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Faut-il envisager une politique du soin?

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Par   •  29 Mars 2022  •  Dissertation  •  2 432 Mots (10 Pages)  •  424 Vues

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Faut-il envisager une politique du soin ?

Dans son ouvrage Les désert médicaux, Matthieu Frélaut décrit l’impact de ce manque de médecin sur l’accès aux soins de la population. Il constate le manque de médecin généraliste capable d’effectuer les gestes de premier secours en cas d’urgence, obligeant donc cette partie de la population à improviser en cas de problème. Pour illustrer cela il donne l’exemple du département de l’ORNE qui fait face à un manque de médecin traitant témoignant de ces difficultés. Cette fuite des médecins des zones rurales témoigne donc de la nécessité d’instaurer des politiques de soin permettant à le bien-être de la population. Or cette politique de soin doit-elle être privée ou au contraire doit-elle être régie par l’état qui subventionnerait l’arrivée de médecins traitants ?

Si le soin se définit comme l’ensemble des actes pour s’occuper de la santé physique ou morale d’une personne, alors il semble intéressant de s’interroger sur le rôle de la politique, c’est-à-dire de l’État dans le processus du care. En effet, l’État doit-il fournir les soins nécessaires à sa population ou déléguer cela à des organisations privées. Le rôle de l’État n’est-il pas, de s’occuper de ses citoyens, celui-ci étant l’entité à laquelle les citoyens ont délégué la gestion du pays, en tout cas en démocratie. De plus, il semble être important de considérer la manière dont il faut penser notre système de soin. Effectivement, tout le monde profite d’un système de soin, notamment les plus vulnérables, ainsi une politique de soin ne constitue-t-elle pas une unité au sein même de la société ? Ainsi, il s’agit de réfléchir aux alternatives de cette politique de soin étatiques. En effet, les moyens déployés par les états ne sont-ils pas insuffisants, attendant d’être complétés par des organisations diverses ?

Cependant, ces conceptions de politique de soin organisées ou non par l’Etat ne sont pas suffisantes. En effet, il serait intéressant d’examiner le rôle rationnel du personnel de santé confronté à diverses situations l’amenant donc à s’adapter en permanence pour proposer le meilleur traitement. Cependant, ne faut-t-il pas également penser les relations inter soigné-soignant ? Les deux entités humaines, ressentant émotions et sentiments semblent s’influencer mutuellement. Toutefois, il semble intéressant de se poser la question des limites au soin. Ainsi, la politique du soin ne doit-elle pas viser une question éthique et morale de ce qui peut être fait ou non ?

Au-delà de cette conception du soin humain, il faut sûrement s’interroger sur une conception du soin comme souci. En effet, il paraît être d’une importance primordiale éthiquement, de reconnaître la valeur des autres êtres qui semblent être influencé par non actions. C’est faudrait-il pas réfléchir à une politique du soin pour les animaux et l’environnement. Mais cette réflexion ne doit pas seulement être menée dans un intérêt purement humain, mais aussi pour l’intérêt même de notre environnement. Mais alors comment envisager cette nouvelle forme de politique du soin ? Cela semble être au cœur des débats politiques de notre génération, et des générations futures, et il semble important d’agir avant qu’il ne soit trop tard… Mais alors la politique du soin serait non seulement envisageable, mais elle serait même nécessaire, à notre survie et à celle des écosystèmes, mais aussi dans une dimension plus éthique

A l’aune du rapport complexe entre politique et soin, il s’agira dans une première partie d’examiner l’hypothèse selon laquelle même si envisager une politique du soin peut avoir des aspects problématiques, cela reste néanmoins essentiel dans nos sociétés pour le bien des citoyens. Cependant, en plus d’une politique en tant qu’organisation d’un système, n’est-il pas très compliqué d’envisager une société sans règles pour encadrer le soin ? Dans une deuxième partie nous verrons qu’une politique du soin semble essentielle, pour faire des lois et construire une éthique du soin. Mais cette éthique ne se préoccupe que des êtres humains, or ne devrait-elle pas prendre en compte les éléments non humains : les animaux et même l’environnement ? Il sera donc nécessaire de réfléchir à la création d’une politique du soin pour d’autres éléments que les hommes, pour une dimension éthique bien sûr, mais aussi pour permettre aux hommes de mieux vivre

