Molière
Mémoire : Molière. Rechercher de 53 000+ Dissertation Gratuites et Mémoiresui remporte un grand succès en novembre 1659. Soutenu par le roi Louis XIV, marié avec la jeune comédienne Armande Béjart et jouissant d'une solide santé malgré sa fin brutale2, Molière affronte les cabales et continue à jouer et à diriger sa troupe – devenue « Troupe du Roy » - tout en écrivant des comédies de genres variés (des comédies proches de la farce comme Le médecin malgré lui (1666) ou Les Fourberies de Scapin (1671), des comédies plus psychologiques comme L'École des femmes (1662) ou L'Avare (1668), des comédies-ballets comme Le Bourgeois gentilhomme en 1670 (avec Lully) ou Le malade imaginaire (avec Marc-Antoine Charpentier) en 1673, des pièces plus élaborées approfondissant caractère et étude sociale, en vers comme Le Misanthrope (1665), Tartuffe (1664-1669), Les Femmes savantes (1672), ou en prose comme Dom Juan (1665).
Peintre des mœurs de son temps, surtout de la bourgeoisie dont il dénonce les travers (prétention nobiliaire, place des femmes, mariage d'intérêt...), Molière a créé en même temps des personnages individualisés emblématiques et approfondis dont la liste est longue : Monsieur Jourdain, Harpagon, Alceste et Célimène, Tartuffe et Orgon, Dom Juan et son valet Sganarelle, Argan le malade imaginaire...
Contrairement à la presque totalité des auteurs de comédie de son temps, l'invention dramatique de Molière s'appuie peu sur l'imitation de modèles antiques ou étrangers (italiens et espagnols): après avoir commencé à adapter les Italiens (L'Étourdi, Le Dépit amoureux et Dom Garcie de Navarre) auxquels il reviendra de loin en loin (Le Festin de Pierre en 1665, publié après sa mort sous le nom de Dom Juan, puis Les Fourberies de Scapin en 1671), il se tournera seulement à deux reprises la même année (1668) vers le théâtre latin de Plaute (L'Avare et Amphitryon). Pour le reste, il construit des intrigues originales en combinant divers schémas narratifs puisés ici et là (Le Décaméron de Boccace, les nouvelles de Straparole ou de Scarron, les fabliaux3)… Cette conception originale de la création dramatique (seulement pratiquée jusqu'alors par les comédiens italiens "dell'arte") explique que, dans un mémoire secret destiné à Colbert afin de dresser la première liste de gratifications aux gens de lettres du règne de Louis XIV, le plus influent (avant Boileau) des critiques de son temps, Jean Chapelain, ait pu présenter Molière de la manière suivante: «MOLIÈRE. Il a connu le caractère du comique et l’exécute naturellement. L’invention de ses meilleures pièces est inventée [sic], mais judicieusement. Sa morale est bonne et il n’a qu’à se garder de la scurrilité [bouffonnerie].4». De ce fait, son œuvre écrite sur près de vingt années (1655-1673) se révèle d'une très grande variété et se montre en même temps sous-tendue par une maîtrise efficace du jeu scénique et du texte de théâtre qui révèle l'homme de scène qu'il était avant tout puisqu'il a continué à jouer malgré la maladie jusqu'à son dernier jour survenu à 51 ans, le 17 février 1673.
Molière demeure depuis le xviie siècle le plus joué et le plus lu des auteurs de comédies de la littérature française, chaque époque trouvant en lui des thématiques modernes. Il constitue aussi un des piliers de l'enseignement littéraire en France. Le français est également surnommé « la langue de Molière ».
Sommaire [masquer]
1 Biographie
1.1 La jeunesse de Molière
1.1.1 Sa famille
1.1.2 Ses études
1.2 Des débuts difficiles
1.2.1 L'Illustre Théâtre
1.2.2 Les tournées en province
1.3 Le début de la gloire
1.3.1 Le théâtre du Petit-Bourbon
1.3.2 Le théâtre du Palais-Royal
1.3.3 Le mariage de Molière
1.4 Le temps des scandales
1.4.1 La querelle de L'École des femmes
1.4.2 L’interdiction du Tartuffe
1.4.3 L’étouffement du Dom Juan
1.5 Les dernières œuvres
1.5.1 La maladie de Molière
1.5.2 La troupe
1.5.3 Les dernières saisons théâtrales
1.5.4 Le conflit avec Lully
1.6 La mort de Molière
1.6.1 Les circonstances
1.6.2 L’inhumation
1.7 Épilogue
2 Les pièces de Molière
3 Remise en question de la paternité des œuvres
4 Mise en scène à la télévision et au cinéma
4.1 Au cinéma
4.2 À la télévision
5 Sources
6 Notes et références
7 Voir aussi
7.1 Articles connexes
7.2 Bibliographie
7.3 Liens externes
Biographie
La jeunesse de Molière
Molière est né au coin de la rue Sauval (anciennement des Vieilles-Etuves) et de la rue Saint-Honoré (maison détruite en 1802). Toute la famille habite le quartier des Halles (détail du plan de Turgot, 1739).
