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