Dans un premier temps, il semble important de réfléchir à la possibilité d’une politique de soin dans une société à tendance capitaliste et libérale. En effet, on oppose souvent le modèle américain, avec une politique très inégalitaire au niveau du soin où seul les plus riches peuvent accéder à des prestations de santé et le modèle japonais par exemple avec l’instauration d’un système d'assurance maladie universelle obligatoire. Ainsi, il semble que concilier politique libérale et intervention de l’État dans la santé soit compliqué, voire impossible, mais est-ce vraiment le cas ? Dans croissance et dépenses de santé, Gérard Cornilleau part du constat selon lequel une population en bonne santé est plus à même d’effectuer un travail de qualité et même la productivité des individus. Même si le système de santé a un coût important dans la comptabilité nationale d’un pays (la sécurité sociale représente 25% du PIB mondial, environ 470 milliards d’euros de prestations sociales), le bien-être d’une population permet une croissance durable ce qui est recherché dans une économie capitaliste. Ainsi, l’idéologie libérale n’est pas forcément en contradiction avec l’idée d’une politique publique de création d’un système de santé, malgré ce que l’on pourrait croire au premier abord.

        Cependant, peut-être que cette nécessité de créer un système de soin va au-delà d’un simple besoin pour la santé de la population, mais qu’il peut même souder la société sur des bases communes. Cette possibilité semble pouvoir s’observer aux États-Unis C’est ce que décrivent Julie A. White et Joan C. Toronto dans leur article Les pratiques politiques du care : les besoins et les droits. Les auteurs font tout d’abord un état des lieux actuels de ce qu’ils appellent le « care », qui englobe l’idée de soin, d’attention, de sollicitude. En effet, ils observent que le soin aujourd’hui est très inégalitaire, surtout aux États-Unis, puisqu’il ne prend pas en compte les besoins des plus vulnérables, c’est-à-dire de ceux qui en ont réellement besoin (54 millions d’américains ne possèdent aucune couverture sociale en 2019). Cela amène certaines personnes à se sentir à l’écart de la société. Le système de santé semble être une nécessité au niveau politique pour avoir une bonne cohésion sociale.

        Toutefois, des alternatives peuvent être développées au système de soin étatique afin d’en réduire les coûts et donc le manque d’accès à ces soins de la part des minorités. En effet des politiques de sensibilisation et de prévention sont mises en œuvre afin de développer une autonomie face à la maladie chez le patient.  Dans son ouvrage Le système de santé des États-Unis, Galvis-Narinos et Montélimard donnent l’exemple du managed care, c’est un système qui vise à apporter aux patients les réflexes préventifs qui leur permettront d’être autonomes dans la prise en charge de leur maladie par un accompagnement de professionnels de santé. Des politiques comme celles-ci-ont données l’émergence de l’expression suivante : « Mieux vaut prévenir que guérir », comme ce fut le cas durant l’épidémie Covid où la prévention fut omniprésente. Mais aussi, des associations peuvent mettre en place des politiques de soin permettant d’aider ceux qui sont dans le besoin comme Action contre la faim qui organise des évènements contre la malnutrition. Ainsi les politiques limitées étatiques de soin semblent être compensées par des organisations ou même des politiques de prévention qui permettent d’envisager un état avec un système de soin limité

Ainsi, on a vu qu’une politique de soin pouvait s’appliquer dans une économie libérale. Mais faut-il seulement créer une politique de soin ? La régulation de cette politique assurée par l’état ne permet-elle pas d’éviter les comportements dangereux du progrès dans la santé ? Nous verrons donc que pour répondre à la question éthique du soin nous ne pouvons pas nous passer d’une politique du care basée sur le soignant.

        Tout d’abord, le soignant semble avoir un devoir moral qui est de traiter chaque cas comme différent avec ses spécificités, il doit donc mettre en place une égalité géométrique entre les patients. En effet, le médecin doit définir ce qui est préférable afin de soigner le soigné. C’est ce qu’illustre Georges-Tarragano et d’autres spécialistes de la santé dans le livre, Surcharge et engorgement des urgences : la réponse durable du modèle des Pass, ils décrivent le manque de moyens des urgences, amenant à l’impossibilité de traiter toutes les demandes de soin les contraignant donc à classer les différents cas en fonction de leur urgence. De plus lors, de l’épidémie Covid 19, les doses de vaccins étaient accessibles prioritairement aux personnes âgées et à risque. On voit donc que les politiques appliquées du soin mettent en place une politique du care. Le soignant choisit donc comment utiliser les ressources qui sont à sa disposition afin de contrer l’efficience de ces dernières et de les attribuer à ceux qui en ont vraiment besoin.

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