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Commémoration

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Par   •  13 Janvier 2016  •  Dissertation  •  1 776 Mots (8 Pages)  •  1 250 Vues

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Introduction

Commémorer c'est une référence au passé, une exhortation à se souvenir, un rappel de la dette à l'égard des morts. Un hommage commun envers eux. Ainsi, le devoir de commémorer est une une obligation qui semble avant tout morale de témoigner d'événements dont la connaissance et la transmission sont jugées nécessaires pour tirer les leçons du passé.

Néanmoins, ces souvenirs ancrés dans notre histoire peuvent se révéler douloureux. A tel point qu'ils  peuvent se transforment en poids dans notre conscience. Si tel est la conséquence des souvenirs, pourquoi s'efforcer de rester en lien avec eux qui nous oppresse ?Par ailleurs, le passé est le passé. A-t-il vraiment quelque chose à nous apporter? Ne devrions-nous pas au contraire plutôt que de rester attachés au passé nous concentrer uniquement sur le présent ?

Cependant si le rejet du passé était la solution, comment  expliquer les actes, monuments commémoratifs soient partout  autrement que par une demande de la nation elle même ? Et de ce fait, si la commémoration est le souhait de la nation cela ne prouve-t-il pas son importance ?  Auquel cas cette importance ne serait-elle pas par ailleurs comprise et menée  par la politique ? Le pouvoir de la commémoration et la coexistence qu'elle est en mesure d'amener ne fait elle pas d'elle  un instrument politique de choix ?

Si la politique est intégrante de la commémoration, ne devrions nous pas nous interroger sur les possibles conséquences que cela engendrerai ? La commémoration en elle-même ne devrait elle pas se voir imposer des limites ?

I

 Le souvenir fait appel à un événement que notre mémoire n'a pas oublié. Celui-ci peut donc être  de nature positive ou négative. La commémoration, nous renvoie face à des événements glorieux mais également tragiques de notre passé. Si nous acceptons, ce devoir de commémorer, nous devrons toujours faire face à un passé qui pourra éventuellement troubler notre paix intérieur.

Nietzche, dans son ouvrage Considérations inactuelles  exprime la thèse que « Tout acte exige l'oubli ».  Cette phrase forte évocatrice, remet donc en cause notre lien direct avec le passé. Les souvenirs mis en ordre par l'histoire  doivent selon l'auteur être coupés car fatalement néfaste pour l'homme. Sa vision de l'histoire la présente comme étant « nuisible au vivant »,un poids commun pesant sur les peuples à tel point qu'elle serait en mesure de les détruire. Alors qu'au contraire l'histoire de chacun ne devrait pas dépendre du passé. C'est à nous d'être créateur de « l'histoire » dans l'intérêt de mener nos projets d'avenir. Ainsi, le passé est définitivement incombé comme étant un poids.

Ce pourquoi la faculté d'oublier est une vertu. En oubliant, nous n'avons plus besoin de se laisser submerger par cet excès de présence du passé qui nous ronge. Et dès lors, l'homme devient en mesure de pouvoir se concentrer sur son avenir. Il est possible de vivre presque sans souvenir et de vivre heureux, comme le démontre l'animal, mais il est impossible de vivre  sans oublier. Le but de l'oublie se fait encore plus précis. Dans l'avenir notre suprême aspiration n'est autre que le bonheur. La possibilité d'oublier et le vecteur pour mener à bien cette quête.

En partant de la thèse Nietzche, il paraît donc évident que le devoir de commémorer tel ou tel événement  devrait être supprimé. Qu'importe si la commémoration en question a pour but de nous rappeler les soldats morts de façon vaillante pour la patrie ou encore nous rappeler au contraire les horreurs qui ont pu être commises par les hommes. L'attachement au passé et les sentiments qui en découlent, qu'ils soient positif comme la nostalgie ou négatif sous la forme d'un traumatisme, amènent sans exception à une paralysie. Le passé opprime, n'apporte pas de réponse et en cela commémoration semble vaine,

Néanmoins, il n'est pas aussi aisé d'oublier qu'il n'y paraît. On ne peut pas se forcer à oublier un événement. La pensée Nietzchienne reste discutable. Nier le souvenir, n'est-ce pas quelque part se nier soi-même ? Après tout, si l' on suivait les recommandations de Nietzche, un homme qui n'aurait plus de mémoire serait-il encore un homme ?  Sans la  mémoire, il n'y a pas d'identité à soi, mais une suite de moments présents isolés, dénués de toute signification.La mémoire est donc le vecteur  entre tous les moments de notre existence.

 Ainsi, n'est-ce pas à partir de la mémoire que nous nous forgeons en tant qu'individu ?  Comment dès lors pouvoir se défaire de l'acte de commémorer ?

II

Penser le passé comme étant paralysant pour l'homme et donc vouloir l'oublier ne semble pas être la solution pour répondre à notre question. La mémoire qui entre pleinement dans la notion de commémoration est essentielle pour l'homme et la nation en générale. Et cela se démontre notamment tout autours de nous constamment. Les monuments de commémorations sont partout que ce soit dans les villes ou petites communes. Le rappel du passé, de ses figures historiques, est en ceci omniprésent.

Les monuments aux morts construit au lendemain de  la Première Guerre mondiale en sont des exemples frappants. On remarque que dans la quasi-totalité des communes françaises à partir des années vingt, les monuments aux morts de la Première Guerre mondiale sont le témoignage matériel manifeste de la reconnaissance de la nation tout entière à l'égard de ceux qui sont morts pour la défendre, et qui, à ce titre, ne doivent pas sombrer dans l′oubli. Ils appartiennent à notre  patrimoine collectif et à notre mémoire collective.

Dans l'oeuvre Les lieux de mémoires,  Pierre Nora nous montre la diversité qu'il existe au sein des  monuments commémoratifs de la Première Guerre mondiale qui sont aux centres d'enjeux.

Chacun est érigé dans un but bien précis. On peut d'ailleurs distinguer plusieurs types de monuments.  Le monuments civiques, le plus répandu. Souvent une stèle nue sans symbole particulier, son message est le  suivant : les citoyens rendent hommages aux citoyens.

Le monument patriotique illustré le plus fréquemment par une statue de poilu ou autre allusion guerrière tend quant à lui à  rappeler la victoire trouvée dans la douleur et le sacrifice. Les monuments « funéraires » Ils traduisent le deuil, la peine endurés par les civils sans référence à la gloire ni connotation religieuse. Les monuments « pacifistes » Ils sont très rares. Ils affirment la haine de la guerre.

La diversité des monuments et leurs significations montre bien de la part du peuple d'une part sa volonté de se souvenir et également de tirer des leçons du passé

Pour autant, il faut bien être conscient d'une chose, les commémorations pour relier la nation ne sont pas choisies au hasard. La volonté de commémorer ne résulte pas uniquement du peuple celle-ci est bien guidée par la politique.  

Les grandes fêtes nationales ne sont par exemple pas décidées sans avoir au préalables été examinées.  Le 14 juillet, tel que nous le décrit Pierre Nora a été consciencieusement choisi pour fêter ce qui marque la Révolution française avec la prise de la Bastille. Néanmoins, les faits sont beaucoup plus compliqués en réalité. Bien d'autres dates auraient pus être choisies. Cependant, le 14 juillet se révélait être la date la plus consensuelle ne froissant ou n'avantageant aucun parti politique du fait qu'elle ne possédait aucun enjeu politique majeur, la Bastille bien qu'emblème de la tyrannie ne l'était déjà plus depuis longtemps.

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