Victor Hugo Les Misérables

turaux, et rappellent à notre mémoire

certains contes célèbres ; ainsi, les parents peu scrupuleux évoquent ceux du Petit poucet. Nous sommes ainsi dans

une logique rassurante puisque l’histoire fonctionne selon des codes que nous maîtrisons bien.

Ensuite, l’univers imaginé par Daudet est celui d’un conte merveilleux. En effet, on y accepte d’entrée ce

personnage inimaginable dans un monde réel : un homme à la cervelle d’or. Le champ lexical de la richesse fait

naître le rêve et l’envie : « riche » (l.88), « cher » (l.90), « argent » (l.95), « fortune » (l.80)… Le mot

« or » est ainsi répété de nombreuses fois. Le champ lexical de l’enfance ajoute encore à ce décor : « petite »

(l.73), « mignonne » (l.76), « pompons » (l.74), « poupée » (l.77)… Même le personnage de la jeune

femme, « moitié oiseau, moitié poupée » (l.76 et 77), évoque les contes célèbres de notre enfance. L’énumération

à la ligne 94, pourtant destinée à décrire un enterrement, relève du merveilleux : « Cloches à toute volée, lourds

carrosses tendus de noir, chevaux empanachés, larmes d’argent dans le velours ». L’évocation fréquente de

textures précieuses (« duvet », « velours », « étoffe », « satin »…) et d’ambiances lumineuses constitue un

argument supplémentaire. La seule limite à cet univers est l’imagination du lecteur.

Sous cet aspect divertissant, le conte de Daudet est pourtant instructif.