Sa famille
Jean Poquelin, que l’on appellera Jean-Baptiste et qui sera Molière, est baptisé le 15 janvier 1622 à Saint-Eustache, dans le quartier des Halles à Paris5.
Il est né dans la maison (1 sur le plan ci-contre6) où son père, Jean Poquelin, marchand tapissier, a installé son fonds de commerce deux ans plus tôt avant d’épouser sa mère Marie Cressé. Son grand-père paternel et son grand-père maternel, tous deux marchands tapissiers, exercent leur métier dans le voisinage, rue de la Lingerie (2 et 3 sur le plan).
Les Poquelin et les Cressé sont des bourgeois riches qui vivent à leur aise dans des demeures confortables et agréablement meublées7. Le grand-père Cressé a une maison de campagne à Saint-Ouen. Un oncle de Molière est musicien et collabore à la musique des ballets de cour8.
En 1631, le père de Molière rachète à son frère cadet un office de « tapissier ordinaire de la maison du roi9».
Le petit Molière aura trois frères et deux sœurs, dont aucun ne lui survivra. À dix ans, il perd sa mère. Son père se remarie avec Catherine Fleurette, dont il a trois filles, mais qui meurt en 1636. En 1637, le père de Molière, qui ne se remarie pas, obtient la survivance de sa charge pour son fils qui a quinze ans.
Ses études
Sur ses études et sa formation littéraire, Molière n’a pas fait de confidence et il n’existe aucun document. Les témoignages sont tardifs, contradictoires et entachés de polémiques :
Dans une courte biographie en tête des Œuvres complètes parues dix ans après sa mort et attribuée à deux fidèles, La Grange et Vivot, on lit qu’il fit ses études secondaires au collège de Clermont (lycée Louis-le-Grand) chez les jésuites, un des meilleurs collèges de Paris, où « sa vivacité d’esprit le distingua de tous les autres ».
Grimarest, le premier à avoir écrit une Vie de Molière en 1705 en consultant sa famille10 et s’appuyant sur les confidences du seul Baron (certes son comédien préféré, mais très mal informé11), raconte12 qu’au collège il avait comme condisciples Bernier et Chapelle, fils naturel d’un riche conseiller au parlement de Metz. Ce dernier avait comme précepteur Gassendi, philosophe sceptique et épicurien, qui aurait admis Molière parce qu’il avait remarqué chez lui des dispositions philosophiques, ainsi que Bernier et Cyrano de Bergerac. Mais toutes ces affirmations sont probablement inventées13, comme une bonne part de cette Vie de Molière, que Boileau avait condamnée sans appel l'année suivant sa publication14. On peut seulement déduire de la lecture de ses pièces que Molière aurait été imprégné de gassendisme (philosophie atomistique mêlant épicurisme et scepticisme) et se serait plus particulièrement intéressé à la doctrine d'Épicure, exprimée sous sa forme la plus poétique, mais aussi la plus radicale, par Lucrèce, qu'il a d'ailleurs traduit (pas moins de six témoignages contemporains font état de cette traduction15) et dont il reprendra quelques vers dans Le Misanthrope16.
À sa sortie du collège, selon un contemporain bien renseigné, Le Boulanger de Chalussay, qui publie en 1670 une comédie satirique contre Molière, « en quarante (en 1640 Molière a dix-huit ans), ou fort peu de temps auparavant,/ Il sortit du collège, âne comme devant ;/ Mais son père ayant su que, moyennant finance,/ Dans Orléans un âne obtenait sa licence,/ Il l’endoctora moyennant sa pécune,/ Et croyant qu’au barreau ce fils ferait fortune,/ Il le fit avocat, ainsi qu’il vous l’a dit17 ». Grimarest est hésitant : « Molière
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